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1 octobre 2012 1 01 /10 /octobre /2012 12:53
Editorial
Herman Van den Meersschaut
LPC n° 19 / 2012

Pour tous ceux qui ont préféré le désert de l'exil à l'air confiné des citadelles de certitudes, l'aventure spirituelle qu'ils entreprennent trouve souvent son origine dans un insidieux soupçon par rapport aux croyances que leur imposait leur tradition religieuse.

Du soupçon au doute, il n'y a qu'un pas. C'est cet heureux doute qui leur a ouvert le chemin de la liberté et leur a permis de commencer « leur » propre histoire dans la foi et d'enfin naître à eux-mêmes.

Qui prend des libertés, prend des distances, s'éloigne et finit par …quitter.

Quitter… « Quitte ! » …Mot éminemment biblique (Gen.12, 1) auquel Chouraqui préfère « : Va pour toi… »

En français, quitter, dérivé du latin « quietus », tranquille, désignait à l'origine l'action de: « libérer quelqu'un d'une obligation financière ou morale, le tenir quitte de… »

Il s'agit donc, non d'une rupture, mais de la fin d'un contentieux, sortant deux personnes d'un rapport entre dominant et dominé, par lequel l'obligé retrouve toute sa liberté, son autonomie, soulagé et… tranquille. Dorénavant, libre de toute obligation, enfin « il va pour lui ».

Pourquoi ces précisions ?

Parce que « quitter », dans ce sens-là, est bien le mot, la démarche qui relie tous les auteurs des articles et des témoignages que nous vous proposons dans ce numéro.

En effet, tous ont évidemment dû quitter la foi magique de leur enfance, les certitudes simplifiantes du petit catéchisme et, pour certains, les savantes démonstrations des traités dogmatiques du séminaire.

Jésus lui-même n'a pas hésité à se dégager de son atavisme religieux, à quitter le ritualisme dominant et à tracer son chemin personnel.

Jacques Musset, lui, après avoir jeté par-dessus bord les doctrines devenues imbuvables, a retrouvé sa liberté de parole, en quittant le monde d'obligations où le maintenait sa fonction dans l'Eglise. Après un sérieux élagage, il s'est alors attelé courageusement, dans un livre incontournable, à réinterpréter l'héritage chrétien pour l'homme contemporain.

Quitter le bouddhisme pour le catholicisme est souvent considéré comme une rupture culturelle radicale. Claire Ly, cambodgienne vivant en France, voit cela plutôt comme la recherche d'une identité ouverte qu'elle essaie de vivre, non sans quelques difficultés, dans un dialogue respectueux entre la bouddhiste et la chrétienne qui cohabitent en elle.

La spiritualité ouvre, libère, cherche ; les religions, trop souvent, enferment.

Comment faire comprendre à ceux qui se contentent de la foi du charbonnier que c'est un vrai bonheur de quitter… pour naître ?

Herman Van den Meersschaut

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