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1 octobre 2010 5 01 /10 /octobre /2010 10:24
Editorial
Herman Van den Meersschaut
LPC n° 11 / 2010

Le souvenir dominant de cet été sera malheureusement le brusque départ, le 17 juillet dernier, d'Isidore Cordemans, notre dévoué trésorier. Nous avons eu l'occasion de lui rendre hommage lors de l'émouvante célébration de passage, en l'église du Christ-Roi à Laeken et nous sommes heureux de prolonger cet hommage dans le présent bulletin. Pendant ces années où nous avons cheminé ensemble sur nos sentiers de liberté, nous avons eu maintes fois l'occasion de libérer l'Evangile de sa gangue séculaire, afin de pouvoir goûter sa saveur première et de la laisser imprégner le quotidien de nos vies. C'est cette quête qu'avec la Libre pensée chrétienne nous menons depuis bientôt vingt ans.

Pour illustrer mon propos, permettez-moi cette parabole :

Un homme allait de Nicée à Nazareth. Il avait faim et ne trouvait rien à manger. Entrant dans le village, il s'arrêta devant une maison et vit un gros oignon sec posé sur le rebord d'une fenêtre ; ses vieilles peaux dorées mais desséchées se fissuraient et craquaient de toutes parts.

A ce moment, un homme sortit de la maison, s'approcha et lui dit : Que cherches-tu ?

- J'ai faim ! répondit le voyageur.

- Veux-tu mon oignon ?

- Ah non ! Il est immangeable !

- Viens, suis-moi, dit alors l'homme de Nazareth, je t'invite.

Ils entrèrent dans la maison et se mirent à table.

Regarde, dit l'homme, en froissant l'oignon entre ses mains, il ne faut pas se laisser impressionner par toutes ses pelures superposées ; tu vois, elles tombent toutes seules, elles ont fait leurs temps et deviennent immangeables, comme tu dis.

Ensemble ils se mirent alors à peler patiemment l'oignon, le débarrassant de tout ce qui cachait la chair blanche de ses origines.

Tu sens ? dit l'homme, tu sens le parfum qui s'exhale de son coeur ? C'est là qu'est son énergie, sa force de vie. Si tu ne t'en détournes pas, il ne peut que te surprendre… parfois jusqu'aux larmes !

Alors l'hôte se leva, ranima le feu et y posa un poêlon. Puis avec son couteau, se mit à "émincer" l'oignon et le fit "revenir" dans le poêlon avec de l'huile d'olive.

Se tournant alors vers son invité, il lui demanda : - Et toi, qu'apportes-tu dans ta besace ?

- Moi ? … Euh ! Rien, répondit l'autre. Je n'ai rien.

- Mais si, mais si, répliqua l'homme, cherche bien dans le fond de ton sac.

Plongeant sans conviction la main dans sa besace, il en sortit un beau morceau de pain tout frais.

Mais ? … Mais… je ne me savais pas si riche, bredouilla-t-il.

Tout étonné de ce qu'il venait de découvrir, il l'offrit aussitôt à son hôte qui le trempa dans la poêlée où l'oignon mêlé d'huile imprégna lentement le pain.

Prenant alors le pain dans ses mains, il le rompit et le partagea avec cet inconnu devenu son compagnon.

Après le repas, il lui dit : Va ! Continue ta quête, partage-la avec d'autres, rejoins-les tels qu'ils sont, là où ils sont ; mais… ne retourne pas à Nicée, le passé ne reviendra plus.

Le Christianisme institutionnel, tel qu'il est perçu aujourd'hui en Occident, est en effet comme ce vieil oignon desséché. Et pourtant nous savons que la Bonne Nouvelle, son coeur, est toujours là, bien vivant, caché sous des oripeaux d'un autre âge. Ce qui me paraît urgent, c'est de « l'émincer » et de le faire « revenir dans la poêle de notre 21ème siècle ». C'est-à-dire de lui faire rejoindre notre société post-moderne en recherchant de nouvelles formulations culturellement compréhensibles ; en prenant en compte tous les apports des exégètes, des philosophes et des scientifiques, particulièrement les biologistes, les psychologues et les neuropsychiatres ; car leurs découvertes permettent de mieux comprendre d'où nous venons et qui nous sommes.

Herman Van den Meersschaut

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