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18 août 2018 6 18 /08 /août /2018 08:00
Herman Van den MeersschautA propos de la fin des temps
Herman Van den Meersschaut

Nous nous sommes arrêtés un moment à la notion de "Salut". Dans la théologie traditionnelle, ce salut est inévitablement lié à la fin des temps et au retour du Christ qui jugera si les hommes méritent ou non la vie éternelle.

Mais que peut-on entendre par "fin des temps" ?

L'idée d'un monde décadent et qui va vers sa fin était très répandue à l'époque où se sont formés les évangiles. La littérature apocalyptique témoigne de ces époques troublées où certains événements ont été interprétés comme signes du début de la fin d'un monde, en l’occurrence celui du peuple d'Israël (70 : destruction du Temple de Jérusalem).

Le Père J.P. Charlier pensait que Jésus, lui-même, avait dû vivre avec cette impression de l'imminence de la fin de ce temps dont il était témoin. Les premiers chrétiens vivront d'ailleurs, eux aussi, dans cette attente du retour proche du Christ.

Le temps passant et l'évangélisation faisant des progrès énormes, l’Eglise s'installera et on repoussera ce retour et cette fin des temps dans un avenir plus lointain.

Les "millénaristes" et les sectes tenteront régulièrement de dater cette fin en s'appuyant sur une lecture fondamentaliste des textes bibliques, notamment de l'Apocalypse.

Mais peut-on imaginer une fin du monde, de notre terre?

Dans les années cinquante on nous disait encore que Dieu avait puni les hommes par le déluge, qu'il ne le ferait plus, mais que le monde serait détruit par le feu !

Mais que nous disent les scientifiques de la fin de notre planète bleue ?

D'après leurs savants calculs, ils nous disent que le soleil se meurt, c'est-à-dire que sa puissance diminue, mais tellement lentement que cela prendra quelques centaines de millions d'années avant qu'il ne s'éteigne. Or, sans la chaleur et la lumière du soleil, pas de vie sur terre.

Cela semble une chose établie, la terre mourra d'un refroidissement plutôt que d'une insolation. L'univers étant toujours en évolution, cela semble assez logique : des étoiles naissent, d'autres meurent. Mais que sera devenu l'être humain dans tout cela ? Dans l'immédiat, cela ne nous concerne pas vraiment. Quoique ?!

Quant à l'idée que le Créateur puisse mettre fin subitement à l'univers, selon son bon vouloir, et juger ses créatures, cela m'apparaît comme un anthropomorphisme d'un autre âge, tout à fait inacceptable aujourd'hui.

Par contre ce qui semble bien réel et inquiétant, c'est que l'homme aujourd'hui est capable de détruire la planète. Tout y est. Tout est prêt. Depuis que les hommes sont apparus, ont commencé à transformer la nature et à faire des "progrès", ils n'ont pas arrêté de perfectionner leurs armes en les rendant de plus en plus meurtrières. Nous en sommes aujourd'hui au point de pouvoir faire basculer le fragile équilibre planétaire. Malgré quelques traités, le danger persiste toujours. Nous pourrions bien avoir là notre fin du monde par le feu !

Ces progrès-là, les hommes peuvent cependant les maîtriser s'ils le veulent vraiment, mais comme l'observe Hubert Reeves, il y a en l'homme comme une "pulsion de mort" qui le pousse à l'autodestruction.

Et cela nous concerne tous dans l'immédiat.

Il s'agit ici de la fin de notre, de mon temps. Bien qu'actuellement notre espérance de vie ne fasse que croître, la grande faucheuse peut m'abattre à tout moment. Le temps nous est donc précieux, nous n'avons qu'une vie.

Qu'allons-nous en faire ? Comment donner du sens à cette courte vie ?

Dans le Livre des Maccabées du premier Testament, les Juifs ont fait toute une réflexion sur l'absurdité, le non-sens de la vie des victimes innocentes des persécutions perpétrées par le Séleucides. C'est à cette époque assez tardive que naît l'idée d'une réparation, une consolation pour les justes dans une vie future. Les Sadducéens, eux, ne croyaient pas à cette vie future. Pour eux, tout se joue, en fait, ici en cette vie. N'est-ce pas en ce sens que parle Jésus lorsqu'il nous révèle que le Royaume de Dieu est en nous (Luc, XVII, 21), qu'il commence maintenant, qu'il est à créer tout le temps et qu'il va même au-delà du temps comme la suite logique de ce que nous aurons semé ?

Hubert Reeves fait remarquer comment dans le monde animal et végétal tout est mû par une formidable "pulsion de vie" qui va toujours dans le sens de la sauvegarde et du perfectionnement de l'espèce. Chez l'homme, il semble que la "pulsion de mort" prenne souvent le pas sur la vie. N'avons-nous pas déjà détruit irrémédiablement des milliers d'espèces animales et végétales ? Il n'y a que l'homme qui en soit capable. En s'éloignant de la nature, l'homme semble perdre certains réflexes de conservation, mais aussi la conscience de la nécessité de l'interdépendance de tous les acteurs de la vie. (ex: réchauffement climatique du aux gaz à effets de serre, déforestation…)

II s'agit donc bien de "sauver" l'homme d'aujourd'hui de ces pulsions destructrices qui l'habitent. Jésus sait bien de quoi il s'agit, puisqu'il en a été victime lui-même. Jésus, habité par une extraordinaire pulsion de vie nous rappelle sans cesse que c'est "ensemble" qu'on peut créer le Royaume. Dès qu'il y a rupture de solidarité, il y a déséquilibre et donc des victimes et des souffrances.

Je ne puis donner un sens à ma vie que si je suis aimé et que j'aime. Aimer avec tout ce que cela comporte de don, de pardon, de partage réciproque.

Dès que l'on sort de cette voie, c'est l'enfer.

On voit cela tous les jours dans les journaux, la télé, autour de nous et dans nos vies.

La qualité de ce que je pourrais vivre et partager avec ceux dont je suis responsable et tous ceux qui croisent ma route, cela me semble essentiel et me permet de fonder ma vie.

"Aimez-vous les uns les autres comme je vous ai aimés", qu'est-ce qu'on nous l'a rabâché !

Mais cela reste heureusement la seule solution, la seule issue, le seul salut pour nous, avant la fin de notre temps.

Herman Van den Meersschaut - LPC-1999

Source : Hubert REEVES, "L'heure de s'enivrer" - L'univers a-t-il un sens ? - Seuil 1992

18 novembre 2017 6 18 /11 /novembre /2017 09:00
André VerheyenEt le Ciel ?
André Verheyen

Un lecteur du journal paroissial « Dimanche » du 5 octobre 2003 demande: "Et le ciel, cette vie éternelle, quelle en est votre vision, en quoi croyez-vous? En quoi croire? Monseigneur Huard parlait de retrouver les siens, ceux qu'il aimait... comme tant d'images-souvenirs et de faire-part le mentionnent. Mais il n'est pas possible de croire que cette vie sera la transposition de celle vécue sur cette terre..."

Une première réflexion que je me faisais, c'est que si quelqu'un pose la question en ces termes, c'est parce que c'est ainsi qu'on a toujours présenté les choses. Et la deuxième réflexion qui m'est venue à l'esprit, c'est qu'on ne peut pas en vouloir à ceux qui ont présenté les choses ainsi car cela partait d'un bon sentiment: ils ont généralement voulu apaiser une souffrance, alléger un deuil, susciter une espérance. Et même souvent, ils ont tout simplement transmis ce qu'ils croyaient eux-mêmes.

Mais aujourd'hui, de nombreux chrétiens ont des exigences plus critiques. C'est donc avec intérêt que j'attendais la réponse du père Charles DELHEZ.

En fait, je voulais voir ce qu'il est possible de répondre valablement sur deux plans différents, celui du bon sens et celui de la foi chrétienne. II est vrai qu'au niveau du bon sens la plus grande partie des êtres humains affirment cette vie au ciel après la mort, avec toutes les nuances de leurs cultures différentes et aussi avec toutes les nuances de conviction qui vont de l'espérance à la certitude.

Sur ce plan- là, il y a des réflexions intéressantes qui, pour des chrétiens, trouvent leur source dans l'évangile mais dont nous avons l'honnêteté de ne plus exiger l'exclusivité. "La mort ne vide pas la vie de son sens." "Il n'est pas possible que la vraie route soit celle qui ne mène nulle part" disait Ernest Psichari.

Sur le plan de la spécificité chrétienne le père Ch. Delhez montre qu'on peut dire des choses fort intéressantes à condition de renoncer à la présentation simpliste qui faisait dire jadis que les croyants savaient et les incroyants pas.

"Pour le chrétien, non seulement la mort ne vide pas la vie de son sens mais elle permet de donner à la vie son sens le plus élevé, celui de l'amour. Car s'il n'y avait pas de mort, il y a un don que nous ne pourrions pas faire: celui de notre vie".

Si je reconnais que cela vaut pour d'autres que les chrétiens également, je peux me laisser aller sans retenue à la prière de louange pour ce que Dieu a réalisé dans la vie et la mort de Jésus.

Et c'est dans l'humilité - qui est la reconnaissance de la vérité – que nous avons le plus de chances de nous sentir en communion avec nos frères qui ne partagent pas notre foi.

"En effet, cette vie ne pouvant pas être la transposition de celle vécue sur cette terre, nous n'avons donc pas beaucoup d'éléments pour en parler. La foi chrétienne n'est pas une description de l'au-delà, mais une espérance qui nous renvoie à l'instant présent. Chaque rencontre a déjà son poids d'éternité".

Là, on n'est plus tenté de situer le ciel dans l'espace ni dans le temps. Et on souhaite d'autant plus le renouvellement du langage désuet de notre liturgie en la matière.

André Verheyen - Réflexions simples pour une crédibilité. 2003-page 28

11 novembre 2017 6 11 /11 /novembre /2017 09:00
Christiane van den Meersschaut-JanssensLe concept de l'après-mort
A travers l'expérience de vie et de foi du peuple de la Bible
Christiane van den Meersschaut-Janssens

Dans les religions naturelles, les hommes enterraient leurs morts pour déterrer un an après les os des défunts. Cela se faisait avec cérémonial et en respectant différents rites. C'est qu'il s'agissait de déterrer ces os afin de les regrouper dans des urnes qui contenaient déjà les os de leurs pères. Dans la logique de ces religions, les hommes pensaient que, puisque c'étaient les dieux qui donnaient la vie, et qu'après la mort, il ne restait de l'humain que les os, ceux-ci devaient fatalement avoir quelque chose de divin. Ayant constaté que les os étaient creux, ils en déduisaient que c'était parce que la vie des dieux s'y trouvait. Et, la vie des dieux, ils le proclamaient, est éternelle. Donc, il fallait garder bien précieusement les os des morts pour qu'ils puissent continuer à vivre.

Ces croyances, nous les trouvons dans les récits de la Genèse. Nous voyons Abraham qui achète un champ et une grotte afin d'y enterrer sa femme pour pouvoir la rejoindre avec sa descendance à l'heure de leur mort (Gen 23, 1-19). Son petit-fils Jacob ordonnera à ses enfants de l'enterrer auprès de ses ancêtres dans le tombeau acheté par Abraham (Gen 49, 29-33). Quant à Joseph, il fera jurer à ses frères de ramener ses ossements au pays de ses pères (Gen 50, 24-25). Plus tard, c'est Moïse qui accomplira cette promesse (Ex 13, 19).

Les Hébreux se représentaient l'univers divisé en trois parties : le ciel, la terre et l'eau sous la terre (Ex 20, 4). Cette dernière partie était appelée le Shéol. Ce sont les profondeurs de la terre (Is 14, 9 ; Ps 63, 10), les lieux inférieurs, les Enfers où les morts descendent tous (Gen 37, 35 ; 1 S 2, 6 ; Ps 89, 49) ; aucun d'entre eux ne saurait en remonter (Job 7, 9). Tous y sont mélangés : riches ou pauvres, bons ou méchants (1 S 28, 19). Ils vivent comme des ombres à l'activité réduite (Qo 9, 10) au sein des ténèbres opaques (Jb 10, 21-22). C'est un lieu où l'on végète, il ne s'y passe rien et les êtres n'ont plus de rapport entre eux (Job 3, 17-19). Les morts, privés de tout ce qui est désirable dans la vie, étrangers à toute relation avec Dieu, ne peuvent même plus le louer (Ps 6, 6).

Après l'Exil pourtant, on commence à penser que le "fidèle à Dieu", le juste, ne connaîtra pas cette déchéance (Ps 16, 10). C'est que pendant l'Exil déjà, le prophète Ezéchiel avait commencé à parler d'une responsabilité personnelle et de l'intérêt que Dieu portait non seulement à son peuple comme collectivité (Ez 18, 1-2), mais à chaque personne de son peuple en particulier (Ez 18, 3-20 ; 9, 4-6 ; 33, 10-20).

Avec les écrits des théologiens apocalyptisants (le second Zacharie 9-14 ; le livre de Daniel (entre 167-164), les livres d'Esther et de Judith, la grande et la petite Apocalypse d'Isaïe (Is 24-27 et 34-35), une grande nouveauté s'installe par rapport à la tradition : ils inventent la Vie Eternelle. Après une expérience de 1000 ans d'Histoire, ils constatent que même en observant la Torah, ils ont beaucoup d'ennuis et qu'en même temps parmi ceux qui ne l'observent pas, nombreux sont ceux à qui tout réussit ! Dieu n'intervient donc pas dans l'Histoire, réfléchissent-ils, car l'Histoire dément notre espérance de justice. Ils prolongent leurs réflexions en se disant que si l'intervention de Dieu n'est pas dans l'Histoire, c'est qu'elle viendra à la fin des temps. Et l'intervention de Dieu, ce sera de créer du tout nouveau : Il restaurera tout son peuple. Pour cela, Il mettra fin à la domination des païens (Is 24, 21 ; Za 9, 5), les païens se convertiront (Za 13, 8-9 ; Est 8, 17; Jdt 14, 10). Il exercera lui-même la royauté et son royaume n'aura pas de fin (Dan 2, 44; 7, 14).

Bien des textes antérieurs sont alors relus à la lumière de l'espérance de la fin des temps. Ainsi, par exemple, la vision des ossements desséchés d'Ezéchiel 37 signifiera le rassemblement de tout le peuple en une communauté de salut. C'est dans ce contexte, et tout à la fin de l'A.T. (vers le milieu du 2e siècle avant J.C.) qu'émerge la foi en la résurrection des corps.

Suite à la persécution du roi Antiochus Epiphane (167 av. J.C.) de nouvelles questions se posent:

  • Dieu est-il juste? Nous n'avons qu'une vie et les justes ne sont pas heureux sur cette terre !
  • Les martyrs de la persécution qui subissent la torture et acceptent de perdre leur vie, seraient-ils plus fidèles à Dieu que Dieu ne puisse l'être pour l'homme ? Les justes ont préféré mourir plutôt que d'être infidèles à Dieu et Dieu n'est pas intervenu pour eux !

Le malheur frappait ceux qui ne le méritaient pas ! Cela exigeait une réparation, une récompense pour leur fidélité : l'espoir de ne pas mourir pour rien. Dieu qui avait fait alliance avec son peuple choisi ne pouvait pas manquer à sa parole. Comment pourrait­Il laisser s'abîmer dans la mort l'homme qui fait le sacrifice total de sa vie pour lui rester fidèle ? C'est impossible ! Puisque Dieu est le créateur qui appelle du néant à l'existence, Il est aussi capable de ressusciter les morts pour les faire vivre à jamais dans son amitié.

Les auteurs du livre de Daniel et du second livre des Maccabées vont alors développer une nouvelle réflexion. Les Enfers ou lieux inférieurs souterrains, comme certains d'entre nous le comprennent aujourd'hui, c'est-à-dire la privation de la vie avec Dieu, les méchants, les infidèles, les persécuteurs et leurs collaborateurs en connaîtront l'horreur. Tandis que les fidèles, les martyrs, ressurgiront comme les dormeurs de leur sommeil pour entrer dans la vie éternelle d'amitié avec Dieu; et ils seront transfigurés, lumineux comme des étoiles (Dan 12, 1-3).

Remarquons bien (2 Mac 7, 23) que l'on ne parle pas de la résurrection de la chair, mais que "l'esprit et la vie" leur seront rendus, c'est-à-dire une continuité dans la relation à Dieu. Dans la tradition biblique, l'homme est différent de Dieu qui est éternel; l'homme, lui, a des ruptures, des limites. L'homme entier ressuscitera, mais avec ses limites, et il est accepté ainsi par Dieu. Il reste "lui" tel qu'il est dans la plénitude du regard d'amour de Dieu, dans une communion parfaite.

Pour les contemporains de Jésus, la croyance en la résurrection personnelle était donc toute neuve et n'était pas communément admise par tous les Juifs. (Notons au passage qu'elle était familière à leurs voisins du Sud, les Egyptiens, depuis longtemps déjà). Les Pharisiens, pour la plupart, y croyaient mais les Sadducéens tenaient pour déviations doctrinales la résurrection des morts et l'existence des anges (Ac 23, 6-9).

Dans les évangiles, il n'y a pas beaucoup d'enseignement de la part de Jésus concernant "l'après-mort". Nous constatons cependant que, loin de nous donner des précisions, il nous entraîne vers un monde du non visible. La Vie ressuscitée est sans modèle terrestre. Les morts seront semblables aux anges, donc de nature spirituelle et fils de Dieu (Le 20, 36). Et Dieu est bien le Dieu des vivants (Le 20, 38). Dans ce sens, la mort peut être comprise comme un passage à la communion inouïe, plénière et définitive avec notre créateur.

Nous voyons ainsi Jésus reprendre une parabole (qui était déjà racontée en Egypte au VIe siècle avant J.C.) bien connue en Israël. On la racontait avec des variantes et en utilisant le mythe de la division de l'univers en trois parties. On la concluait invariablement par ce dicton : "Celui qui est bon sur la terre, on sera bon pour lui dans l'au-delà. Celui qui est méchant sur la terre, on sera méchant pour lui là-bas."

Jésus, lui, va plutôt insister sur l'abîme que l'homme crée ici-bas dans sa relation à Dieu. Jésus ne laisse aucune place, ne fait aucune concession au goût du merveilleux, aux désirs d'événements extraordinaires (Le 16, 31). C'est clair, brutal. C'est sur cette terre­ci que nous sommes appelés à écouter la Parole pour vivre des relations... car l'au-delà est déjà dans le présent. La fin des temps, n'est-ce pas le Royaume qui advient avec Jésus?

La résurrection annoncée par l'A. T., les disciples de Jésus vont en faire l'expérience en Jésus ressuscité. Cette réalité de la Vie nouvelle de Jésus va être proclamée par plusieurs témoins dont les affirmations fondent leur foi (1 Co 15, 3-7), Les prédicateurs chrétiens proclameront la résurrection des corps (Rm 8, 11 ; 1 Co 15, 12..22; Ap 20, 11..15 ; Jn 5,

28-29 ; 6, 40-44). Son évocation (1 Th 4, 13-17) s'inspire d'apocalypses juives qui utilisaient elles-mêmes des clichés traditionnels: les nuées accompagnant la voix céleste, lors des manifestations divines, avec la trompette (Ex 19, 16-20) qui convoque l'assemblée au désert (Lv 23, 24) pour qu'elle se mette en marche vers la Terre Promise ou le sanctuaire (Nb 10, 1-10) etc.

Aux Corinthiens, l'apôtre ne donnera qu'une modeste explication de la résurrection qui est un mystère. Il leur parle d'une vie nouvelle totalement différente où ils seront des êtres spirituels, immortels et incorruptibles (1 Co 15, 35-53).

L'Apocalypse (20, 11-15; 21-22) associe la résurrection au jugement. Les bons entrent dans la Jérusalem Céleste, les méchants sont jetés dans l'étang de feu. Images basées encore une fois sur la division de l'univers en trois parties et inspirées par le livre de Daniel.

Actuellement, dans l'Eglise, différents courants théologiques donnent diverses interprétations de la résurrection, Pour les théologiens les plus classiques, le jour de la mort, le corps est séparé de l'âme qui, elle, comparaîtra devant Dieu. C'est le jugement particulier. Mais à la fin des temps, quand l'Histoire s'arrêtera, l'âme retrouvera son corps pour le jugement universel. Ces spécialistes nous disent qu'il y a cependant deux exceptions: Jésus et Marie qui retrouvent leur âme et leur corps à la mort et ne doivent donc pas attendre la fin des temps. Cette théologie, faut-il le dire, pose beaucoup de questions aux chrétiens de l'après Vatican II !

D'autres théologiens pensent que le corps ressuscité est en continuité avec le corps actuel, mais en même temps très différent parce que le corps actuel est détruit. Comme la gerbe de blé est la continuité du grain de blé qui, mis en terre, est détruit pour créer quelque chose de tout neuf. C'est une nouvelle création de Dieu à partir de l'âme qui subsiste, un corps spirituel qui retrouve toute sa personnalité.

Personnellement j'aime beaucoup la réflexion de Hans Küng qui, à la page 142 de son livre "Etre chrétien", nous dit : "Qu'est-ce qui attend l'homme au moment ultime de sa vie ? Non pas le néant... mais ce Tout qui pour les juifs, les chrétiens et les musulmans est Dieu. La mort est passage vers Dieu, entrée dans le secret de Dieu, accueil dans son amour... L'homme est arraché aux conditions qui le déterminent et l'enserrent. Du point de vue du monde, de l'extérieur pour ainsi dire, la mort signifie la rupture de nos attaches. Mais du point de vue de Dieu, de l'intérieur pour ainsi dire, la mort signifie une attache radicalement nouvelle: la relation avec Dieu, réalité ultime... Le trajet ultime ne conduit pas quelque part dans l'univers, ni au-delà de l'univers... C'est le passage de la mort à la vie, du visible à l'invisible, de l'obscurité mortelle à l'éternelle lumière de Dieu. La mort conduit jusqu'à Dieu."

 

Christiane van den Meersschaut-Janssens - LPC avril 2000

Sources:
  • L'histoire du Peuple de Dieu : Daniel - M. THIVOLLIER
  • Dictionnaire Biblique Universel - Desclée 1985 - L. MONLOUBOU, p.s.s. - F. M. DU BUIT, o. p.
  • Commentaires des Evangiles "La Vie", n°• 2300, 2306, 2456, 2462 - Hyacinthe VULLIEZ
  • MESS'AJE Conférences de Danielle LAMBRECHTS et Nadette RAVESCHOT-DERWA "Le troisième seuil de la foi"
  • "Le Royaume dans l'Ancien Testament" de Philippe BACQ s.j.
4 novembre 2017 6 04 /11 /novembre /2017 09:00
André VerheyenOù sont les Saints ? Au Paradis ?
André Verheyen

Si la majorité des adultes ne se posent probablement pas la question, tous ceux qui sont engagés dans la catéchèse ou le cours de religion risquent tôt ou tard de la rencontrer chez les enfants.

Chez les adultes, c'est plus souvent à l'occasion d'un décès que les proches se demandent : "où est-il, où est-elle maintenant ?" Le temps où la réponse "ils sont au ciel" était satisfaisante est déjà loin.

Depuis que notre ciel est habité par des satellites et des stations spatiales, ou encore depuis que la science-fiction a envahi le ciel avec "la guerre des étoiles", "Star Trek" et autres, nous sommes gênés aux entournures par la notion de "ciel". Pour ce qui est du "paradis", ce serait plutôt la publicité qui s'est emparée de ce monde imagé, en accentuant encore son caractère irréel, voire gentiment risible.

Nous avons trouvé une belle formule de remplacement pour dire que ceux qui nous quittent sont "retournés vers la maison du Père", formule d'autant plus satisfaisante que nous aimons la parole de Jésus, citée dans l'évangile: "Il y a beaucoup de demeures dans la maison de mon Père." (JEAN, XIV, 2)

Il n'empêche que nous serons inévitablement amenés à préciser que la maison du Père n'est pas "faite de main d'homme" (MARC, XIV, 58; ACTES, VII, 48), autrement dit, qu'elle n'est pas située dans le temps ni dans l'espace. Il s'agit d'une réalité spirituelle et un passage d'évangile qui reste tout à fait actuel est celui de la rencontre de Jésus avec la Samaritaine. "Dieu est esprit et c'est pourquoi ceux qui l'adorent doivent adorer en esprit et en vérité." (JEAN, IV, 24)

On ne peut qu'admirer le souffle prophétique de ce passage, même si le rédacteur a cru bon de rappeler que "le salut vient des Juifs" (v. 22). En effet, quelle merveilleuse ouverture œcuménique : "l'heure vient où ce n'est ni sur cette montagne ni à Jérusalem que vous adorerez le Père" (v. 21) ... "mais en esprit et en vérité" (v. 23).

Nous, les humains, nous ne sommes pas de purs esprits et nous exprimons les réalités spirituelles par des images et des signes. Tout le problème est évidemment de ne pas confondre la réalité spirituelle avec les signes que nous utilisons pour l'exprimer. Nous connaissons toujours de nombreux cas de cette confusion, que nous appelons volontiers "la chosification" du spirituel ou du sacré.

Je ne développerai pas ici les exemples de cette confusion qui caractérise bon nombre de pratiques religieuses. Je me limiterai à redire que le lieu de la rencontre avec Dieu, Source de toute sainteté, et avec ceux à qui Il la communique, c'est la communion spirituelle.

Cette prise de conscience entraîne aussi une évolution dans le choix des symboles et des signes. Ainsi par exemple, autant les bras et les yeux "levés au ciel" ont été expression de la prière, autant les yeux baissés ou fermés et les mains posées sur le cœur peuvent être aujourd'hui expression de cette communion spirituelle au-delà de l'espace et du temps.

De même, les tours de nos églises pointant leurs flèches vers le ciel ont toujours été significatives de ce désir de faire monter nos pensées et nos prières vers Dieu. Mais on comprend aussi la signification nouvelle d'une architecture qui accentue les expressions de la communion spirituelle par tout ce qui favorise la dimension communautaire là où la communauté exerce son activité spirituelle. Même si l'expression "cela se passe dans notre cœur" reste valable, je pense que les quelques réflexions qui précèdent peuvent être utiles pour lui donner une certaine consistance.

André Verheyen - octobre 1999

28 octobre 2017 6 28 /10 /octobre /2017 08:00
Christiane van den Meersschaut-JanssensToussaint ou jour des morts ?
Comment sont nées ces fêtes ?
Christiane van den Meersschaut-Janssens

Aujourd'hui, chaque 1er novembre, l'Eglise catholique célèbre dans l'allégresse la mémoire de tous les saints connus et inconnus. C'est la fête de la Toussaint, de l'ancien français : « Feste de toz sainz ». Le lendemain, 2 novembre, est consacré à la fête des Morts, avec laquelle on confond parfois la Toussaint.

La fête de la Toussaint existait déjà en Orient comme commémoration de tous les martyrs de la Foi. Longtemps, elle fut célébrée aux alentours de Pâques ou Pentecôte. Au Ve siècle, en Syrie, c'était le vendredi de Pâques, à Rome le dimanche après la Pentecôte.

Ce lien avec Pâques et la Pentecôte donne le sens originel de la fête: "célébrer la victoire du Christ dans la vie de beaucoup d’hommes et de femmes".

Cependant, le pape Boniface IV va déplacer une première fois la date de cette fête.

Le 25 août 608, ce moine bénédictin, originaire des Abruzzes, était nommé évêque de Rome (608-615). A l'occasion de son sacre, il reçut un présent de choix de l'empereur: le Panthéon. Ce temple circulaire, coiffé d'une impressionnante coupole était à Rome une œuvre monumentale de l'époque impériale. Il avait été construit en 27 avant J-C par Agrippa en l'honneur de tous les dieux et dédié aux sept divinités planétaires. Boniface décida aussitôt de le convertir en église, suivant la pratique des premiers siècles qui consistait à transformer en lieux chrétiens, les lieux de culte païen. En 610 (1), il consacra l'édifice à "Sainte Marie des Martyrs" en mémoire de tous ceux qui avaient versé leur sang pour témoigner du Dieu unique. Le pape voulant ainsi honorer la foule des martyrs, dont il avait fait transférer les ossements tirés des catacombes.

Le 13 mai, jour anniversaire de la dédicace de l'église, devint la "Fête de tous les martyrs, de tous les saints et Marie". La date avait été soigneusement choisie. En effet, elle correspondait aux célébrations dans le calendrier romain des jours de mai (9, 11, 13) des "Lemuria" où l'on sacrifiait au culte des ancêtres pour se prémunir des lémures ou larves : les âmes des défunts non satisfaits. Mais cette tradition funéraire ne s'étendait pas à l'ensemble de l'empire.

Dans les pays celtiques, c'est le 1er novembre que l'on célébrait tous les disparus des familles avec la fameuse fête des "Samain". C'était une fête de joie que cette fête des morts qui correspondait aussi au Nouvel An. Le but essentiel de la fête était de rétablir le contact entre la communauté des morts et celle des vivants. Les tertres où vivaient les morts étaient entrouverts pour leur permettre de revenir sur terre. Banquets, festins rituels et débauches visaient à rétablir l'ordre cosmique renversé par la disparition d'un proche ou d'un soldat tombé sur les champs de bataille.

C'est pourquoi, l'empereur Louis Ier le Pieux, institua en 835 (2) une Toussaint au Ier novembre dans l'espoir de couper court aux rituels peu chrétiens pratiqués en cette période de l'année. L'enjeu était de substituer la commémoration de tous les saints, ancêtres virtuels de tous les fidèles, au culte des morts familiers, pratiqué à cette période dans une grande partie du monde occidental.

Pour unifier ces pratiques discordantes, le pape Grégoire III fixa la fête de la Toussaint définitivement au 1er novembre. Il dédicaça en ce jour une chapelle de la Basilique Saint-Pierre en l'honneur de tous les saints.

Vain espoir, car le cuite des morts au 1er novembre, profondément enraciné dans les coutumes populaires, se poursuivit comme si de rien n'était.

Au Xe siècle, Odilon, abbé de Cluny, conseiller du pape et des princes, mais aussi fin diplomate, ordonna la célébration d'une messe solennelle le 2 novembre, "pour tous les morts qui dorment en Christ". Cette fête des Morts, née en France, fut progressivement adoptée dans toute la chrétienté occidentale.

Un liturgiste du XIIIe siècle, Durand de MENDE écrira: "La veille de la Toussaint est Jour d'affliction, la solennité est Jour d'allégresse, le lendemain est Jour de prière." En effet, la conviction que les vivants ont à prier pour les morts s'est établie dès les premiers temps du christianisme. Il s'agit de solliciter la miséricorde de Dieu pour ceux qui n'ont "pas encore" été admis à participer à sa béatitude. Cette prière pour les morts a très vite trouvé son expression la plus achevée dans la messe.

L'Eglise demandait aux chrétiens, non seulement de chômer le dimanche, mais aussi aux grandes fêtes lorsqu'elles pouvaient tomber en semaine, afin de les honorer en participant à la célébration eucharistique.

Or, après la révolution, lors du Concordat (15/07/1801) signé entre Bonaparte et Pie VII pour régler les relations entre l'Eglise et l'Etat, Pie VII avait concédé à Bonaparte que le nombre de fêtes d'obligation soit réduit à quatre en France (Noël, Ascension, Assomption, Toussaint), Bonaparte acceptant de son côté que le chômage de ces quatre jours-là soit légal. D'autre part, le calendrier civil pouvait reconnaître le 1er novembre comme un jour férié en l'honneur des morts pour la patrie.

De nos jours, les deux fêtes se confondent. Le 2 novembre n'étant pas chômé, la religiosité populaire a fait un amalgame de la Toussaint et du Jour des Morts. Dans la plupart des familles, la note funèbre semble l'emporter sur l'allégresse de la fête de la Toussaint. Et le 1er novembre, jour chômé, voit défiler dans les cimetières des milliers de personnes chrysanthèmes en main. Bouquets de fleurs, verdures et bruyères sont déposés sur les tombes pour transmettre à ceux et celles qui nous précèdent dans l'au-delà un message d'amour.

Et comme dit Hyacinthe VULLIEZ : "La Toussaint, c'est la fête des gens du peuple de Dieu." La fête la plus impressionnante; la fête la plus proche de nous parce qu'elle est la fête de nos proches. La fête de tous, car chacun est appelé à la sainteté de tous les jours qui consiste à être simplement évangélique. La conscience chrétienne d'aujourd'hui reconnaît dans cette fête la portée et la valeur des gestes quotidiens, le poids de chaque vie humaine si cachée soit-elle, et l'honneur que mérite le plus humble chrétien.

 

Christiane van den Meersschaut-Janssens - octobre 1999

(1) date ne concordant pas d'un auteur à l'autre. (retour)
(2) Idem. (retour)

BIBLIOGRAPIE
  • Fêtes et croyances populaires en Europe Ed. BORDAS, de Yvonne de SIKE, archéologue et ethnologue
  • Théo, Nouvelle Encyclopédie catholique Ed. DROGUET et ARDANT/FAYARD
  • Chronologie des Papes de Saint Pierre à Jean-Paul II Ed. MARABOUT HISTOIRE de Jean MATHIEU-ROSAY
  • Les Symboles Catholiques Ed. ASSOULINE de d omRobert LE GALL, abbé de Kergonan
  • Les Saints au Moyen Age Ed. PLAN de Régine PERNOUD
  • Encyclopredia Universalis
21 octobre 2017 6 21 /10 /octobre /2017 09:48
André VerheyenToussaint
André Verheyen

Dans quelques jours, des miIlions de chrétiens - et d'autres peut-être aussi - fêteront la Toussaint avec, souvent, une dimension très accentuée de la mémoire des défunts.

La confusion entre la Toussaint et le Jour des Morts n'est évidemment pas dangereuse puisque la plupart des saints que nous honorons sont morts et que beaucoup de nos défunts ont vécu une certaine sainteté.

Dans notre pays, le ler novembre est jour férié, pas le 2, ce qui explique que les visites aux cimetières se font surtout le jour de Toussaint.

Ce qui, par contre, est beaucoup plus préoccupant, c'est la qualité médiocre d'un culte des saints, généralement intéressé et souvent superstitieux. Si on ajoute à cela une conception dépassée du Paradis, liée aux dimensions de temps et d'espace, on aura compris qu'il y a encore "du pain sur la planche" pour une sérieuse réflexion.

Plusieurs personnes, qui sentent bien qu'il y a quelque chose qui cloche dans le système folklorique et superstitieux actuel, nous demandent "si ça sert encore à quelque chose de prier les Saints". L'utilisation du verbe "servir" est remarquable : comme si le culte que je voue à mon père et à ma mère devait servir à quelque chose!

Et pourtant si ! Cela sert énormément, à condition de revoir radicalement ce système que j'ai appelé folklorique et superstitieux.

Il est clair que si je prends la peine de lire une biographie de St Antoine de Padoue, j'y découvrirai sa foi profonde et son zèle missionnaire. Si alors, même sans paroles ni prières formulées, je pense à lui en désirant partager sa qualité de vie spirituelle, bien sûr, mon désir va être efficace.

Mais quelle honte et quelle pitié dans ces pseudo-prières où on demande à St Antoine de retrouver des objets perdus!

Nous avons recréé notre "panthéon" à l'instar des religions de l'antiquité gréco-romaine qui avaient leurs divinités tutélaires pour l'amour, la guerre, les voyages en mer, l'économie et les af­faires, la chasse, etc.

Un des cas les plus surprenants est celui de St Christophe dont tout le monde sait actellement qu'il s'agit d'un personnage de légende. (1)

Rien ne s'oppose évidemment à ce qu'on continue les manifestations folkloriques autour de St Christophe dans le cadre de la valorisation du patrimoine. Mais entretenir l'ambigüité de cette pseudo-dévotion superstitieuse envers un personnage de légende ne favorise certainement pas la crédibilité du culte des Saints.

Nous conseillons plus volontiers la communion spirituelle avec quelqu'un comme Dom Helder Camera, qui n'a heureusement pas encore été récupéré par le système. Cette communion spirituelle-là, oui vraiment, ça sert à quelque chose...

André Verheyen - LPC – octobre 1999

(1) "Ce saint, très populaire au Moyen Age, a été écarté du calendrier romain en 1970, son histoire ne relevant que de la légende." (Dictionnaire LAROUSSE • 2 volumes - 1988)
N. d. l. r. : les dictionnaires spécialisés dans le domaine de la vie des Saints mentionnent neuf saints Christophe mais aucun d'eux n'a quelque chose à voir avec la légende qui est née du nom "Christophoros". En effet, cela signifie en grec "porteur de Christ". (retour)
1 avril 2014 2 01 /04 /avril /2014 15:48
Jacques Musset Les feuilles mortes de mon jardin.
Jacques Musset
LPC n° 25 / 2014

A la fin de l'été et à l'automne, je m'adonne à un chantier particulier, le ratissage des feuilles mortes sous les pruniers, le lilas et le saule tortueux. Ce travail s'étale sur quelques semaines. Le premier à fleurir, le lilas, est le dernier à perdre ses feuilles. Quant aux pruniers, sitôt les fruits donnés fin juillet, début août, ils se défont de leur parure, comme s'ils avaient hâte d'entrer dans le grand repos de l'hiver. Avec mon large râteau, je regroupe en tas les centaines et milliers de feuilles avant de les mettre au compost où elles vont se décomposer lentement avant de devenir poussière d'humus.

Il m'arrive de penser à chacune d'elles qui furent, l'espace d'une saison, bien vertes et bien vivantes, peuplant les branches des arbres, assurant leur respiration et assainissant l'atmosphère, en dégageant le précieux et essentiel oxygène dont l'homme a tant besoin pour vivre. Chacune de ces feuilles minuscules a apporté modestement mais réellement sa contribution à la survie de l'humanité et de son environnement. Chacune a été utile à sa place. Chacune a rempli sa mission, fidèlement, sans bruit, dans la discrétion, obscurément. Et de même qu'elles sont nées, ont grandi, se sont développées et ont accompli leur office sans que personne ne les remarque, les gratifie, les encourage ou les remercie, de même, elles vont se dissoudre à l'abri des regards, ignorées à tout jamais, retournant à la terre originelle et s'y perdant anonymement. A ces humbles créatures qui ont fait noblement leur travail et assuré à la nature et à l'homme un service capital, j'ai envie de dire merci.

D'elles, je reçois en effet une grande leçon dans l'art de vivre : chacun a une place essentielle à tenir au sein de la vaste humanité. S'il la tient justement, fidèlement, consciencieusement, il sauve et embellit le monde et l'empêche de s'asphyxier. L'important n'est pas d'être remarqué, considéré, reconnu mais d'accomplir, avec intelligence, intégrité et ténacité, sa tâche d'homme. Comme les feuilles anonymes de mon jardin, l'humanité est, depuis son apparition, peuplée d'hommes et de femmes inconnus qui, au long des générations et sous toutes les latitudes, ont assuré et assurent encore, par la qualité de leur vie quotidienne, la survie de l'espèce et son développement, en dépit de tous les gâchis et de toutes les régressions. Lorsque l'occasion m'est donnée de déambuler dans le cimetière de ma commune natale, où sont enterrés des gens que j'ai connus, je suis habité par une seule réflexion : quelle part d'humanité ces êtres ont-ils léguée à la génération qui les suivait en dépit de leurs limites, voire de leurs défaillances ? Devant certains caveaux, je me recueille plus particulièrement, rempli de reconnaissance, je sais la qualité d'existence des personnes dont je fais mémoire.

A la foule des anonymes qui ont construit ce monde que j'habite dans ce qu'il a de meilleur et auxquels je suis redevable d'être ce que je suis, je rends grâces. Et je souhaite, inspiré par nombre de ces devanciers, prendre le relais. J'aimerais être, au lieu où les événements m'ont placé et pour le reste de mes jours, un modeste artisan, apportant à sa manière une discrète contribution d'oxygène à l'incertaine et fragile humanité dont je suis membre. Celle-ci ne peut en effet subsister que grâce au souffle renouvelé que lui dispense jour après jour la multitude de celles et de ceux qui pratiquent les petites et les grandes vertus dont parle si bien le philosophe Comte-Sponville (1) C'est à ce chantier, qui donne parfois le vertige, que je m'efforce avec beaucoup d'autres de participer à ma mesure et selon mes capacités.

Feuilles mortes de mon jardin, savez-vous quelle leçon vous me donnez quand, après avoir effectué votre travail, vous acceptez de disparaître ? "Infimes et éphémères mais nécessaires" (2) vous l'avez été ; puissions-nous l'être nous aussi le temps de notre existence ! (3)

Jacques Musset

(1) Petit traité des grandes vertus, André Comte-Sponville, éditions PUF 1995 (retour)
(2) Prière d'homme de Marcel Légaut ( Aubier) page 53 (retour)
(3) Extrait de son livre "Le potager, école d'humanité" 2008. On peut se le procurer auprès de l'auteur E-mail : jma.musset@orange.fr - J.Musset, 12, rue du Ballon, 44680 Ste Pazanne – France Tel : 00 33 (0)2 40 02 49 15 (10 € + port) (retour)
1 avril 2014 2 01 /04 /avril /2014 14:54
Traces.
André Gailly
LPC n° 25 / 2014

Dans la solitude croissante de la fin de vie, c'est souvent l'angoisse qui domine : Pourquoi la mort ? Et après ? N'y a-t-il pas d'autre issue que l'absurdité du néant ou l'espérance d'un au-delà proposée par les Églises ?

Chacun peut approfondir pour lui-même cette recherche (1) en lien avec ses propres opinions

Derrière nous un sillage

Les souvenirs qui nous restent ne sont-ils pas comme la pointe de l'iceberg d'une réalité beaucoup plus vaste ? Par exemple face à un paysage ardennais, en écoutant les souvenirs des habitants, je peux ajouter à ce paysage comme une quatrième dimension, celle du temps, du vécu des femmes et des hommes qui l'ont traversé. Chaque bout de chemin ou de sentier a été tracé et parcouru par beaucoup de gens. Depuis si longtemps animaux, arbres, plantes et fleurs ont été soignés et améliorés par eux.

Chaque maison garde le souvenir de tous ceux qui y ont vécu l'amour et élevé leurs enfants, espéré les récoltes et craint l'orage. Chaque pierre dans un mur a été placée par une main : elle a entendu des rires et des plaisanteries, des conflits et des vengeances, des fêtes et des drames.

Toute la végétation qui nous entoure et nous nourrit, plonge ses racines dans une fine couche d'humus, terreau accumulé grâce à la vie et à la mort d'êtres vivants.

Ce qui restera héréditairement et culturellement de nous, ne sera-t-il pas aussi une sorte d'humus ? Fragile mélange nourrissant, il sera indispensable à la croissance humaine de tous ceux qui à leur tour alimenteront le terreau humain des générations à venir.

Sous le sol circulent des nappes d'eau invisibles qui le rendent fertile. Notre défi n'est-il pas d'accepter de devenir une goutte fécondante parmi les flux souterrains qui irrigueront la vie de l'humanité ?

Comme l'écume fugitive à la crête des vagues, nos souvenirs ne sont que la frange visible d'une puissante houle de vibrations humaines venant de la nuit des temps : émotions, sensations et pulsions du corps ou de l'esprit. Elles nourrissent nos capacités de créer et de détruire, de haïr ou d'aimer, de nous résigner ou de résister face à la violence et au pouvoir de l'argent.

La lumière des étoiles nous atteint alors que beaucoup d'entre elles ont cessé de vivre depuis des millions d'années ; elle se propage ensuite bien au-delà de nous, à travers l'infini de l'univers. N'est-ce pas l'image du rayonnement de ceux qui nous ont précédés ? Lui aussi nous traverse de part en part. De façon réelle mais imprévisible, il atteindra à leur tour les vivants de demain en leur apportant, parmi bien d'autres, notre petite part de souffrances et de tendresse.

Bien au-delà des histoires familiales, nous faisons l'expérience d'être imprégnés par les traces vivantes, secrètes, d'êtres innombrables. Bien plus vaste que celui de l'hérédité, un immense arbre généalogique culturel ascendant étend ses ramifications jusqu'à tous ceux qui ont influencé nos manières de vivre, de sentir et de penser.

Que ce soit la façon de se loger, de se nourrir, de travailler, de faire la fête lors d'une naissance, d'un mariage, de faire le deuil d'un défunt… Comment soigner et éduquer les enfants ou prendre soin des malades, des plus faibles… L'entraide, l'accueil, la tendresse, l'hospitalité…Comment résister et lutter contre les injustices… Bref comment lutter pour la vie, pour l'humain et contre les forces de mort.

Même si leur part d'ombre nous a aussi façonnés, le plus vital à l'intérieur de nous –mêmes, est nourri par les affrontements et les solidarités, les espérances et les craintes de tous ceux qui ont vécu depuis les débuts de l'humanité. Quand on rentre en soi-même, c'est fameusement "habité" !

Ce qui reste de l'autre, c'est ce qui a fait de nous ce que nous sommes devenus. Entre ma naissance et ma mort ce qu'il y a en moi de vraiment "humain " - et ce qu'il y a de moins humain ! – aura été influencé par bien plus d'une centaine de personnes (parents, amis, professeurs, animateurs de mouvements de jeunesse et d'adultes, acteurs sociaux, auteurs de livres et de films, musiciens, etc...). On pense souvent à la famille, à l'hérédité, mais c'est tellement plus large.

Entre sa naissance et sa mort à elle, chacune de ces personnes qui ont laissé en moi leur empreinte, avait elle-même été influencée par au moins cent autres personnes ! Si on remonte ainsi de deux générations, je porte en moi des traces de plus de 100 x 100 = 10.000 personnes qui vivaient environ au temps de mes grands-parents.

Si on remonte d'une génération en plus, je porte en moi des traces d'un million de personnes qui vivaient à l'époque de mes arrière-grands-parents ! Et si l'on remonte plus haut cela fait encore tellement plus de monde. C'est finalement tout le genre humain dont nous sommes les héritiers.

Tout cela ne se passe pas seulement entre individus mais aussi entre groupes, de façon collective, dans l'ensemble des réseaux qui tissent peu à peu l'humanité.

A notre tour, chacun de nous a influencé durant sa vie (en positif ou en négatif) au moins une centaine de personnes : enfants, élèves, amis, compagnons de travail, de loisir, personnes rencontrées. Trois générations plus tard, des traces de chacun de nous seront donc présentes dans un million de personnes qui vivront à l'époque de nos arrière-petits-enfants ou arrière-petits neveux.

Quoi que chacun en pense, qu'il le veuille et en soit conscient ou non, il restera quelque chose de lui : ce ne sera pas le "néant"

Quelle responsabilité ! Mais aussi quelle espérance… à condition d'avoir foi dans les femmes et les hommes d'aujourd'hui et de demain. Et cette foi-espérance en chacun au-delà de ce qu'il parait, n'est-elle pas le vrai défi ? […]

Défiant les pulsions de mort nous venant du passé et du présent, en nous et entre nous, un flux de choix pour la vie engendre ainsi « l'humain » : ce fond secret de générosité, de résistance à la cruauté et d'improbable amour caché au creux des femmes et des hommes.

Cet "humain" toujours menacé qui resurgit sans cesse avec blessures et guérisons, dans une aventure assez chaotique, soumise à de subites bifurcations.

Disparaitre et devenir présent autrement

[…] Plus tard ce qui reste de quelqu'un devient peu à peu non identifiable, anonyme. Les souvenirs deviennent des "traces" invisibles mais actives dans le cœur et l'esprit de tous ceux qui l'ont approché ; à travers eux, de proche en proche, elles en nourriront d'autres sans limites de temps ni de lieu.

Comme l'a écrit Paul Ricœur (2) : La survie, c'est les autres. Il s'agit de transférer sur l'autre l'amour de la vie. Cela vérifie et met à l'épreuve le détachement, la disponibilité pour l'essentiel, pour le fondamental. Je reporte avec confiance sur les autres, mes survivants, connus et inconnus la tâche de prendre la relève de mon désir d'être, de mon effort pour exister dans le temps des vivants.

Dans un grand respect d'autres convictions je suis de ceux qui croient que leurs "traces nourrissantes" dans les vivants d'aujourd'hui et de demain, seront la forme de leur vie après la mort.

Cela se vit dans ce qu'on peut appeler une "transmission créatrice" : nous recevons une part de "l'humain" en gestation et nous essayons de l'enrichir un peu tout en la transmettant autour de nous et aux suivants.

Participer à cette transmission créatrice de "l'humain" est une puissante source de sens pour la vie et face à la mort.

Nos mots nous viennent, par exemple, de ceux qui nous ont parlé ou que nous avons lus ; sans eux nous serions muets ! Ces mots, ils les avaient eux-mêmes appris d'autres et cela de proche en proche depuis l'invention du langage, cette naissance de l'humain dans l'humanité.

Récits, contes, poèmes, romans, essais et tragédies nous transmettent tant de force et de souffrance, de découvertes de "l'humain", de luttes et d'espoirs. […]

Faire mémoire

[…] Dans nos régions l'attitude face à la vie et à la mort a été très marquée par le judéo-christianisme. Grandi dans le judaïsme et nourri intérieurement par lui, Jésus de Nazareth, par ses paroles et par ses actes, l'a remis vigoureusement en question pour aller plus loin en humanité. Nous en avons retenu : "le sabbat est fait pour l'homme et non l'homme pour le sabbat" et bien d'autres choses. Il reste de lui la mémoire d'une vie à la fois fidèle et rebelle…et il en est mort !

On peut penser qu'après sa mort, comme à Emmaüs, ses disciples ont cherché à re-susciter sa mémoire et à la rendre nourrissante dans le rite symbolique fort de l'eucharistie.

Après un décès, il est vraiment vital de se réunir pour faire mémoire…Partager des expressions de sens et des rites réinventés ou puisés dans des textes et des rituels existants, humains ou religieux.

Ecouter des expressions libres de ceux qui ont connu le défunt… Faite à la fois d'ombres et de lumières, sa mémoire se met à vivre, re-suscitée, en chacun de ceux qui sont présents.

Entre eux des liens se renforcent et leur travail de deuil peut commencer.

Pour des chrétiens, le lien peut donc être fort avec le rite symbolique de l'eucharistie tel que présenté ci-dessus.

On peut alors dire :

  • Ce que tu as donné en d'autres fleurira
  • Ce que tu as chanté en d'autres jaillira
  • Ce que tu as offert en d'autres revivra
  • Ce que tu as semé en d'autres germera

André Gailly

(1) Extraits du livret : "Près de nous des fins de vie. Sens ou non- sens ?" 56 p. - Elle est disponible (2 euros + frais de port) chez André Gailly, Av. Gustave Latinis, 17, 1030 Bruxelles - Tél 0479/527080 - Courriel : andre.gailly@yahoo.fr - L'édition 2012 a été assez bien retravaillée grâce aux réactions reçues. (Voir rubrique : "Quelques livres" LPC 6/2009 page 22) (retour)
(2) Paul Ricœur - "Vivant jusqu'à la mort" - Ed. du Seuil 2007 (retour)
1 avril 2014 2 01 /04 /avril /2014 14:08
Alain Dupuis Y aurait-il de l'éternel dans nos vies ?
Alain Dupuis
LPC n° 25 / 2014

"On ira tous au paradis…" chantait Michel Polnareff. Et voici qu'un éminent bibliste protestant et une psychanalyste de renom paraphrasent ce titre (1) pour débattre du bien-fondé "chrétien" d'une telle espérance…

Il y a là un double thème aussi vieux que notre humanité : d'une part, le refus de la mort comme anéantissement de tout notre être : une conscience, un regard, une sensibilité qui, le temps d'une vie, ont signifié découverte, savoir, savoir-faire, communication, émerveillement, révolte, jugement de valeur, amour-tendresse, amour-passion, plaisir, souffrance, relations, ruptures, alliances, arrachements.

Et d'autre part l'attente d'une juste rétribution/compensation pour les efforts, les épreuves surmontées et les souffrances subies en cette vie.

Aujourd'hui, dans notre culture occidentale rationaliste, le discours de la plupart de ces traditions, leurs croyances, leurs dogmes, leur cosmologie et leur anthropologie, leurs rituels, leurs lois morales, leurs explications et leurs promesses font figure de discours archaïques, dépassés parce qu'irrationnels". Le christianisme n'y échappe pas.

L'anthropologie considère que les rituels funéraires furent une des premières marques d'humanisation chez nos lointains ancêtres hominidés. Ils témoignent du refus d'assimiler la personne du défunt et sa dépouille au reste des déchets et cadavres abandonnés par la nature au fil des jours et des saisons. Et quel que soit le degré d'élaboration des "religions" ou des "sagesses", sous toutes les latitudes, la plupart mettent en scène une "vie après-mort", et le lien (religio) des vivants avec un monde supposé des esprits et des ancêtres (rites funéraires de l'Egypte ancienne, culte des ancêtres cher à l'Asie et aux animismes océaniens, africains et amérindiens, etc…).

Et ces cultures associent le plus souvent ces spéculations et constructions à la croyance en un jugement ou/et un nouveau sort constituant la rétribution post mortem à la mesure de la valeur des vies écoulées.

L'exception du judaïsme ancien !… (2)

Compte tenu de l'impact de la pensée juive (biblique, en tout cas) sur notre culture occidentale, nos schémas mentaux, nos représentations du monde, notre anthropologie et notre système de valeur, un détour par le judaïsme s'impose.

a) Une "religion" sans "au-delà" !

Le premier constat, considérable, est que le judaïsme est resté, très longtemps presque totalement réfractaire à l'idée même d'une "vie après la mort" !

Jusqu'à la fin de l'exil babylonien (6ème siècle av. J.C.), et même jusqu'au milieu du 2ème siècle av. J.C., les écritures juives n'évoquent pratiquement jamais l'hypothèse d'une vie après la mort. Les défunts s'évanouissent dans un monde inférieur, le "shéol" (Hadès, en grec) dans un état proche du néant.

En fait, même si l'idée de rétribution pour une conduite juste ou injuste, est obsessionnelle et structurante de la religion juive (Loi divine oblige), celle-ci ne peut avoir lieu QUE dans le cadre et les limites concrètes de cette vie : "bénédiction divine", octroyée sous forme de prospérité, santé, abondance des biens, nombreuse descendance, plaisirs ordinaires de la vie, et, surtout, longévité heureuse…à quoi il convient d'ajouter une très spirituelle jubilation intérieure du juste "en Dieu", opposée à l'affliction des pécheurs.

Pourtant, la littérature post exilique, pétrie d'influences étrangères (Mésopotamie, Perse), commença à mettre en question sérieusement ce système :

Comment des gens parfaitement justes, et donc bénis par Dieu, peuvent-ils, tout à coup, sans faute connue, se retrouver accablés de tous les maux ?

Le Livre de Job pose la question. Il argumente, accuse, plaide tout et le contraire de tout…pour finalement conclure à "un mystère" qui dépasse l'homme. Job, enfin convaincu par Dieu lui-même, et convaincu que ce mystère le dépasse, sera rétabli dans toutes ses félicités terrestres premières : retour à la case départ. "Circulez, il n'y avait rien à voir, sauf le bon vouloir de Dieu ! " semble nous dire ce livre.

Le Qohélet, quant à lui, d'une modernité saisissante, relève le caractère éphémère et illusoire de toute vie et de tout ce qui la constitue : jeunesse, beauté, gloire, richesses, intelligence, sagesse, savoir, pouvoir, amours, plaisirs, tout n'est que "vapeur" et retourne au néant !

Pour lui, la rétribution n'est qu'une chimère de plus : des justes galèrent tandis que des salopards se gobergent dans l'opulence et la jouissance. Conclusion, Dieu ou pas : "Le sort final de l'homme est le même que celui des bêtes…Toute vie se termine de la même manière. Tout être retourne à la terre dont il a été formé. Personne ne peut affirmer que le souffle de vie propre aux humains s'élève vers le haut tandis que celui des bêtes doit disparaître dans la terre." (Qo 3,19-21)

b) Mais alors, la justice n'exige-t-elle pas une rétribution post mortem ?

Les spécialistes situent le tournant historique de la pensée juive sur cette question de la rétribution à la grande et longue crise d'identité juive marquée par le règne de la dynastie hellénique des Séleucides et de ce qu'on appela "la révolte des Maccabées", au milieu du 2ème siècle av. J.C. : au-delà de la domination politique étrangère (hellénique et romaine) sur la nation, l'enjeu était d'accepter, ou non, ou jusqu'à quel degré, l'hellénisation/mondialisation de la culture, de la société et, chose plus grave, de la religion juive.

Cette crise fut l'occasion de nouvelles approches de la rétribution des justes : quelle compensation pour tous ces héros, qui, au fil de toutes ces années de violence, et en particulier après l'édit de persécution d'Antiochos IV Épiphane, avaient perdu la vie pour la défense de la "vraie" religion, par fidélité absolue au Dieu d' Israël ?

  • Une version individuelle pour les "martyrs" fidèles au Dieu unique des juifs.

    Patrice Bergeron résume ainsi l'enjeu : "…de ces persécutions surgira la conviction suivante : si quelqu'un a accepté de mourir au lieu de renier la foi de ses pères, si quelqu'un est resté fidèle à la Loi jusqu'au martyre, plutôt que de rendre un culte aux idoles, il faut que Dieu le récompense après la mort. De ces épisodes sombres est donc née la croyance en un après, à une récompense, une rétribution au-delà de la mort :

    "Après lui avoir arraché la peau de la tête avec les cheveux, on lui demanda : « mangeras-tu du porc plutôt que de subir la torture de ton corps… ? Mais il répondit, dans la langue de ses pères, " Non !"…. Au moment de rendre le dernier soupir il dit : "Scélérat que tu es, tu nous exclus de la vie présente, mais le roi du monde, parce que nous serons morts pour ses lois, nous ressuscitera pour une vie éternelle." (2 Maccabées 7, 7-9).

    Et comme la pensée sémitique reste totalement imperméable à toute distinction dualiste entre "corps" et "âme" dans l'homme, toute idée de résurrection post mortem concerne obligatoirement toute la "personne", physique et psychique. Bref ! La fameuse "résurrection de la chair"…

  • La version collectiviste et cosmique de la victoire / revanche du peuple élu et de son Dieu sur les païens et ce monde mauvais.

    Malgré des antécédents en période exilique (Livre d' Ezéchiel, 587 av.J.C.) on vit au 2ème siècle fleurir la littérature de genre apocalyptique dont le Livre de Daniel (vers 164 av.J.C.) constitue le modèle type, et en fixe les formes essentielles.

    On doit à ce genre, probablement hérité du mazdéisme perse, beaucoup des croyances juives du 2ème siècle av.J.C, et du 1er de notre ère : la doctrine de la chute, l'affrontement dualiste entre (fils de) lumière et (fils des) ténèbres, les bons et les mauvais, l'opposition Dieu/monde, la résurrection collective des morts, les anges, les démons etc… Mais on lui doit sans doute aussi une autre certitude, beaucoup plus encombrante : le sentiment que le "peuple choisi" par le seul vrai Dieu l'emportera infailliblement, un jour, bientôt, sur tous les mécréants, malgré toutes les humiliations et persécutions en cours, et aura sa revanche ! À lui la terre, aux autres, le châtiment du feu !

    À noter qu'Ici, le dénouement de l'histoire, toujours annoncé comme imminent, avec assujettissement du monde entier aux élus du seul vrai Dieu, doit se réaliser sous la férule d'un "messie", ou d'un "fils d'homme" chargé d'instaurer ce "règne de Dieu" en ce monde, même renouvelé de fond en comble.

  • La version sapientielle spiritualiste…

    Quelques décennies plus tard, le Livre de la Sagesse écrit entre 50 et 30 av. JC, à Alexandrie, haut lieu du brassage des cultures juive et grecque, marquera une autre approche, subtile, du thème lancinant de la rétribution, sans rupture avec la vie…

    Résurrection ? Ou immortalité ?

    L'introduction au livre de la Sagesse dans la TOB dit de l'auteur du livre que "Deux mots typiquement grecs résument chez lui l'idée d'une récompense future des justes : " immortalité" (1,15 ; 3,4 ; 4,1 ; 8,17 ; 15,3) et "incorruptibilité" (2,23 ; 6,18-19). Il veut faire comprendre à ses lecteurs que la vie des justes ne s'arrête pas avec la mort physique, mais qu'elle se prolonge éternellement et glorieusement auprès de Dieu".

    Ainsi : "Le juste est assuré de l'immortalité car Dieu n'a pas fait la mort, il ne prend pas plaisir à la perte des vivants. Il a tout créé pour l'être ; les créatures du monde sont saines, en elles il n'est aucun poison de mort (…) car la justice (c.-à-d. la vie conforme au vouloir divin - ndlr -) est immortelle." (Sg 1,13-15) Et encore :"L'immortalité se trouve dans la parenté avec la Sagesse"(Sg 8, 17)

    Avec ces deux notions d'immortalité et d'incorruptibilité liées à la conformité (parenté) d'une vie humaine à la Sagesse divine, ne sommes-nous pas sur une tout autre piste que celle d'une problématique "résurrection de la chair" le scénario du spectaculaire jugement qui va s'imposer plus tard ? Ne s'orientait-on pas plutôt vers l'hypothèse qu'une "vie juste" débouche tout naturellement sur la Vie en plénitude ? Et pourtant…

Avec le christianisme, quoi de neuf ?…

Ce que nous appelons aujourd'hui, à tort ou à raison, "christianisme", est né au milieu d'une période d'ébullition apocalyptique du judaïsme palestinien et judéen.

Alors à la question "quoi de neuf ?", on a envie de répondre : un indéchiffrable recyclage et méli-mélo de toutes les croyances, conceptions, peurs et espérances qui circulaient dans le judaïsme du premier siècle, et un fébrile jeu de copié-collé biblique depuis les origines, pour tenter d' "enchâsser" l'atypique rabbi Jésus de Nazareth, son aventure, ses actes, sa parole et sa mort atroce, dans du "déjà connu, déjà su" (Maurice Bellet). Ainsi se bâtirent, autour de lui, une ou plusieurs "doctrines de salut", pas forcément toujours cohérentes ni compatibles entre elles.

Deux choses émergent, professées par ce mouvement très hétérogène des adeptes de Jésus de Nazareth, dès les premières années qui suivent sa mort :

  • Une certitude très partagée (Unanime ? Ce n'est pas sûr…) : le crucifié de Jérusalem serait vivant – en Dieu ? Auprès de Dieu ? Dieu lui-même ? – et pour toujours !
  • Un message : il annonce et promet à ceux qui l'écoutent et le suivent, moyennant un changement radical de mentalité, l'accès au salut que tous attendent, et qu'il désigne comme Royaume de Dieu, Vie éternelle, Vie en abondance, joie parfaite, et qu'il présente à la fois comme une réalité déjà présente, à portée de main, dès maintenant, et au-delà de la contingence actuelle.

Comme nous l'avons évoqué plus haut, croire Jésus "vivant" est dans la stricte logique des idées professées par certains milieux juifs : le Juste (l'ami de Dieu) ne peut connaître la corruption. C'est le fond de la foi que Luc, dans les Actes, fait proclamer publiquement à plusieurs reprises par un Pierre citant, par exemple, le psaume 16: Tu n'abandonneras pas mon âme à l'Hadès et ne laisseras pas ton saint voir la corruption. Tu m'as fait connaître les chemins de vie, tu me rempliras de joie en ta présence (Ps 16, 8-11- Ac.3, 22-28)

En milieu populaire juif de ce temps, cette certitude pouvait-elle être exprimée autrement qu'en termes de résurrection corporelle ? Il convient d'en tenir compte pour notre réflexion d'aujourd'hui… Pour Paul, pharisien adepte de la "résurrection des morts", Jésus est simplement le "premier-né d'entre les morts", "le premier-né d'une multitude de frères" (Rom 8, 29 ; Col 1, 18)

La seconde nouveauté, en revanche, est peut-être plus percutante pour le sujet qui nous occupe ici : "Que dois-je faire pour accéder à la vie éternelle ?"

Henri Persoz, à la fois scientifique et théologien, choisit de conclure son passionnant petit ouvrage "Impensable résurrection" (3) sur l'épisode (Lc 10,25-37) où Jésus est confronté à un "légiste", spécialiste s'il en est de la religion et du salut. Le légiste lui pose bien la question qui nous hante : "Que dois-je faire pour recevoir en partage la vie éternelle ?"

Comme souvent, Jésus retourne la question : toi, le spécialiste de la Loi, qu'en dis-tu ? Que dit la Loi ? "Tu aimeras le Seigneur ton Dieu de tout ton cœur, de toute ton âme de toute ta force et de toute ta pensée et ton prochain comme toi-même".

"Par rapport à toutes ces questions de vie éternelle et de résurrection" nous dit Persoz, "Jésus prend du recul car il dit au scribe "Va, fais cela et tu vivras". Jésus dévie donc la question du scribe, il la ramène (il le ramène, lui, le scribe) sur la terre, il ne s'encombre pas de considérations sur l'au-delà, parle simplement de vivre, de vivre dans cet aujourd'hui qui se présente, de vivre en plénitude, dans la proximité de Dieu, de goûter le vrai bonheur. "Va, fais cela et tu vivras".

Puis Persoz fait remarquer que l'évangile, ici, rapproche deux commandements qui, dans l'Ancien testament figurent dans deux livres fort éloignés (Deutéronome et Lévitique), marquant ainsi une évidence nouvelle : "pas de Dieu sans prochain, pas de prochain sans Dieu" remarque-t-il, citant St Augustin : "Aime ton prochain ; et considère en toi la source de cet amour du prochain ; là autant qu'il est possible, tu verras Dieu…" (Traité sur l'évangile de Jean, 17,8). C'est alors que survient la question insolite du légiste : mais… "Qui est mon prochain" ?

Aujourd'hui, on s'attendrait plutôt à la question : "Mais qui est Dieu" ?

"Le légiste, dit Persoz, Dieu, il connaît. Il le prie tous les jours, il le rencontre au Temple, il l'écoute à travers la lecture de la Thora. Il le cerne bien, pas de problème. Mais le prochain, qui est-il, où est-il ?

Et Jésus, comme à son habitude, retourne la situation et fait surgir l'inattendu : à la fin de la parabole, la question de Jésus n'est pas : "As-tu compris que le blessé est ton prochain ?" mais "Qui s'est fait prochain de l'homme blessé?"

Et le légiste n'hésite pas : "Celui qui a fait preuve de bonté… "

Pour Jésus, il ne s'agit pas de ratiociner sur qui est ou n'est pas mon prochain (juif-pas juif, pur-impur, vertueux-pécheur, citoyen-étranger) mais de devenir, soi-même, intérieurement, un "prochain": un être attentif, compatissant, au service de toute vie et de ses besoins, comme le fut le Samaritain…Il ne s'agit plus tant de "faire" du bien, que d' "être" bon…Ce qui n'est pas forcément la même chose…

Et l'éternité dans tout ça ?

On est tenté de répondre, en forme de boutade : mais ça y est, Jésus a répondu à cette question au paragraphe précédent… Est-ce vraiment une boutade ?

L'auteure de l' "Anticatéchisme, pour un christianisme à venir" (Albin Michel) qui écrit sous le pseudonyme de Pietro de Paoli, à la page "Éternité ", propose la réflexion suivante : "Non, l'éternité n'est pas une sorte de super Club Med pour les siècles des siècles. (…)

Mais "combien de fois, avons-nous souhaité qu'à un instant précis, le temps s'arrête ? (…) Quoi, vous haussez les épaules, vous ne vous laissez pas prendre à ce miroir aux alouettes, vous êtes des esprits forts, vous croyez que ce qui compte, c'est ce qui se passe ici et maintenant, au présent ! Eh bien, c'est précisément de quoi l'éternité nous parle. L'éternité nous parle du présent, c'est-à-dire très exactement de ce à quoi nous aspirons.

"Vivre au présent, être pleinement présent à nous-mêmes et aux autres, avoir une parole si vraie, si juste qu'elle serait nous, tout simplement. Alors nous serions enfin unifiés en nous-mêmes, (…) nous conjuguerions nos vies, nos pensées, nos relations au présent infini, au présent éternel. Oui, comme Dieu !…

"Et nous en avons déjà l'expérience. N'est-ce pas ce que nous éprouvons parfois, de façon fugace dans la perfection d'un instant, d'un regard échangé, d'une parole juste et vraie ? " (P.95-96).

Le moine bouddhiste zen vietnamien Thich Nhat Hanh intitule le chapitre 6 de son petit ouvrage "Il n'y a ni peur ni mort" (La table ronde 2003) : L'adresse du bonheur : Si vous voulez savoir – écrit-il d'emblée – où vivent Dieu, les bouddhas et tous les grands êtres, je peux vous le dire. Voici leur adresse : Ici et maintenant. C'est tout ce qu'il vous faut savoir…"

Le 4ème évangile, dit de Jean, au chapitre 17, met dans la bouche de Jésus une longue prière /testament, qui ne nous dit sans doute pas grand-chose sur ce que pensait Jésus, mais en revanche beaucoup sur la "spiritualité" de l'auteur. Même si on peut être réservé sur le contenu théologique de ce long discours, on a envie de rapprocher un verset du propos que nous venons de lire. Parlant des disciples, Jésus dit : "Père, je veux que là où je suis, ils soient aussi avec moi, pour qu'ils contemplent la gloire que tu m'as donnée…" (V.24.)

L'auteur ne fait pas parler Jésus au futur, mais au présent. Au présent immédiat qui est aussi le lieu de la Présence de Dieu, souvent désignée comme "gloire" dans cet évangile.

Mais alors le jugement, dans tout ça ?

Comme nous l'avons dit plus haut, les textes du Nouveau testament, lettres de Paul, évangiles synoptiques, actes des apôtres, littérature johannique (4), tout ça brasse toutes les idées les plus sages et les plus folles qui occupaient l'imaginaire religieux des hommes de ce temps et de cette région. Impossible de dire quelles étaient les croyances de Jésus dans tout cet arsenal.

Daniel Marguerat et Marie Balmary, par exemple, dans leur joute exégétique autour du thème du jugement nous fournissent la preuve que, même avec les meilleures dispositions du monde, suivant notre culture (protestante, bibliste et moraliste pour Marguerat, catholique, psychanalytique et mystique (?) pour M.Balmary), on n' "entend" pas vraiment la même chose à travers ces textes.

Une chose est certaine, toutes les allusions, directes ou indirectes, à un scénario de jugement dernier, prochain, voire imminent contenu dans les textes néotestamentaires (Ex : Mt ch.24 ; Mc 13 ; Lc 21 ; 2Th 1,6-12, 2, 3-12 ; 2P 3, 10, etc…) sont construites, inspirées, calquées sur des apocalypses juives anciennes ou du moment, circulant dans le milieu.

Henri Persoz montre comment Paul, d'épître en épître, sur les 10 années de son apostolat, est obligé sans cesse de "revoir sa copie"…et comment, au chapitre 6 de l'épître aux Romains, le scénario résurrection / jugement ne fait plus partie du "catéchisme" de l'apôtre.

A la question légitime : "mais comment est-ce possible que les 'promesses' divines de la Bible ne s'accomplissent pas ? " Vito Mancuso, dans son ouvrage "De l'âme et de son destin" (Albin Michel 2009) ose tranquillement ceci : "C'est que Dieu n'est jamais intervenu directement dans l'histoire et que les promesses ne proviennent pas de lui, même si elles sont écrites dans la Bible (…) C'est pourquoi le christianisme n'est pas une religion du livre…

"Ce qu'il faut abolir en théologie, c'est la catégorie du futur (…) comme nous y invite la littérature sapientiale de la Bible hébraïque, qui à mon avis représente le point culminant de toute la Bible en termes de maturité spirituelle dans le rapport au monde. La catégorie du futur n'a rien à voir avec l'éternité, qui est la seule véritable dimension du divin." (p.317)

Manière de dire que, Dieu étant éternel Présent, si le fameux jugement n'a encore jamais eu lieu, c'est tout simplement parce qu'il n'aura jamais lieu. Tout se joue au présent, ici et maintenant. Comment donc ?

Peut-être une clé de réponse est-elle dans ces enseignements, entre beaucoup d'autres, attribués à Jésus, et qu'on lit habituellement de manière beaucoup trop moralisante et superficielle :

"Ne jugez pas pour n'être pas jugés. Car du jugement dont vous jugez, vous serez jugés. (Mt 7, 1-2)

Et ne condamnez pas et vous ne serez pas condamnés. Absolvez et vous serez absous. (Lc 6,37)

Le juif Sigmund Freud pensait, et à sa suite une partie des psychanalystes contemporains, que l'imaginaire du jugement dernier des apocalypses était lié à l'immaturité de cultures qui véhiculent une notion infantile de la justice, faite de jalousie à l'égard des autres (les méchants), et de rêve de revanche spectaculaire et définitive sur eux, dans lequel on instrumentalise un Dieu-tout-puissant fantasmé, faute d'en avoir soi-même le pouvoir. Le juif Karl Marx inventa sans doute une "apocalypse" sans Dieu, où les "damnés de la terre" auraient hérité de sa toute-puissance pour imposer leur règne. On peut parfois s'inquiéter de ce qu'une certaine "théologie de la libération" n'enfourche le même cheval des pauvres et des victimes marchant derrière un Dieu justicier pour inverser le cours de l'histoire…

Et si l'abandon (si difficile et si couteux !) de toute idée de jugement, de justice rétributive, de revanche pour soi, et pour autrui, était le test de notre sortie de l'infantilisme spirituel et de notre accès à la maturité ?

Pour conclure : quelle rétribution ? AUCUNE !

"Donnez ! Et il vous sera donné : une mesure belle, tassée, secouée, débordante sera versée dans votre sein. De la mesure dont vous mesurez pour le don, il vous sera donné en retour !" (Lc 6, 38)

"Vous avez reçu gratuitement, donnez gratuitement." (Mt 10, 8)

On serait plutôt en régime de totale gratuité, et de vases communicants : plus je me vide, plus je me remplis… De quoi ? De qui ?

Et si je renonce à juger, il n'y a plus de jugement…

Plus je donne, plus je reçois, au point que ça déborde !

Mais de toute manière, je ne peux donner d'authentique que ce que je reçois. Et comme ce que je reçois de Vie est gratuit, comment ne pas la donner gratuitement ?

Et comme tout ça, ici, maintenant, au jour le jour, c'est la VIE en moi, devenue partie de moi, devenue moi, et que cette vie-là, elle est l'éternel Présent….Il n'y a ni peur, ni mort, ni jugement…

"Fais cela, et tu vivras…" et … à la grâce de Dieu !

 

Alain Dupuis

(1) "Nous irons tous au paradis". (Albin Michel 2012) Daniel Marguerat et Marie Balmary. (retour)
(2) On consultera avec profit ce thème, sur Google, le "dossier interBible" : la mort et l'au-delà dans la Bible, travail collectif de S.Doane, P. Bergeron, Y. Guillemette. (retour)
(3) Henri Persoz : " Impensable résurrection" Ed. Passiflores 2012 (retour)
(4) On entend par là tous les textes du N.T. attribués à Jean : 4ème évangile, Épîtres, Apocalypse, étant bien entendu que tous ces textes, même s'ils relèvent du même courant théologique, sont d'auteurs diverses, et généralement non identifiés (retour)