Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
1 janvier 2010 5 01 /01 /janvier /2010 20:45
Editorial
Herman Van den Meersschaut
LPC n° 8 / 2009

Connaissez-vous le jeu du Jenga ?

Celui-ci se compose de bâtonnets que l'on empile, en les croisant, afin de former une petite tour. Les joueurs doivent, tour à tour, retirer - sans faire crouler l'édifice - une pièce de la base et la placer par-dessus. Il s'agit de maintenir le plus longtemps possible la construction en équilibre alors que sa base est de plus en plus sérieusement fragilisée. Pendant un bon moment, l'on parvient cependant à retirer des éléments sans hypothéquer l'équilibre de l'ensemble. Mais vient alors une phase critique où cet équilibre devient de plus en plus précaire et où un dernier retrait provoque l'écroulement.

Au fond, certaines constructions doctrinales savamment élaborées, parfois bétonnées dans des dogmes, ont évolué selon la même logique implacable que celle du jeu du Jenga.

Dès le début du Christianisme, alors que des doctrines sur la personne et le rôle de Jésus se constituaient, des « joueurs » tentèrent déjà de retirer certaines pièces de la base sur laquelle reposaient ces constructions théologiques. Les tenants du pouvoir leur ont rapidement tapé sur les doigts, les ont mis hors-jeu et les ont chassés en les traitant d'hérétiques.

Plus tard, lorsqu'au sein même de l'institution, des hommes de science, à la lumière de leurs découvertes et sans mauvaises intentions, ébranleront eux aussi les bases de l'édifice, on les jugera et on les condamnera même au bûcher.

Pendant des siècles on va ainsi accommoder certaines formulations sans jamais remettre en question le bien-fondé de la construction elle-même, alors qu'elle est basée sur une interprétation théologique et mythique de l'univers complètement dépassée.

Mais c'est à coup sûr Darwin qui retirera la dernière pièce avec sa théorie de l'évolution.

La doctrine du péché originel et de la rédemption ne pourront y survivre.

On peut comprendre que l'Eglise n'ait jamais aimé « jouer au Jenga ». Et pourtant, à ce jeu, il n'y a pas de gagnant ni de perdant, puisqu'on se met aussitôt à reconstruire.

En remettant radicalement en question les dogmes qu'elle a affirmés pendant des siècles, l'Eglise ne risquerait-t-elle pas de perdre toute crédibilité ? Ce n'est pas si sûr ! Peut-être qu'au contraire, elle pourrait la regagner en repensant de fond en comble sa théologie. Mais est-ce concevable ?

Notre intention n'est pas de jouer aux démolisseurs, mais nous sommes « de ceux qui ressentent l'impérieux besoin de pouvoir mettre en concordance ce qu'ils sentent, ce qu'ils croient avec ce qu'ils savent ».

Nous vous proposons donc, après un regard sur les origines très anciennes de ces dogmes, de tenter de formuler une autre vision, plus positive de notre humanité en devenir, soit une autre conception de notre salut et de celui de notre monde, plus proche de l'esprit de l'Evangile.

Avant d'être la réparation d'un mal commis par une humanité déchue, le salut ne serait-il pas plutôt la construction d'un bien, d'un bien commun ? Ce que Jésus appelle le Royaume de Dieu.

C'est à cette construction que toute l'équipe de LPC vous convie au seuil de cette nouvelle année. Que 2010 soit constellée de découvertes et de redécouvertes, de rencontres et d'échanges, et qu'ainsi nourri de ces expériences réciproques, chacune et chacun puisse tracer en toute liberté son chemin de foi personnel.

Que vienne le temps des nouvellles cathédrales, non plus de pierres,
mais de l'intériorité profonde des êtres,
bâties avec la force des sentiments de paix et de fraternité.

Jean-Pierre Séha

Herman Van den Meersschaut

commentaires