Overblog
Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
1 avril 2011 5 01 /04 /avril /2011 10:50
Editorial
Herman Van den Meersschaut
LPC n° 13 / 2011

1991 – 2011.

Voilà vingt ans que, battant pavillon LPC, le petit voilier conçu par André Verheyen, a appareillé !

Vingt ans qu'il cingle toutes voiles dehors au large des routes balisées sur l'océan de la libre pensée.

Nous voulons aujourd'hui dire toute notre joie de faire partie de l'équipage et de continuer cette passionnante aventure avec les compagnons qui nous ont rejoints en 2008, après le décès d'André Verheyen et d'André Hannaert.

LPC fut pour nous et pour beaucoup d'entre vous, sans doute, une bouffée d'air frais venue du large qui, bousculant nos antiques croyances, nous poussa à oser la liberté d'une parole personnelle, à devenir ainsi adulte dans la foi et à tracer notre propre chemin spirituel dans le sillage de Jésus de Nazareth.

C'est dans ce grand courant d'air que nous continuerons à naviguer ensemble en toute liberté.

Si l'on veut « promouvoir le renouveau du message chrétien, dans la rigueur intellectuelle et l'ouverture à la modernité » comme le propose notre charte, il est indispensable de remettre en question des affirmations et des certitudes que l'on considérait souvent comme éternelles, immuables, voire sacrées. Parfois, ces remises en question sont ressenties comme destructrices, contraires à la foi, pour ne pas dire hérétiques, par un grand nombre de personnes restées attachées à la foi officielle de l’Église. On peut les comprendre, car souvent la liberté fait peur, et malheureusement la peur paralyse.

Trois démarches s'imposent, nous semble-t-il, pour éviter la léthargie spirituelle.

La première : surmonter sa peur et oser penser par soi-même, « la liberté de pensée est une condition essentielle à la démarche de foi ».

La deuxième : la rigueur intellectuelle la plus élémentaire nous oblige à intégrer, dans notre perception de l'homme et de l'univers, tous les acquis des sciences et des technologies contemporaines. Ainsi, les sciences humaines ont-elles beaucoup de choses à nous apprendre sur l'homme, ses angoisses, ses désirs, ses phantasmes, ses croyances et les dieux qu'il s'est inventés.

La troisième : une approche critique du contenu de la foi est indispensable. Cela saute aux yeux qu'au fil des siècles, ce qu'on appelle la tradition chrétienne s'est complètement écartée de l'intuition originelle de Jésus, telle que les Évangiles en ont, semble-t-il, gardé la trace.

L'intention de ces remises en question est donc d'entreprendre une nouvelle approche de ce que Jésus a personnellement vécu et de l'interprétation que les théologiens en ont faite plus tard. Cette redécouverte du message de Jésus, des biblistes, archéologues, historiens, linguistes, exégètes d'hier et d'aujourd'hui, l'ont rendue possible grâce à un travail scientifique rigoureux.

S'il est un sujet délicat entre tous, car considéré par le magistère comme le centre de la foi chrétienne, c'est bien celui de la résurrection de Jésus - et par conséquent de la nôtre - et d'une éventuelle vie après la mort. Plusieurs pages y sont consacrées dans ce numéro, et particulièrement un dossier inédit de Jacques Musset qui nous en propose, par une approche sereine et sans préjugé, une interprétation bien plus mobilisante.

Certes, le cheminement vers une pensée libre et cependant chrétienne n'est pas facile, surtout si l'on continue à fréquenter des lieux de cultes traditionnels. Car, si l'on veut rester vrai, on se retrouve très vite en porte-à-faux avec la pensée dominante de ces communautés. Il est donc indispensable de ne pas s'isoler et de conforter sa démarche personnelle par la rencontre d'autres chrétiens en recherche. C'est à cela que nous vous invitons cordialement le 28 mai, lors de notre journée anniversaire.

En attendant, pourquoi ne pas susciter, dès maintenant, un groupe de libre parole dans votre entourage ?

Herman Van den Meersschaut

1 janvier 2011 6 01 /01 /janvier /2011 11:36
Editorial
Herman Van den Meersschaut
LPC n° 12 / 2010

Drôle d'année que 2010 ! Drôle de Belgique !

Depuis le mois de juin, nos élus politiques tentent péniblement de nous concocter une nouvelle Belgique en se disputant sur la question de savoir si l'on va rouler du même côté de la route au nord et au sud. Certains proposent l'extrême droite, d'autres la gauche ou le centre.

Notre Cardinal, lui, a choisi. Ignorant superbement les accidents qu'il provoque, André Léonard roule résolument à contresens sur l'autoroute pastorale en pensant que tous les autres se trompent ! Sourd aux appels de son GPS qui l'invite à faire demi-tour dès que possible, notre conducteur fantôme n'a confiance qu'en lui-même.

Rien d'étonnant que tout cela : ne sommes nous pas dans le pays du surréalisme ?

Il n'empêche que la courageuse démission du porte-parole de l'épiscopat, les critiques, les accusations d'incompétence et les demandes de démission lancées à l'encontre du cardinal par des prêtres et des évêques, c'est du "jamais vu". Une telle volée de bois vert contre un haut responsable de l'Eglise est un évènement dont nous ne pouvons pas encore bien mesurer toutes les conséquences.

Assisterions-nous au réveil des catholiques de Belgique ? On peut rêver, non ?

Et si des chrétiens de plus en plus nombreux se mettaient vraiment à penser par eux-mêmes et à prendre eux-mêmes leur vie spirituelle en main ? Qui sait ? Peut-être !

De toute façon « le changement est inévitable », nous dit Edouard Mairlot, dans une étude fouillée sur l'émergence et l'épanouissement irréversible « de la pensée et de la parole personnelles », face au pouvoir civil et religieux dans la société occidentale.

Bernard Feillet insiste, lui aussi, sur le fait qu'il ne s'agit donc plus, comme le font les religions, de partir de Dieu pour expliquer l'homme, mais, pour l'individu, à partir de son propre vécu, de se poser la question du divin dans son humanité. Cette inversion de perspective l'amène à développer une spiritualité personnelle et à remettre évidemment en question bien des croyances et des dogmes comme l'incarnation, la rédemption ou la divinité de Jésus.

Comme nous l'avons annoncé, Bernard Feillet sera notre hôte, lors du vingtième anniversaire de LPC le 28 mai 2011. Afin de nous préparer le mieux possible à cette rencontre, nous vous conseillons vivement la lecture de son livre « L'étincelle du divin » qui enrichira nos débats autour du thème « religion ou spiritualité ? ».

Pour ceux qui n'auraient pas l'occasion de se le procurer, Alain Dupuis nous en a fait un excellent résumé que nous vous proposons de méditer individuellement ou en groupe tout au long de ces soirées d'hiver. N'hésitez surtout pas à nous transmettre les fruits de votre réflexion.

Ainsi une année s'en va, une année s'en vient.

Que 2011 vous permette de vivre quelques joies intenses : d'abord avec les êtres qui vous sont chers; ensuite, la joie de redécouvrir, à l'occasion d'une lecture ou d'une rencontre, cette nouvelle fidélité à Jésus qui, loin d'être affaiblie par les découvertes les plus audacieuses de l'exégèse et de la réflexion libre, en sort plus lucide, plus fondée et plus sereine.

Herman Van den Meersschaut

1 octobre 2010 5 01 /10 /octobre /2010 10:24
Editorial
Herman Van den Meersschaut
LPC n° 11 / 2010

Le souvenir dominant de cet été sera malheureusement le brusque départ, le 17 juillet dernier, d'Isidore Cordemans, notre dévoué trésorier. Nous avons eu l'occasion de lui rendre hommage lors de l'émouvante célébration de passage, en l'église du Christ-Roi à Laeken et nous sommes heureux de prolonger cet hommage dans le présent bulletin. Pendant ces années où nous avons cheminé ensemble sur nos sentiers de liberté, nous avons eu maintes fois l'occasion de libérer l'Evangile de sa gangue séculaire, afin de pouvoir goûter sa saveur première et de la laisser imprégner le quotidien de nos vies. C'est cette quête qu'avec la Libre pensée chrétienne nous menons depuis bientôt vingt ans.

Pour illustrer mon propos, permettez-moi cette parabole :

Un homme allait de Nicée à Nazareth. Il avait faim et ne trouvait rien à manger. Entrant dans le village, il s'arrêta devant une maison et vit un gros oignon sec posé sur le rebord d'une fenêtre ; ses vieilles peaux dorées mais desséchées se fissuraient et craquaient de toutes parts.

A ce moment, un homme sortit de la maison, s'approcha et lui dit : Que cherches-tu ?

- J'ai faim ! répondit le voyageur.

- Veux-tu mon oignon ?

- Ah non ! Il est immangeable !

- Viens, suis-moi, dit alors l'homme de Nazareth, je t'invite.

Ils entrèrent dans la maison et se mirent à table.

Regarde, dit l'homme, en froissant l'oignon entre ses mains, il ne faut pas se laisser impressionner par toutes ses pelures superposées ; tu vois, elles tombent toutes seules, elles ont fait leurs temps et deviennent immangeables, comme tu dis.

Ensemble ils se mirent alors à peler patiemment l'oignon, le débarrassant de tout ce qui cachait la chair blanche de ses origines.

Tu sens ? dit l'homme, tu sens le parfum qui s'exhale de son coeur ? C'est là qu'est son énergie, sa force de vie. Si tu ne t'en détournes pas, il ne peut que te surprendre… parfois jusqu'aux larmes !

Alors l'hôte se leva, ranima le feu et y posa un poêlon. Puis avec son couteau, se mit à "émincer" l'oignon et le fit "revenir" dans le poêlon avec de l'huile d'olive.

Se tournant alors vers son invité, il lui demanda : - Et toi, qu'apportes-tu dans ta besace ?

- Moi ? … Euh ! Rien, répondit l'autre. Je n'ai rien.

- Mais si, mais si, répliqua l'homme, cherche bien dans le fond de ton sac.

Plongeant sans conviction la main dans sa besace, il en sortit un beau morceau de pain tout frais.

Mais ? … Mais… je ne me savais pas si riche, bredouilla-t-il.

Tout étonné de ce qu'il venait de découvrir, il l'offrit aussitôt à son hôte qui le trempa dans la poêlée où l'oignon mêlé d'huile imprégna lentement le pain.

Prenant alors le pain dans ses mains, il le rompit et le partagea avec cet inconnu devenu son compagnon.

Après le repas, il lui dit : Va ! Continue ta quête, partage-la avec d'autres, rejoins-les tels qu'ils sont, là où ils sont ; mais… ne retourne pas à Nicée, le passé ne reviendra plus.

Le Christianisme institutionnel, tel qu'il est perçu aujourd'hui en Occident, est en effet comme ce vieil oignon desséché. Et pourtant nous savons que la Bonne Nouvelle, son coeur, est toujours là, bien vivant, caché sous des oripeaux d'un autre âge. Ce qui me paraît urgent, c'est de « l'émincer » et de le faire « revenir dans la poêle de notre 21ème siècle ». C'est-à-dire de lui faire rejoindre notre société post-moderne en recherchant de nouvelles formulations culturellement compréhensibles ; en prenant en compte tous les apports des exégètes, des philosophes et des scientifiques, particulièrement les biologistes, les psychologues et les neuropsychiatres ; car leurs découvertes permettent de mieux comprendre d'où nous venons et qui nous sommes.

Herman Van den Meersschaut

1 juillet 2010 4 01 /07 /juillet /2010 10:01
Editorial
Herman Van den Meersschaut
LPC n° 10 / 2010

Dieu est, dit le croyant.

Dieu est ? Je ne sais s'il est, je ne peux rien en dire ! dit l'agnostique.

Dieu n'est pas, dit l'athée.

Mais de quel dieu parlez-vous ? Le mot prête à confusion.

Ne serait-il pas utile de préciser quelque peu ?

Que mettez-vous dans ce mot ?

Dans le sens habituel, croire en Dieu veut dire : être convaincu de l'existence d'un Etre suprême, bon, juste et tout-puissant, séparé, distinct de ce qu'il a créé, à qui on adresse des prières, qui intervient dans l'histoire selon son bon vouloir et chez qui on retourne après la mort.

Dieu ne peut-il vraiment être que cela ?

Cette croyance est sans doute encore largement majoritaire dans les trois monothéismes.

Sont considérés comme "théistes" ceux qui croient en l'existence d'un tel Etre ; "athées" ceux qui nient son existence.

Dans l'équivoque où le mot Dieu est tombé, dit Maurice Bellet, croire en Dieu, ne pas croire en Dieu, ce n'est plus la question. (1)

En effet, ce sont les "images de Dieu", que nous nous sommes forgées en les pensant immuables, qui ne sont plus acceptables aujourd'hui et qui sont à remettre sérieusement en question. Et si les athées avaient raison, si ce Dieu là n'était qu'une idole qui nous rend la foi difficile sinon impossible ?

Notre perception du divin reste essentiellement imprégnée par l'expérience vécue, il y a plus de deux mille ans, par les auteurs de la Bible qui nous l'ont transmise à travers des écrits datés, passés, dépassés, fruits d'époques à jamais révolues. Or, nous vivons aujourd'hui dans un monde qui a une conception de l'univers, de l'homme et de la société totalement différente.

Nous ne pouvons rien comprendre à ces récits anciens, si nous ne trouvons pas l'équivalent contemporain dans notre propre vécu. Nous avons donc chacun à vivre nous-mêmes cette expérience de l'indicible et à essayer de la traduire le moins maladroitement possible en mots d'aujourd'hui.

C'est une invitation à faire personnellement notre "Exode" en quittant le pays de servitudes où nous sommes prisonniers de dogmes archaïques, pour marcher vers nous-mêmes et libérer ainsi une parole de vie personnelle qui serait en phase avec notre société.

Jésus ne nous y invite-t-il pas lorsqu'il dit : « Le Royaume de Dieu est au-dedans de vous » comme un trésor caché dans un champ ?

Le seul Dieu que nous puissions supporter désormais, dit encore M.Bellet, ce n'est pas le Dieu des hauteurs, c'est le Dieu qui est avec nous dans les ténèbres.

Si Dieu est, il est en l'homme ce point de lumière que rien n'a puissance de détruire.

Dieu est Amour, dit le croyant.

Le ciel est vide, dit l'athée, reste l'amour. (2)

L'amour… et le respect, c'est ce qui a sans doute manqué le plus dans les affaires de pédophilie qui posent actuellement de gros problèmes à l'Eglise Catholique. Rome a toujours eu des difficultés avec la sexualité qu'elle a carrément niée en imposant le célibat aux prêtres.

Ce qui est grave, c'est qu'une institution, qui est sensée montrer l'Amour du Dieu de Jésus aux hommes, est capable, à cause d'un système pédagogique pervers, de saccager la vie de centaines d'hommes et de femmes et produire de telles dérives. Cela, nous ne pouvions pas le passer sous silence.

Herman Van den Meersschaut

(1) Extrait d'une interview du quotidien suisse "Le temps" - Déc.2009 (retour)
(2) André Comte Sponville (retour)
1 avril 2010 4 01 /04 /avril /2010 09:40
Editorial
Herman Van den Meersschaut
LPC n° 9 / 2010

Non, non, nous ne commenterons pas longuement la nomination d'André Léonard !

Cet événement qui, en janvier, a secoué le landernau médiatique belge, ne fait que confirmer qu'il n'y a aucun changement à espérer dans la politique de « restauration doctrinaire » du Vatican. Benoît XVI continue consciencieusement ce que son prédécesseur avait commencé en contrôlant toutes les nominations importantes afin de remettre au pas les troupes épiscopales récalcitrantes. En quoi cela nous concerne-t-il encore vraiment ?

Ce qui est par contre fort regrettable, c'est que la presse télévisée, toujours à l'affût d'un scoop, adore utiliser ce genre de personnage contestable dans ses reportages et ses débats ; ce qui risque, par un impact négatif et d'inévitables amalgames, de jeter le discrédit sur le message même de Jésus de Nazareth.

Dans les sondages que réalisent les médias sur la pratique religieuse, un des critères retenus est la participation aux sacrements et particulièrement à la messe dominicale. Tout en sachant que vivre l'Evangile ne se résume pas qu'à cela, la messe du dimanche reste pour la plupart des chrétiens un repère important de leur démarche religieuse.

Il est vrai que pour l'Eglise, la messe est et reste le sacrement essentiel et indispensable pour le salut, autour duquel doit s'articuler toute la vie des fidèles. « L'eucharistie est source et sommet de toute la vie chrétienne » dit le Catéchisme de l'Eglise Catholique (n° 1324).

Or, pour beaucoup, la messe dominicale est le seul moment de rencontre avec la source de leur foi. La qualité de cette rencontre devrait donc être optimale, ce qui, malheureusement, n'est pas souvent le cas, le sommet se réduisant parfois à une morne plaine. Rien d'étonnant alors qu'avec un langage et une liturgie devenus incompréhensibles à l'homme d'aujourd'hui, il y ait tant de désertions comme nous le montrent ces sondages !

Désertion pour certains, mais aussi libération pour d'autres. Pour ceux-là, la rupture peut déboucher sur un exil parfois douloureux et souvent une errance qui peut être salutaire si elle est partagée avec d'autres errants et mène à un approfondissement de leur foi et à une redécouverte inattendue de l'Evangile. N'est-ce pas ainsi qu'un grand nombre de chrétiens ont quitté leur église sur la pointe des pieds et vivent en d'autres lieux, avec d'autres chrétiens en recherche, des expériences spirituelles plus nourrissantes ?

Dans ce numéro, en compagnie de nos amis du protestantisme libéral, nous proposons un coup d'oeil dans le rétroviseur pour mieux cerner les questionnements de la Réforme à propos de la Cène, mais aussi sa genèse dans l'Eglise des origines, son évolution, la place qu'elle a eue dans le catholicisme et surtout la signification qu'elle pourrait avoir aujourd'hui.

La foi se révèle comme un dynamisme de vie qui oriente l'existence, mais elle n'exige pas l'adoption de données cultuelles complètement dépassées.

Comme le disait Pierre de Locht (1), nous nous trouvons actuellement devant deux compréhensions très différentes de l'eucharistie.

Ou bien elle constitue le coeur même de la vie chrétienne, le lieu où se réalise l'essentiel du mystère chrétien.

Ou bien elle exprime et célèbre liturgiquement ce qui se réalise avant tout dans le quotidien de l'existence.

Est-ce la vie qui est première, la célébration en étant l'expression liturgique, ou est-ce la célébration qui est primordiale, tout en ayant des conséquences dans le quotidien ?

Il semble que toute la nouvelle orientation chrétienne contemporaine tend à sortir la foi des lieux de culte, dans la conscience que la manière de mener sa vie à la lumière du mode de vie et du message de Jésus est le terrain par excellence de la vie de foi.

Herman Van den Meersschaut

(1) Analyse critique de l'encyclique Ecclesia de Eucharistia - Pierre de Locht – 2003 (retour)
1 janvier 2010 5 01 /01 /janvier /2010 20:45
Editorial
Herman Van den Meersschaut
LPC n° 8 / 2009

Connaissez-vous le jeu du Jenga ?

Celui-ci se compose de bâtonnets que l'on empile, en les croisant, afin de former une petite tour. Les joueurs doivent, tour à tour, retirer - sans faire crouler l'édifice - une pièce de la base et la placer par-dessus. Il s'agit de maintenir le plus longtemps possible la construction en équilibre alors que sa base est de plus en plus sérieusement fragilisée. Pendant un bon moment, l'on parvient cependant à retirer des éléments sans hypothéquer l'équilibre de l'ensemble. Mais vient alors une phase critique où cet équilibre devient de plus en plus précaire et où un dernier retrait provoque l'écroulement.

Au fond, certaines constructions doctrinales savamment élaborées, parfois bétonnées dans des dogmes, ont évolué selon la même logique implacable que celle du jeu du Jenga.

Dès le début du Christianisme, alors que des doctrines sur la personne et le rôle de Jésus se constituaient, des « joueurs » tentèrent déjà de retirer certaines pièces de la base sur laquelle reposaient ces constructions théologiques. Les tenants du pouvoir leur ont rapidement tapé sur les doigts, les ont mis hors-jeu et les ont chassés en les traitant d'hérétiques.

Plus tard, lorsqu'au sein même de l'institution, des hommes de science, à la lumière de leurs découvertes et sans mauvaises intentions, ébranleront eux aussi les bases de l'édifice, on les jugera et on les condamnera même au bûcher.

Pendant des siècles on va ainsi accommoder certaines formulations sans jamais remettre en question le bien-fondé de la construction elle-même, alors qu'elle est basée sur une interprétation théologique et mythique de l'univers complètement dépassée.

Mais c'est à coup sûr Darwin qui retirera la dernière pièce avec sa théorie de l'évolution.

La doctrine du péché originel et de la rédemption ne pourront y survivre.

On peut comprendre que l'Eglise n'ait jamais aimé « jouer au Jenga ». Et pourtant, à ce jeu, il n'y a pas de gagnant ni de perdant, puisqu'on se met aussitôt à reconstruire.

En remettant radicalement en question les dogmes qu'elle a affirmés pendant des siècles, l'Eglise ne risquerait-t-elle pas de perdre toute crédibilité ? Ce n'est pas si sûr ! Peut-être qu'au contraire, elle pourrait la regagner en repensant de fond en comble sa théologie. Mais est-ce concevable ?

Notre intention n'est pas de jouer aux démolisseurs, mais nous sommes « de ceux qui ressentent l'impérieux besoin de pouvoir mettre en concordance ce qu'ils sentent, ce qu'ils croient avec ce qu'ils savent ».

Nous vous proposons donc, après un regard sur les origines très anciennes de ces dogmes, de tenter de formuler une autre vision, plus positive de notre humanité en devenir, soit une autre conception de notre salut et de celui de notre monde, plus proche de l'esprit de l'Evangile.

Avant d'être la réparation d'un mal commis par une humanité déchue, le salut ne serait-il pas plutôt la construction d'un bien, d'un bien commun ? Ce que Jésus appelle le Royaume de Dieu.

C'est à cette construction que toute l'équipe de LPC vous convie au seuil de cette nouvelle année. Que 2010 soit constellée de découvertes et de redécouvertes, de rencontres et d'échanges, et qu'ainsi nourri de ces expériences réciproques, chacune et chacun puisse tracer en toute liberté son chemin de foi personnel.

Que vienne le temps des nouvellles cathédrales, non plus de pierres,
mais de l'intériorité profonde des êtres,
bâties avec la force des sentiments de paix et de fraternité.

Jean-Pierre Séha

Herman Van den Meersschaut

1 octobre 2009 4 01 /10 /octobre /2009 19:16
Editorial
Herman Van den Meersschaut, Luc Bossus
LPC n° 7 / 2009

Pour beaucoup, le temps des vacances aura sans doute été l'occasion de faire un beau voyage. A notre tour, nous vous invitons au voyage. Un voyage intérieur « d'un monde à l'autre » qui nous mène de cet ancien monde de la « chrétienté » à la liberté de l'homme-Jésus qui nous invite à partir à la recherche de l'« homme nouveau » qui habite secrètement en chacun de nous.

Pour vivre en profondeur cet itinéraire personnel et solitaire que nous avons à tracer nous-mêmes, le témoignage d'autres explorateurs de l'invisible qui font le même voyage sera certainement très enrichissant et interpellant.

Il est évident que nous sommes à un tournant et qu'en moins de cinquante ans, ce monde ancien où les fidèles étaient bien encadrés, où on pensait à notre place, a cessé d'inspirer confiance et nous sommes en train de le quitter avec soulagement.

Aujourd'hui, nous pensons par nous-mêmes et c'est en toute liberté que nous poursuivons notre cheminement avec Jésus qui nous révèle que le Royaume est parmi nous et en nous et que nous avons donc, en nous, tout le potentiel pour atteindre cette qualité de vie nouvelle que lui inspirait la Présence dont il était habité. Nous pensons donc que nous pouvons construire humblement ensemble, là où nous sommes, chacun selon ses possibilités, un monde plus juste, plus fraternel et plus respectueux de l'environnement.

Sur ce chemin, LPC se propose comme un espace de réflexion. Notre rôle se limite à favoriser une pensée libre, à susciter des initiatives, encourager leur réalisation et en faire écho dans nos pages. A chacun de convertir sa réflexion en action. Nous sommes très heureux de voir que des liens se créent par courriel entre nos lecteurs et nous ne pouvons que les encourager en jouant le rôle de courroie de transmission.

En dernière page de nos revues, on peut lire que dans la structure LPC existent une équipe de gestion et de rédaction et qu'une rencontre mensuelle, ouverte à tous, à lieu le premier samedi de chaque mois. Ce que l'on sait moins, c'est que des lecteurs ont suscité des « groupes de réflexion » qui se sont formés à Bruxelles. Ces groupes qui sont tout à fait autonomes sont actuellement, à notre connaissance, au nombre de trois et se situent à Jette, Molenbeek et Forest. Dans ce numéro vous pourrez découvrir, grâce à trois témoignages, le vécu de chacun d'eux.

Ne serait-il pas formidable de voir ainsi se former d'autres petits groupes parmi nos lecteurs, car rien ne remplace la rencontre humaine et le partage fraternel en profondeur de nos expériences réciproques.

Bonne lecture et bon voyage intérieur.

Herman Van den Meersschaut, Luc Bossus

1 juillet 2009 3 01 /07 /juillet /2009 19:03
Editorial
Herman Van den Meersschaut
LPC n° 6 / 2009

« Que faites-vous encore dans cette Eglise ? » s'entendent dire beaucoup de chrétiens.

C'est vrai que depuis le début de l'année, les « maladresses » de Benoît XVI n'ont cessé d'alimenter les critiques et les sarcasmes des médias provoquant ainsi une véritable crise, non seulement dans les relations du Vatican avec la communauté internationale, mais aussi au sein même de l'Eglise. On pourrait en rire, bien sûr, si ce n'était dramatique !

L'autorité romaine ne se rend pas compte qu'en se discréditant, en se ridiculisant aux yeux du monde, elle porte atteinte à tous ses membres et risque, par amalgame, de discréditer gravement le message même de Jésus de Nazareth.

Tout cela nous attriste profondément parce que ce qui se passe est finalement, pour nous, en contradiction flagrante avec son message.

Notre cheminement nous a rendus progressivement libres dans notre découverte personnelle de l'homme Jésus et de son message. Le vécu partagé avec d'autres chrétiens en recherche nous a confortés dans cette démarche qui nous a amenés à prendre des distances avec l'autorité de l'Eglise. Ainsi, ce qui émane de celle-ci et contredit ce vécu, peut susciter notre réflexion, mais a cessé de s'imposer à nous.

Nous ne voulons pas aborder le problème de la « crise du christianisme » sous l'angle de la critique institutionnelle. Nous la croyons stérile, parce que sans solution.

La crise est bien plus profonde qu'elle ne paraît. Il ne s'agit pas simplement d'opérer quelques ajustements doctrinaux ou éthiques, d'ordonner des femmes ou de donner plus de pouvoir aux laïcs, il s'agit de remettre en question « l'essentiel de la foi », car comme le dit Jacques Meurice, il y a deux théologies incompatibles en présence. Tant que le Magistère ne travaille pas d'abord à revisiter de fond en comble la théologie archaïque qui fonde cette même institution et son fonctionnement, il n'y a aucun changement à attendre.

Changer l'Eglise de l'intérieur était pourtant le rêve d'André Verheyen et cela reste apparemment celui de vingt-six théologiens et théologiennes dont nous publions la prise de position.

Il nous semble cependant vain de vouloir lutter pour changer l'institution, alors qu'à Rome on se refuse à la moindre évolution en retournant de manière consciente et voulue dans le passé.

Pour notre part, nous préférons nous tourner vers l'avenir et nous laisser interpeller par « La quatrième hypothèse » de Maurice Bellet qui nous dit qu'une structure ancienne est en train de mourir et qu'autre chose est à naître. « L'évangile c'est vieux… et terriblement actuel » (p. 17 - DDB 2001).

Cherchons humblement à le vivre et à le dire aujourd'hui là où nous sommes, que ce soit avec nos proches ou les exclus du bidonville de Manille ou des rues de Bruxelles.

Il y a quelque chose de nouveau à construire ensemble, c'est cela qui nous importe désormais.

Herman Van den Meersschaut

1 avril 2009 3 01 /04 /avril /2009 18:52
Editorial
Herman Van den Meersschaut
LPC n° 5 / 2009

Au moment où nous bouclons notre premier numéro de 2009, le pape Benoit XVI vient de signer la levée d'excommunication de quatre évêques Lefebvristes parmi lesquels figure un évêque négationniste ! A-t-il été bien inspiré ?

L'Eglise croit que l'Esprit Saint est au travail en son sein, qu'Il la guide, la protège, l'inspire et conduit le choix des cardinaux quand ils élisent un nouveau pape. Elle a même érigé l'infaillibilité du pape en dogme.

Si l'action de l'Esprit est si déterminante, on est là devant un sérieux problème ! L'Esprit Saint aurait-Il mal fait son travail en 1988, quand Jean-Paul II a excommunié Monseigneur Lefebvre ? Ou bien, est-ce aujourd’hui qu'Il perd la tête ou qu'Il retrouve ses esprits ? A moins que ce ne soient les papes et la curie qui sont sourds et n'entendent ou ne reconnaissent pas toujours la voix de celui qui les guide ? Que faisait l'Esprit Saint pendant que l'Eglise organisait les Croisades, l'Inquisition ou promulguait le dogme de l'infaillibilité papale en 1870 ? On ne peut que constater l'incohérence du discours officiel et à quelles aberrations peut mener l'instrumentalisation de ce qu'on appelle l'Esprit. Comment des hommes peuvent-ils s'en prétendre les seuls propriétaires ?

Quand des religions, des sectes, prétendent être inspirées directement par l'Esprit et parlent en son nom, il n'est pas toujours facile de discerner le vrai du faux. La libre pensée chrétienne ne prétend évidemment pas posséder le meilleur discernement ; nous pensons seulement qu'il y a lieu d'être très prudent quand on parle de l'Esprit et de garder toute sa liberté et son sens critique.

Mais en fait, qu'est-ce donc que cet Esprit ? Un mot ambigu qui, comme le mot Dieu, est souvent utilisé à tort et à travers. Finalement, qui est-il ou qu'est-il ? ; comment agit-il ? ; comment savoir si ce qui nous est inspiré l'est réellement par l'Esprit ? ; la conscience personnelle et la voix de l'Esprit Saint, est-ce la même chose ?… Les questions sont nombreuses… Auront-elles jamais des réponses nettes, tranchées, claires et précises ?

Il n'est donc pas inutile de se pencher d'abord sur l'origine du mot dans la Bible et de découvrir, peut-être, d'autres manières de percevoir cette présence mystérieuse en nous. L'engagement radical de Jésus, tel qu'il est rapporté dans les évangiles, peut nous aider à trouver des critères de discernement. Ceux-ci nous révèleront comment l'Esprit peut susciter en nous, dans les choix quotidiens de nos vies, la compassion, la solidarité et le partage avec tous nos frères et soeurs en humanité.

Herman Van den Meersschaut

1 janvier 2009 4 01 /01 /janvier /2009 19:41
Editorial
Christiane Van den Meersschaut-Janssens
LPC n° 4 / 2008

Voilà maintenant une année qu'une nouvelle équipe s'est mise en place pour poursuivre, à la demande de nos lecteurs, l'oeuvre d'André Verheyen.

Aujourd'hui, nous sommes très heureux de vous annoncer qu'entre janvier et décembre 2008, notre nombre d'abonnés a augmenté de 111 unités. Cela montre bien que notre revue répond à une attente évidente et représente pour l'équipe le meilleur des encouragements. Nous vous remercions de votre confiance.

Nous recevons, de la part de nos lecteurs, un nombreux courrier que nous relayons dans notre revue. Nous considérons que LPC est un laboratoire constitué d'hommes et de femmes en recherche, où chacun peut avoir la possibilité de communiquer son ressenti et de le partager avec les autres, dans l'esprit de notre Charte. N'hésitez donc pas à nous faire part de vos questions, réactions, sentiments ou découvertes.

Comme vous pouvez le lire chaque fois dans notre bulletin, chaque auteur reste responsable de ce qu'il écrit. Il en va de même pour le courrier des lecteurs. Personne n'a la Vérité et il n'y a pas de vérité LPC. Il y a seulement le désir de rester fidèle à Jésus de Nazareth et à son message d'amour en rendant son enseignement crédible pour les hommes de bonne volonté de notre temps.

C'est ainsi que nous pouvons avancer dans notre quête spirituelle. Il est parfois bien difficile d'abandonner de "vieilles citernes", de se dévêtir du "vêtement religieux" fait d'images reçues dans notre enfance et qui nous collent au coeur et au cerveau. Pourtant, il y a du bonheur à s'interroger et à découvrir Dieu au plus intime de nos vies. Il est bon, dans ce cheminement, de ne pas s'isoler, mais de se regrouper pour partager nos expériences spirituelles, d'où la nécessité de recréer des petites communautés qui soient ouvertes aux questionnements et aux dialogues.

Nous vous souhaitons bonne lecture de ce dernier bulletin de l'année et serons heureux de vous retrouver parmi nos fidèles lecteurs en 2009.

Christiane Van den Meersschaut-Janssens