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31 mars 2018 6 31 /03 /mars /2018 08:00
bateau lpcCommentaire sur « Pourquoi Jésus a-t-il été mis à mort » de Fred C.Plumer
Xavier Berton

Envoyé par m. Xavier Berton (xavier.berton@wanadoo.fr)

J’ai aimé l’article de Fred C. Plumer à la fois pour nous dire que Jésus n’est pas mort pour nos péchés et aussi qu’il n’est pas un martyr intentionnel, mais je propose au-delà de la recherche de « raisons historiques circonstanciées», une réflexion directement issue des travaux de René Girard.

Je n’ai pas lu l’article évoqué où Fred C. Plumer explique pourquoi Jésus n’est pas mort pour nos péchés, mais depuis toujours j’ai été mal à l’aise face à cette affirmation culpabilisante sur le rachat. Je pense bien que c’est une déviance profonde qui n’a pas facilité « l’épanouissement » des chrétiens a minima. De même je n’envisage pas facilement l’hypothèse pourtant bien répandue du « martyr intentionnel ». Elle est très anthropomorphique et sans nuance, en présentant Dieu qui envoie son fils sur terre avec la certitude de le sacrifier pour racheter..., une vision pire que celle d’Abraham et Isaac. Souvent par le passé je me disais que Jésus était venu sur terre pour expliquer aux hommes qu’il leur fallait construire leur vie sur l’amour (et en relation avec l’Amour) et donc rejeter la violence. Malheureusement cette tentative a échoué et les hommes n’ont pas trouvé d’autre moyen que la violence pour se débarrasser de cet empêcheur de tourner en rond. Ainsi la crucifixion n’était inscrite mais était le fait de la non acceptation du message. Je me précisais dans ma tête que cette tentative, toujours répétée aux cours des siècles, échouait encore maintenant, mais que quotidiennement des exemples autour de moi me montraient la force, la puissance de l’amour… Et puis la lecture des livres de R Girard m’a donné des fondements plus argumentés à mon intuition, à ma réflexion. En mettant en évidence que le fondement de tous nos échanges et de nos règles de vie en société plus ou moins bien acceptées était une violence initiale à la fois responsable et fondatrice, une violence mieux encadrée, maîtrisée, « civilisée » par ces règles de nos jours, mais toujours présente. Il confronte cette hypothèse avec les mythes fondateurs de sociétés les plus diverses, ça marche. Puis il le fait avec la Bible, et là problèmes récurrents avec l’annonce et la venue d’un envoyé-sauveur, Jésus. Girard montre que Jésus, dans la suite des annonces des prophètes, essaye de faire comprendre ce mécanisme de la violence qui est présente dans toutes les relations et invite à construire sa vie sur l’amour (cf. Je vous révélerais « les choses cachés depuis la fondation du monde »). Il est rejeté comme dans mon intuition, mais la seule façon pour lui de mettre en lumière de manière radicale ce mécanisme de violence et montrer ainsi que l’amour est in fine plus fort, c’est de nous laisser, historiquement le peuple juif et les romains, mais nous au quotidien, aller au bout de notre seule réaction humaine naturelle, la violence, la mise à mort de l’empêcheur qu’il est.

On ne peut pas en conclure qu’il meure « à cause » de nos péchés, « par rachat », ce serait simpliste, et bêtement et stérilement culpabilisant, mais il y a un lien… De même il n’est pas « martyr intentionnel », mais allant au bout de notre logique et de nos armes, c’est une manière de s’offrir. D’ailleurs je n’ai jamais pensé que les martyrs, tel le Père Kolbe, avaient l’intention d’être mis à mort, mais ce dernier, comme ce gendarme qui vient de s’échanger contre une otage, a tout de même fait un acte volontaire à un moment, échange qui a entraîné sa mort. Par ce geste, il a montré sans le rechercher que l’amour par le don de soi était plus fort que la violence. Le seul fait de citer ces actes aujourd’hui est bien la preuve que l’amour est plus fort que la mort, la violence, et que le témoignage (involontaire) porte du fruit. Pour Jésus, ce me semble être la même chose avec en plus la résurrection, mais c’est une autre histoire même si c’est la suite… Ce message d’un Dieu qui nous aime et nous propose l’amour, est en soi suffisamment nouveau, « révolutionnaire » pour ne pas le maquiller de nos visions anthropomorphiques.

Xavier Berton

Published by Libre pensée chrétienne - dans Jésus Résurrection Lecture symbolique biblique