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10 novembre 2018 6 10 /11 /novembre /2018 09:00
Christiane Janssens - Van den Meersschautbateau lpcCeux qui vont mourir nous apprennent à vivre
Christiane Janssens - Van den Meersschaut. Novembre 1998

C'est le sous-titre que Marie de HENNEZEL donne à son livre "La mort intime". En ce temps de Toussaint, il me plaît de relire ce livre magnifique et pour reprendre les termes de François MITTERRAND dans sa préface : "découvrir une leçon de vie et la lumière qu'elle disperse est plus intense que bien des traités de sagesse".

Marie de HENNEZEL accompagne les personnes au bout de leur vie, afin de mieux les aider à appréhender la mort, sans la banaliser, ni nier la solitude et la détresse qui l'entourent. Après 7 ans d'expérience, par ce livre, elle va tenter d'explorer un miracle :

"Alors que la mort est si proche, que la tristesse et la souffrance dominent, il peut encore y avoir de la vie, de la joie, des mouvements d'âme d'une profondeur et d'une intensité parfois encore jamais vécues car mourir n’est pas comme nous le croyons si souvent, un temps absurde, dépourvu de sens. Sans diminuer la douleur d'un chemin fait de deuils, de renoncements, j'aimerais montrer combien le temps qui précède la mort peut _être aussi celui d'un accomplissement de la personne et d'une transformation de l'entourage. Bien des choses peuvent encore se vivre."

"Dans un champ plus subtil, plus intérieur; dans le champ de la relation aux autres. Quand on ne peut plus rien faire, on peut encore aimer et se sentir aimé, et bien des mourants, au moment de quitter la vie, nous ont Lancé ce message poignant: ne passez pas à côté de la vie ; ne passez pas à côté de l’amour"

"Les derniers moments de la vie d'un être aimé peuvent être l'occasion d'aller le plus loin possible avec cette personne. Se préparer à mourir signifie en fait creuser le plus profondément possible le lit de sa relation aux autres, apprendre à s’abandonner.

Combien d’entre nous saisissent cette occasion ?_ Au lieu de regarder en face la réalité de la proximité de la mort, on fait comme si elle n'allait pas venir. On ment à l'autre. on se ment à soi-même , et, au lieu de se dire l'essentiel, au lieu d'échanger des paroles d’amour, de gratitude, de pardon, au lieu de s'appuyer les uns sur les autres pour traverser ce moment incomparable qu'est la mort d'un être aimé, en mettant en commun toute la sagesse, l'humour et l'amour dont l'être humain est capable pour affronter la mort, au lieu de cela, ce moment unique , essentiel de la vie, est entouré de silence et de solitude"

"Bien sûr la maladie est une ennemie à combattre. La mort, elle, n'en est pas une.

Car contre elle, peut-on quelque chose? La mort fait partie de la vie, elle est inévitable. Il a deux façons alors de réagir : faire face ou fuir."

Pour cela, l'auteur nous invite "à choisir de soulager: de veiller au confort de ses malades mourants et de les accompagner jusqu’au bout. La pire solitude pour un mourant est de ne pouvoir annoncer à ses proches qu'il va mourir, le mourant le sait. II a seulement besoin qu'on l'aide à dire ce qu'il sait. Il nous faut écouter le malade et le laisser dire ce dont il a besoin, ce qu'il ressent. C'est comme cela que nous pouvons les aider. Car ceux qui ont un geste spontané de compassion ne savent sans doute pas quel bien ils font. Ils invitent sans même le savoir: ceux qu’ils touchent ainsi, à s'abandonner avec confiance aux mouvements de leur âme ."

C'est ainsi que Marcelle a pu répondre à la question de son petit Paul de 8 ans : Dis, mémé, je ne te verrai plus, quand tu seras partie ?", tandis qu'il était venu mettre ses bras autour de son cou. Devant toute la famille rassemblée, elle a dit : "La mort, c'est comme bateau qui s'éloigne vers l'horizon. Il y a un moment où il disparaît. Mais ce n'est pas parce qu'on ne le voit plus qu'il n'existe plus." Peut-il y avoir manière plus simple et plus belle de dire la mort à un enfant ?

Evidemment, nous continuerons à nous demander : "Où vont ceux qui nous quittent? Question douloureuse pour beaucoup, plantée comme une écharde au cœur de notre humanité. Sans cette question, aurions-nous développé tant de philosophie, de réponses métaphysiques, tant de mythes ?"

"Ceux qui approchent la mort découvrent parfois que l'expérience de l'au-delà leur est proposée dans l'expérience même de la rie, ici et maintenant. La vie ne nous promène­t-elle pas d'un au-delà à l'autre, au-delà de nous-mêmes, au-delà de nos certitudes, au-delà de nos jugements, au-delà de nos égoïsmes, au-delà des apparences ? Ne nous invite-t-elle pas à de constantes avancées et remises en question, à de constants dépassements ?"

La lecture de ce livre m'a fait penser à toi, douce Maïté.

Nous riions joyeusement toutes les deux sur le parvis de l'église, tandis que tu me demandas de nous arrêter parce qu'une douleur lancinante te taraudait le dos à chaque éclat de rire. Le même soir, à ta demande, François, ton mari, nous annonçait ton hospitalisation et ton cancer de la plèvre.

Nous nous sommes beaucoup vues, tu me parlais de ton combat, tu m'associais à tes projets de retour à Paris, afin que tes trois bouts de choux retrouvent ta famille qui y demeurait.

Un jour, tu me demandas d'être près de toi pour recevoir le sacrement des malades. Moi, qui ne savais que te dire, face à ta maladie, je m'étais juré de t'inviter à nous libérer de nos silences. Timidement, je t'ai tendu des perches. Tu m'as répondu en me montrant les photos d'une maison, d'un avenir auquel toutes les deux, nous le savions très bien, nous ne croyions pas. Soulagée, sans doute, j'ai respecté ton silence, et nous avons fait "comme si". Le prêtre est arrivé, il récita seul, très rapidement, une prière, il nous donna le "pain de vie" et partit. Nous étions deux à "communier" et cependant, nous passions à côté de l'essentiel.

Plus tard, tu m'appelas à Paris. Je te retrouvais, petit oiseau blessé, m'appelant par mon nom, mais tellement confuse, que nous nous sommes quittées sans pouvoir nous dire mot. Qu'il est lourd ton départ, mon amie, alors que nous n'avons pas eu le courage de nous dire adieu. Nous sommes passées à côté de l'essentiel de notre amitié : "vivre ta mort''. Certains soirs, j'en pleure encore !

C'est pourquoi, sans doute, le livre de Marie de HENNEZEL m'a profondément interpellée et avec lui, s'est ouvert doucement un chemin de réflexion qui m'induira, je l'espère, à un comportement plus assertif face aux derniers instants de la vie. Tous les mots que je voudrais ajouter seraient bien en deçà de ceux du livre, c'est pourquoi, je ne peux que vous inviter à le lire.

Christiane Janssens - Van den Meersschaut. Novembre 1998

"La mort intime" de M1arie de HENNEZEL - Ed. Robert Laffont - Col. Aider la vie

  • Marie de HENNEZEL: psychologue, psychanalyste.
  • Elle pratique aussi l'haptonomie (approche tactile affective). Présidente de l'association "Sida et Ressourcement".
  • Animatrice de séminaires sur l'accompagnement de la fin de vie.
27 mai 2017 6 27 /05 /mai /2017 18:20
Gisèle Brouwer-OleffeFunérailles de Gisèle
 

C’est avec tristesse que nous vous annonçons le décès de notre amie Gisèle Brouwer-Oleffe. Elle nous a quitté le 17 mai 2017, la cérémonie d’adieu a eu lieu le 23 mai au crématorium d’Uccle.

C’est à la fin des années nonante, au cours de nos rencontres mensuelles, que nous avons appris à connaître notre amie Gisèle. Et plus particulièrement dans notre petit groupe de réflexion, où durant de nombreuses années, nous nous sommes découverts à travers des échanges vrais et sincères, remettant en question notre héritage spirituel.

Nous garderons de Gisèle le souvenir d’une grande dame à la forte personnalité. Une vraie libre penseuse chrétienne. Nous avons toujours apprécié la franchise avec laquelle elle se livrait et exprimait ses questions et sa pensée souvent très nuancée, mais aussi son écoute attentive tout en prenant de nombreuses notes.

C’est toujours avec bonne humeur, qu’après nos réunions, nous partagions fraternellement nos tartines et les nouvelles familiales de chacun.

Lorsqu’en 2008, mon épouse et moi, avons repris la rédaction de la revue LPC, Gisèle nous a soutenus dès le début et a intégré le groupe de gestion, jusqu’en mai 2016. C’était une lectrice assidue de la revue, étudiant en profondeur les articles.

Gisèle était en recherche, en questionnement, comme nous tous. Librement, elle a tracé son chemin personnel. Aujourd’hui… peut-être, a-t-elle trouvé des réponses à ses questions ?

Quelles étaient ses convictions spirituelles? Ce n’est pas à nous de les dire ! C’est pourquoi je voudrais lui laisser la parole en proposant à votre réflexion un court passage d’un texte paru dans la revue en 2000.

"Quand j’ai pris toutes les précautions pour «ne pas faire d’images de Dieu », comment puis-je exprimer ce que je veux dire par : Je crois en Dieu ?

Il est difficile de répondre à une question sur la foi en Dieu car on est dans le domaine du mystère et des approximations. …Dieu étant par définition, s’il existe, inexprimable.

Tout ce que je puis dire, c’est ce désir profond, que je ressens , de «quelque chose » qui me comblerait tout-à-fait, qui m’éveillerait à plus que moi-même.

Bernard Feillet parle du « désir infini » qui est la seule chose dont nous soyons sûrs.

…Pour essayer de répondre quand même un peu plus à la question, disons que je ne peux évidemment plus croire aux images de Dieu telle que formulées dans le credo : un Dieu tout-puissant, créateur, tenant notre vie dans sa main et dont il faut suivre la volonté pour être sauvé.

J’espère simplement et profondément qu’il existe un Etre bienveillant- que je sens parfois- qui puisse un jour répondre à mon attente. Peut-être un « Amour infini » que nous pourrons atteindre au- delà de notre vie terrestre ?

Mais n’est-ce pas déjà trop dire ?

Ma foi en Dieu est donc loin d’une certitude, mais cette incertitude, même si elle est parfois inconfortable, n’est pas source d’angoisse. C’est une attente plutôt sereine, une confiance dans ce qui pourrait être.

Ma réflexion, telle que je viens de l’exprimer aujourd’hui s’élabore petit- à- petit, grâce à des apports nouveaux (lectures, rencontres : LPC par exemple) en m’écartant de plus en plus du contenu dogmatique et autoritaire de la religion de ma jeunesse, qui a eu sans doute un effet positif sur ma vie, mais a en même temps été une entrave dont j’ai dû me libérer pour progresser, ce qui fut une vraie source de joie".

Merci, Gisèle, pour ce que tu as été pour nous. Tu nous manqueras.

1 octobre 2010 5 01 /10 /octobre /2010 12:23
bateau lpc Hommage et reconnaissance à Isidore Cordemans. (1)
Luc Bossus, Marguerite-Marie James, Charles Vandenhove et Christiane Van den Meersschaut
LPC n° 11 / 2010

Isidore, Cher Isidore,

Ce qui nous rassemble ici ce matin, si nombreux et si émus, dans ta paroisse de cœur, c'est la trace que tu laisses en nous par ta personnalité. Comme nous avons pu le voir et l'entendre, tu vivais pour Bernadette, pour tes enfants, pour tes petits-enfants, comme quand tu leur as murmuré avant de partir : "Je vous aime tous !" Ta vie d'amour et de service, tu l'as librement bâtie, en te référant à l'essentiel des valeurs évangéliques, que tu avais pu redécouvrir à la lumière de l'exégèse contemporaine, au-delà de tout dogmatisme.

Nous sommes très tristes, Isidore, et les mots sont difficiles ! Il y a tant de choses à dire et le temps m'est compté ! Je voudrais te dire que, dans l'aventure "Libre pensée chrétienne", tu étais l'homme orchestre, zélé dans chacune de nos activités : en équipe de gestion, de réflexion, aux rencontres du samedi, à la correction de la revue, aux relations avec le lycée Maria Assumpta.

L'évangile nous parle de serviteur, de service aux autres. A "LPC", tu nous as donné l'image d'un serviteur humble, discret, abattant dans le secret, avec enthousiasme, des tâches parfois bien ingrates ; comme les comptes, les corrections de la revue, les fiches pour la bibliothèque, la mise en place et le rangement du local de nos rencontres.

Tu te donnais à fond pour ce que tu croyais. C'est ainsi que tu ne venais jamais à une rencontre sans avoir pris du temps au préalable pour étudier les textes choisis, en mettant sur papier tes convictions profondes. Au fil des 17 années où nous avons cheminé ensemble, nous avons pu partager avec toi l'évolution qui fut la tienne. L'Evangile nous dit que Jésus parlait avec autorité, qu'il ne répétait pas, sans réfléchir, les enseignements du Temple, qu'il osait dire tout haut ce qu'il ressentait au plus profond de lui, et qu'il osait vivre selon sa propre Parole. A ton tour, toi non plus, tu n'as plus répété ce que l'on t'avait fait croire de façon si rigide, si culpabilisante, sans avoir médité, en groupe et personnellement, la Parole. C'est ainsi qu'alors, tu as pu vivre, partager, proclamer ta foi avec tes propres mots, avec ton intime conviction et que tu as écrit ton Credo. Tu as écrit d'autres textes, qu'Herman et moi venons de relire avec émotion, te retrouvant à chaque ligne.

Lors du décès d'André Verheyen, l'ami que tu étais, nous a été d'un très grand soutien. Tu nous as aidés à continuer l'œuvre qu'André avait entreprise et à laquelle nous croyons tant. Parfois, lorsque le découragement face à la tâche nous prenait, tu étais toujours là pour nous recevoir, nous écouter, nous encourager, nous apporter ton aide. Ton amitié, ta sagesse, ta tempérance nous étaient si précieuses. Merci !

Nous aimions ton humour, Isidore ! Avec Luc tu faisais la paire et nous aimions rire à vos côtés. Nous aimions aussi ces petits apéros improvisés après une rencontre du samedi, où nous faisions une évaluation de ce que nous venions de vivre, toujours dans le but d'être constructifs pour l'avenir de "LPC". Nous aimions encore la façon dont tu nous parlais de vos enfants ; nous pouvions sentir, oh combien ! tu les aimais et donc combien tu pouvais, selon les aléas de la vie, te faire du souci pour eux.

Pour ce chemin de vie, que tu voulais bâti sur des valeurs évangéliques, exemptes de toute niaiserie, nous te disons MERCI ! Avec toi, à LPC, nous avons pu nous délester de nos certitudes, pour relire l'évangile en y cherchant du neuf. Nous y avons découvert une vraie Bonne nouvelle, une saveur, une joie heureusement partagée.

Luc Bossus, Marguerite-Marie James, Charles Vandenhove et Christiane Van den Meersschaut

(1) Hommage prononcé au cours de la célébration du "passage" autour d'Isidore le 24 juillet 2010 (retour)
1 octobre 2010 5 01 /10 /octobre /2010 12:13
Funérailles sans pasteurs ni prêtres.
Eloge prononcé par Robert Nicole, en l'Eglise de La Sarraz (Suisse)
Robert Nicole
LPC n° 11 / 2010

Il y a trois ans, à la veille de subir une opération chirurgicale délicate, ma femme Marcelle écrivait : "Baptisée protestante, je n'ai participé à la Sainte Cène qu'une seule fois. Car pour moi, Dieu, le Père, me parle dans la nature dont les beautés m'émerveillent. Je suis persuadée que Dieu est en tout et que tout est en Dieu.

Cette foi peut paraître simpliste mais, si Dieu est en tout, on respecte son prochain, on évite de le blesser, de lui nuire. Sachant cela, si ma fin survenait, vous pourrez concocter une cérémonie funèbre, sans versets bibliques, mais en harmonie avec ce que je pense"

Le 18 mars 2010, ses filles s'exprimèrent pour dire leurs souvenirs, leur reconnaissance, leur amour.

A son époux, après 64 ans de vie commune, de conclure :

Chers enfants, chers parents, chers amis,

Tout a été dit… ou presque.

Pourquoi aucun représentant d'une religion n'a-t-il présidé cette cérémonie ?

Marcelle n'accordant pas crédit aux croyances comme l'Immaculée Conception, le Sacrifice du Fils par le Père, la Résurrection du corps, la Vie éternelle des élus, faire appel à un pasteur qui nous aurait parlé de cela aurait été à ses yeux pure hypocrisie.

Elle ne croyait pas davantage au culpabilisant Péché originel.

Nous pensons plutôt que, depuis quelques millions d'années, l'humanité émerge peu à peu de son animalité. Les premiers hommes ont imaginé que les forces à l'œuvre dans l'univers, étaient le fait de dieux dont l'image a constamment évolué au fur et à mesure que les connaissances scientifiques se faisaient jour. Les multiples dieux antiques ont finalement fait place à un dieu unique, un dieu esprit.

Les théologiens du Judaïsme, du Christianisme et de l'Islam vont chercher la parole du Dieu vivant dans des écrits qui datent de plusieurs siècles, textes rédigés par des hommes dont les connaissances étaient infiniment moins étendues que les nôtres.

Question : Depuis la rédaction de ces livres, pendant deux millénaires, Dieu ne nous a-t-il donc jamais parlé ? Par les grands philosophes et hommes de science, les yeux des hommes se sont pourtant ouverts sur l'Univers et sur tout ce qu'il contient, y compris sur nous-mêmes.

Contrairement aux théologiens, Jésus, que nous considérons comme un des plus grands penseurs de l'humanité, savait qu'il fallait chercher la vérité ailleurs que dans les Écritures. Aux docteurs de la Loi, il disait : "Vous sondez les Écritures, mais moi je vous dis"… "Regardez faire votre Père céleste… regardez les lys des champs… regardez les oiseaux du ciel"…."Il n'y a rien de caché qui ne puisse être découvert". …"Cherchez et vous trouverez". …

Son message essentiel était de faire comprendre à ses disciples ce qu'il entendait par la royauté, le royaume, le règne du Père. Plus de vingt paraboles et de nombreuses paroles en témoignent :

"Le royaume de Dieu est proche…" ; "Le royaume est répandu sur la terre, mais les hommes ne le voient point…" ; " Entrez par la porte étroite…" ; " Nul s'il ne naît de nouveau ne peut entrer dans le royaume…" ; " Si ceux qui vous guident vous disent : « le royaume est dans le ciel », alors les oiseaux du ciel y seront avant vous… mais le royaume est au-dedans de vous et il est au dehors de vous…" ; " Quand vous vous connaîtrez, (…) alors vous saurez que vous êtes les fils du Père qui est vivant…"

L'état actuel de la société humaine donne-t-il à penser que les Eglises et la majorité de ceux qui se disent chrétiens l'ont entendu ? Dans la prière "Notre Père", nous disons : "Que ta volonté soit faite" Or, cette volonté s'exprime par les lois universelles dont celle qui veut que tout ce qui existe, de l'étoile la plus gigantesque au plus minuscule vermisseau, toutes les créations matérielles et toutes les créatures vivantes soient éphémères et finissent un jour par se désagréger,… par mourir,… leur essence retournant au grand Tout. A y bien réfléchir, c'est cette loi inéluctable qui assure la continuité de l'Évolution de tout le Cosmos et la poursuite de la vie éternelle dont nous ne sommes qu'un instant.

Marcelle avait apprivoisé sa mort. Elle nous a quittés sans crainte. Ses joies et ses souffrances sont finies. Poétiquement on pourrait dire : " Elle a fait retour dans le sein du Père. Loué soit-il ! ". Pour nous cependant, elle demeure et demeurera bien vivante, en esprit, tant que, sur cette terre, ceux et celles qui l'ont connue et aimée en garderont le lumineux souvenir. Comme elle l'a souhaité, la belle voix de Barbara Hendrix dans l'Ave Maria de Schubert mettra un terme à cette cérémonie.

Puis, une cérémonie de dispersion des cendres dans une forêt près de La Chaux

Mes chers enfants, nous sommes réunis ici pour accomplir le dernier acte matériel nécessaire suite au décès de notre chère Marcelle. Parce que nous ne nous soumettons à aucune religion instituée, c'est à nous de trouver les formules qui nous conviennent et qui je l'espère, nous réunissent tous.

Marcelle a souhaité que ses cendres reposent dans cette forêt qu'elle admirait et aimait ; ce sera fait selon sa volonté. Au cimetière d'Agiez, devant une tombe ouverte, notre ami le pasteur Coigny disait : "Tu es poudre et tu retourneras en poudre ; mais l'esprit retourne à Dieu qui l'a donné".

Le grand astrophysicien Hubert Reeves démontre lui que, comme tout ce qui existe dans le cosmos, nous sommes faits de poussière d'étoiles ! Il rejoint Saint-François d'Assise qui interpellait “ notre frère le soleil et notre sœur la fleur ». Dans l'Evangile de Thomas, à propos de l'esprit, Jésus disait : "Si notre chair, notre corps, existe à cause de l'esprit, c'est une merveille. Mais si l'esprit se manifeste à cause de notre chair, alors c'est une merveille de merveille. Mais moi, (c'est Jésus qui parle) je m'émerveille de ceci : que cette grande richesse se soit mise dans cette pauvreté".

Nous allons donc rendre à la nature ce qui provenait de la nature, tout en sachant que l'esprit de notre chère disparue est ailleurs, en particulier dans la mémoire et l'esprit de tous ceux et celles qui l'ont aimée et s'en souviennent.

Robert Nicole

1 juillet 2009 3 01 /07 /juillet /2009 11:05
Tous les tombeaux sont vides ! - Alain Dupuis - 6 / 2009
Alain Dupuis Tous les tombeaux sont vides !
Alain Dupuis
LPC n° 6 / 2009

Il n'est pas un Dieu des morts, mais le Dieu des personnes vivantes.
Vous êtes totalement fourvoyés !" (Mc 12, 27)

Une très chère amie, protestante méthodiste, dut faire face, l'hiver dernier, au décès de son époux, 68 ans, catholique, des suites d'une maladie génétique dégénérative. Ils avaient eu largement le temps de décider du sort du corps le jour venu. Au moment de préparer la cérémonie religieuse avec le prêtre de la paroisse catholique, elle lui confia que le corps serait incinéré après la cérémonie… Quelle ne fut pas sa surprise de voir se crisper le visage du prêtre, et de s'entendre dire que ce n'était pas un choix conforme aux usages "chrétiens" ! Ce qui, heureusement, n'ébranla en rien sa détermination…

Cet incident m'a rappelé qu'il n'y a encore pas si longtemps, en effet, les chrétiens en général, et l'Église catholique en particulier, interdisaient la crémation des corps, au prétexte (d'une touchante mais préoccupante naïveté) que ce serait nier "la résurrection de la chair", proclamée par nos credo. Mais n'était-ce pas aussi garder la main-mise sur les corps, et récupérer au profit de la "religion", de l'église et de son cimetière, l'immémoriale crainte sacrée de l'humanité devant le cadavre inerte et l'énigme de l'inéluctable disparition de chacun ? Et "… jamais plus ne le connaîtra sa place." (Ps 102). La pratique de l'incinération, il y a peu encore, était l'apanage exclusif des "libres penseurs" athées, qui en faisaient un manifeste de leur matérialisme pur et dur. Elle s'est répandue désormais chez les chrétiens. Ce qui, je crois, est le signe que le rapport à la mort a changé, en général, dans nos sociétés. Et que les chrétiens n'adhèrent plus aux visions naïves de la "résurrection", ou de la "vie future" telles qu'elles sont encore parfois proposées dans de pauvres catéchismes…

Certains, pour le déplorer, d'autres pour simplement le constater, affirment que nos sociétés modernes ont désacralisé et banalisé la mort, comme le reste !

Mais c'est surtout dans les rangs des hauts dignitaires de nos Églises qu'on semble déplorer ce fait, se scandaliser, et discerner là un signe de plus de la perversité des temps…

Étrange… Ces "pasteurs" ne fréquenteraient-ils pas le même Dieu que Jésus ?

Ou bien déploreraient-ils, consciemment ou non, l'heureux temps où ce phénomène biologique inscrit dans les lois-mêmes de ce monde, était encore un formidable instrument entre les mains des "pouvoirs sacrés" pour manipuler les esprits et les cœurs ?

Il serait sans doute malhonnête de nier que depuis le Moyen-Age, jusqu'à une époque récente, la peur de la mort fut le levier le plus sûr du pouvoir ecclésiastique sur les hommes, toutes couches sociales confondues.

Or, il semble bien que, de plus en plus, les femmes et les hommes de nos sociétés tendent à accueillir la mort avec sérénité, comme inéluctable, par l'épuisement naturel de nos systèmes bio-chimiques ou leur rupture accidentelle. Les uns y voient, au pire, un anéantissement complet de ce que nous fûmes, sans pathos, ni au-delà… D'autres pensent au joyeux "recyclage" du carbone, de l'hydrogène, de l'oxygène, de l'azote et des quelques minéraux, uniques composants de nos éphémères carcasses, dans le grand tourbillon de la Vie. D'autres encore, dont je suis, pensent à ce joyeux recyclage des quelques molécules qui furent le support de notre aventure, mais aussi au joyeux recyclage de notre "personne" en une manière d'être vivant qui échappe, certes, aux apparences visibles de ce monde et à toute conjecture…, mais pas forcémment à l'expérience intérieure profonde, vécue dès ici et dès maintenant. En tout cas, pour tous, finalement, ne peut-on pas dire désormais, que tous les tombeaux sont vides ! Feu ou bactéries, le résultat est le même….

Il n'y a là aucune personne

Quoi qu'on pense des récits que les disciples de Jésus, 20, 30, 50 ans après sa disparition tragique, composèrent pour mettre en scène leur certitude, il est clair que dans les temps qui suivirent son ensevelissement, une évidence existentielle et libératrice s'imposa à eux : "Pourquoi chercher parmi les morts celui qui est vivant ?"

Le "tombeau vide" fut une image parlante et efficace !

Mais cette certitude, chaque fois qu'elle fait irruption dans leur vie, ils nous la montrent comme porteuse d'une grande paix.

"N'ayez pas peur…"

"La paix avec vous…"

"Je vous donne ma paix…"

s'entendent-ils toujours dire… Ça n'est pas le shalom ni le salam qu'on dit toute la journée sans y penser et qu'on entend sans y croire. C'est une paix qui saisit les entrailles de l'être. C'est désormais la certitude de foi qui enlève à la mort son aiguillon morbide. "Que votre cœur cesse de se troubler et de craindre…"

Laissons donc ceux qui veulent encore enfermer les hommes dans le pathos grandiloquent d'une fausse sacralisation de la mort. Annonçons la Vie, celle où règne le Dieu de Jésus, le Dieu des personnes Vivantes.

Vivons de cette paix offerte, qui habitait Jésus, et que ce monde ne sait donner.

Et laissons nos cendres retourmer à la terre d'où elles viennent…

Alain Dupuis

1 avril 2009 3 01 /04 /avril /2009 15:09
Christiane Janssens - Van den Meersschaut Que faisons-nous de nos funérailles ?
Christiane Van den Meersschaut
LPC n° 5 / 2009

Ces derniers mois, les circonstances m'ont amenée à participer à quatre célébrations de funérailles. Elles m'ont toutes interpellée, l'une m'a consternée par sa platitude, deux m'ont choquée par certains propos de l'officiant, l'autre m'a permis d'être en harmonie avec tous. Tout prenait sens, les paroles du prêtre, ami du défunt, qui osait parler vrai, la méditation sur le pardon que R.. avait confiée à son épouse pour qu'elle nous soit donnée comme message de sa part, le geste de communion posé différemment par les uns et les autres membres de l'assemblée. Cela m'a poussée à réfléchir plus avant au rôle que pourrait jouer le défunt dans sa propre célébration de funérailles afin de personnaliser la cérémonie en la rendant plus vraie.

Depuis quelques décennies, plusieurs auteurs ont écrit l'importance de l'art de "mourir vivant" en accueillant cette mort qui fait partie intégrante de notre vie et en lui donnant du sens. Mais à ma connaissance, il y a peu de publications concernant la façon de vivre ses funérailles.

Pourtant, celles-ci réveillent chez les participants une recherche de sens, voire la découverte d'une absence de sens générant dans les deux cas une souffrance spirituelle pouvant aller parfois jusqu'à l'angoisse ou le désespoir. Le deuil est un des moments de la vie où les questions spirituelles surgissent des profondeurs de tout être humain. Certains, par crainte du qu'en dira-t-on, n'oseront pas exprimer de vive voix leur doute, leur questionnement et resteront ainsi malheureusement enfermés dans une solitude profonde. Les funérailles ne devraient-elles pas être un moment de rencontre et de paroles ?

N'est-il pas temps de sortir des célébrations de funérailles impersonnelles ?

Combien de célébrations restent sclérosées par des rites souvent vidés de leur contenu (le baisement de la croix par exemple), par des paroles répétitives et des réponses toutes faites ânonnées plutôt que réfléchies et parfois même dites ou chantées en latin, langue morte pour la plupart des participants. Un discours trop inscrit dans une évidence de foi laisse souvent une grosse partie de l'assistance insatisfaite, médusée, parfois même révoltée. Des paroles de certitude en une vie future avec Dieu pour les chrétiens, des retrouvailles, rien que pour ceux-ci, avec les êtres chers dans l'au-delà, peuvent-elles vraiment être une réponse compréhensible et satisfaisante pour toute l'assistance ? Le Dieu d'Amour auquel croient les chrétiens ressusciterait-t-il donc uniquement une toute petite partie de l'humanité ?

On nous demande de prier pour le mort (!?). Celui-ci n'a plus besoin de nos prières car le lieu du purgatoire, invention de l'Eglise au XIIème siècle et dont Jésus n'a jamais parlé, n'est plus crédible aujourd'hui. Le Dieu de Miséricorde, dont nous parle Jésus, serait-il un boulier compteur de prières sauvant les priants bien et beaucoup, et n'entendant pas les cris de détresse de ceux qui ne peuvent pas ou plus prier ?

N'est-ce pas plutôt pour les vivants qu'il nous faut prier, afin que l'Esprit donne aux tout proches le courage de supporter l'épreuve et de continuer la route malgré l'absence… ; afin que l'Esprit pénètre les cœurs des amis pour qu'ils dispensent gestes et paroles de réconfort aux affligés ?

Ne nous arrive-t-il pas parfois, lorsque nous entendons certaines paroles que nous savons en total désaccord avec ce que pensait le défunt, de penser : "Mais on est occupé à le trahir, il doit se retourner dans son cercueil !"

Nous savons bien que dans les familles d'aujourd’hui, tous n'adhèrent plus à une croyance religieuse. Mais nous savons aussi que l'on peut vivre sa spiritualité sans avoir de religion. Ne faut-il donc pas que l'officiant tienne compte dans ses propos de la diversité d'opinions de l'assistance, qu'il essaye de toucher les cœurs par un humanisme ouvert, tel celui de Jésus qui accueillait le centurion romain qui ne croyait évidemment pas à Yahvé ni à un Dieu unique ?

Lors d'une célébration de funérailles, il m'a été insupportable d'entendre dire à la famille du défunt : "Seuls ceux d'entre nous qui croient en Dieu retrouveront W., leur mari, papa, grand-papa ou ami après leur mort" ou encore à d'autres funérailles : "Les croyants levez-vous, vous, vous pouvez venir communier". Je n'ai pas pu me lever, je n'étais pas en communion avec les paroles du prêtre et avec ce qui se passait. Je ne pouvais manger de ce pain-là en mémoire de Jésus.

Mais j'ai aimé entendre dire, par le prêtre, lors des funérailles de notre ami R., "Ainsi au terme du chemin terrestre que nous faisons avec les autres de manière sensible, visible, nous croyons que la vie continue transformée et que donc la « communion » continue dans les liens d'amour que nous avons tissés. C'est notre foi et notre espérance…" et encore "Dans la tradition catholique, la communion sacramentelle exprime la communion au Christ ressuscité qui est source d'espérance pour les croyants ; elle exprime aussi la communion avec ceux et celles qui nous ont quittés et aussi l'amour et l'esprit de compassion qui doit nous relier à toutes et à tous…

A ce partage, tous sont conviés. Jésus a toujours tenu table ouverte pour être témoin d'un Dieu qui ne fait pas de différences entre les hommes. Celles et ceux qui préféreraient poser un autre geste de communion humaine sont invités à prendre part à la démarche en ajoutant plutôt une lumière autour de la photo de R. Que chacune et chacun trouve ainsi librement le geste qui lui convient profondément, mais que nous puissions ainsi toutes et tous participer à la démarche."

Après les trois premières célébrations, certains nous ont partagé leur sentiment de peine, de désaccord, d'exclusion, même de colère. D'autres nous ont dit avoir vécu cela dans l'indifférence, rien de ce qui avait été dit ne les avait touchés hormis la douleur du deuil.

Dans la quatrième célébration, notre rassemblement autour du défunt nous était présenté comme une "Action de grâce pour les années vécues avec R.". Cet espace de rencontre était habité par un discours crédible, par des chants aux paroles pleines de sens pour nous, ici et aujourd'hui, par un accueil où chacun a pu trouver sa juste place. A la communion, c'est toute l'assemblée qui s'est levée et qui a marché ensemble, côte à côte, par l'allée centrale vers l'autel. Les uns communiant avec Jésus, R.., sa famille, ses amis ; les autres portant la lumière en communion avec R.., sa famille, ses amis. Après la célébration, nous étions encore en communion dans l'échange de nos ressentis, heureux les uns comme les autres d'avoir trouvé du sens à cette action de grâce.

Comment à notre tour donner sens à nos funérailles ?

Heureusement, depuis plusieurs années déjà, de nombreux prêtres essayent de personnaliser l'événement. Pour cela ils demandent à la famille de "raconter le défunt". Certains, malheureusement, préparent ensuite seuls la célébration. D'autres permettent à la famille de choisir lectures, textes, chants, musiques, d'intervenir en faisant une lecture, une prière, un témoignage, plus rarement de poser un geste symbolique bien pensé ou de choisir son credo. Mais il est regrettable que la partie rituelle de la célébration reste le plus souvent complètement stéréotypée. D'où l'importance de choisir un prêtre d'une grande ouverture d'esprit. L'idéal serait de choisir un prêtre ami qui a partagé un bout de chemin avec la personne décédée pour que la célébration sonne juste, soit vraie et en accord avec le vécu du défunt.

Nous devons aussi bien constater que ces célébrations d'adieu sont unilatérales. Le défunt n'a plus rien à dire, c'est le prêtre et les proches qui parlent de lui, qui choisissent pour lui textes, gestes, prières, musiques… Or, si nous sommes conscients qu'il nous faut préparer ce moment de vie qu'est la mort, celle-ci parfois nous prendra de court et nous ne la vivrons peut-être pas consciemment. Nous n'aurons donc pas l'occasion de dire au revoir à ceux qui ont fait route avec nous. Tandis que pour les funérailles qui sont aussi une réalité incontournable, nous pourrons en général avoir le temps de préparer notre cérémonie de sortie en leur laissant une dernière chose de nous. Mais, il faut bien le dire, notre éducation n'a pas été faite en ce sens ! Il est étonnant de voir qu'en général, le défunt de son vivant aura pris toutes ses dispositions et émis ses volontés concernant sa succession matérielle, allant jusqu'à l'officialiser par un acte notarié, tandis qu'il n'aura pris aucune disposition pour le déroulement de la célébration de ses funérailles, de ses adieux à ses proches. C'est difficile, mais pourtant pas plus morbide, me semble-t-il, de préparer sa mort en préparant ses funérailles qu'en préparant sa succession financière !

Au fil de notre vie, nous vivons bien souvent des moments de transcendance qui nous transportent et nous transforment. Ils sont générés par des rencontres, des partages, des lectures, des méditations, des images, de la musique… Pourquoi ne pas les consigner ou noter leurs références dans un carnet ? Choisir et annoter parmi ces documents ceux que l'on aimerait qu'ils soient utilisés comme lectures, prières, méditations, chants, musiques, images, gestes… lors de nos funérailles parce qu'ils disent quelque chose de nous. Pourquoi ne pas choisir, parmi nos réflexions personnelles ou nos citations préférées, celle que l'on aimerait voir écrite au-dessus de notre faire-part, parce qu'elle a du sens pour nous et qu'elle nous représente ? Pourquoi ne pas choisir la réflexion ou la citation que l'on aimerait offrir aux autres en cadeau en la faisant inscrire à l'arrière de notre photo qui serait distribuée lors de la célébration ? Un proche connaîtrait l'existence de ce carnet et serait chargé de transmettre ce testament spirituel à la préparation de la cérémonie de nos funérailles.

Ce serait un carnet de vie, nous devrions donc y ajouter des éléments et en retrancher d'autres au fur et à mesure de notre cheminement. Ensuite, à l'heure de notre mort, pourquoi ne pas tout simplement partager cette facette de notre intime personnalité. Je pars, mais je vous laisse ceci qui m'a fait grandir, qui m'a rendu heureux, que j'ai beaucoup aimé… ; écoutez-le, lisez-le, faites-le en mémoire de moi. Je resterai ainsi vivant au plus profond de vous. N'est-ce pas merveilleux de découvrir encore après la mort d'un être cher, quelque chose de sa profonde vérité ?

Bien sûr, un espace resterait ouvert pour que les proches puissent aussi s'exprimer librement par un témoignage, le choix d'un texte, d'un chant, d'une musique, d'un geste parlant pour eux afin qu'ils puissent eux aussi exprimer leur ressenti par rapport à ce que le défunt était pour eux et partager ainsi dans le chemin du deuil, leur sentiment avec toute l'assemblée.

Préparer ses propres funérailles n'est certes pas facile, mais n'est-ce pas à nous de dire "au revoir" ou "à Dieu" à ceux que nous aimons en leur permettant par ce dernier cadeau posthume d'incorporer quelque chose d'intense de nous pour le faire continuer en eux ?

Christiane Van den Meersschaut

1 avril 2008 2 01 /04 /avril /2008 19:25
Hommage et reconnaissance à André Hannaert.
Christiane Van den Meersschaut, Bernadette et Isidore Cordemans
LPC n° 1 / 2008

A la suite d'André Verheyen, avec tes amis Julien et Soeur Simone, tu t'es lancé avec enthousiasme dans l'aventure LPC, dès la première heure.

Comme eux, tu as consacré des centaines d'heures à te dévouer pour cette cause. Inlassable chercheur, tu as continué à suivre des cours, des conférences, afin de t'approcher toujours un peu plus du coeur des Ecritures. Passionné et perfectionniste, il t'arrivait même de solliciter de tes professeurs, que tu aimais appeler tes maîtres, un rendez-vous afin de cerner mieux encore quelques points qui te semblaient obscurs.

Sur ce chemin d'approfondissement personnel, tu n'oublias jamais de partager, en comité de rédaction, tes découvertes, tes interrogations, tes convictions, ton espérance, ta confiance inébranlable dans la résurrection.

A ce propos, nous aimons vraiment beaucoup ces quelques mots de toi, parus dans un bulletin LPC :

« Le chemin monte. Il est parfois bien étroit, sans horizon, mais il ménage aux patients et aux persévérants, des temps d'émerveillement sur des aires de repos. Voici une bifurcation : Que choisir ? Entre-temps, nous avons pris de la hauteur : nous relativisons les obstacles. Désormais, c'est sûr : le sommet nous gratifiera de beauté. Déjà nous ne sommes plus les mêmes. »

Oui, André, tu n'es plus le même, nous te souhaitons d'avoir enfin reçu les réponses aux questions qui te taraudaient puisqu'aujourd'hui, tu dois te trouver dans le coeur de Dieu.

Merci André, pour Toi, et, nous te disons : à Dieu.

Christiane Van den Meersschaut, le 10 décembre 2008

L'année 2007 aura été particulièrement éprouvante pour notre groupe de réflexion "Libre Pensée Chrétienne". En effet, après le décès, dans le courant du mois de mai, de notre fondateur André Verheyen, nous avons également eu à déplorer, le 4 décembre dernier, celui de notre regretté André Hannaert, cofondateur de LPC avec André Verheyen en mai 1991.

André H. est décédé à l'âge de 78 ans, après avoir fait face avec courage pendant huit années à une pénible maladie. Cette issue fatale, osons l'écrire malgré la peine que nous en ressentons, aura été une véritable délivrance pour lui.

Mon épouse et moi-même avons fait la connaissance d'A.H. vers les années 1965, lorsque, comme lui, nous étions simplement paroissiens de l'église du Christ-Roi, à Laeken, dont A.V. était le curé. C'est en mai 1991, quand LPC a été créée, que nos liens avec lui se sont plus personnellement resserrés, grâce à notre propre adhésion au groupe dès ses tout premiers débuts. Nous avons alors appris à le connaître et à l'apprécier vraiment tel qu'il était : un homme d'une foi et d'une spiritualité très profondes. L'Evangile nous apprend que Jésus est venu apporter un feu sur la terre, celui de l'Amour qui ne s'éteindra jamais, tant qu'il y aura des hommes tels qu'A.H. pour l'entretenir et en attiser les flammes.

Sa soif de la connaissance de Dieu était sans limites et il n'avait de cesse de la partager avec autrui. N'avait-il pas dit, un jour, qu'il rêvait de se faire enfermer un beau soir à l'UOPC (vaste librairie bruxelloise spécialisée dans la vente d'ouvrages à caractère religieux et philosophique) afin d'avoir toute une nuit, bien au calme, pour tenter d'assouvir sa passion de découvrir encore et toujours mieux le sens du message du Christ, dans le but principal d'en faire bénéficier tous ceux qu'il rencontrait sur son chemin. Nous sommes heureux de l'avoir croisé, et d'avoir pu, de temps en temps, vivre quelques précieux moments de partage avec lui.

André était un véritable érudit, bénéficiant d'une culture intellectuelle de très haut niveau, mais en même temps quelqu'un d'une grande modestie dans ses rapports avec les autres, et toujours disposé à rendre discrètement service si nécessaire. Il était aussi un excellent communicateur, tant par la parole que par l'écriture, et en cela, il était totalement dévoué à la cause de LPC. De combien d'articles d'une haute élévation de pensée n'a-t-il pas, pendant de nombreuses années, alimenté la longue série de bulletins LPC. Grâces lui en soient rendues !

A cause de sa maladie, il a été frappé de grandes difficultés d'élocution. Il a profondément souffert moralement de ce handicap qui l'empêchait de s'exprimer audiblement et clairement, alors que son esprit était resté d'une parfaite lucidité jusqu'à la fin de ses jours.

Courageux face à la maladie et à la douleur, il l'a aussi été face à la mort qu'il a accueillie avec une sérénité exceptionnelle. Puissions-nous suivre cet admirable exemple, lorsque le temps des épreuves et de la mort surviendra pour nous aussi.

André a été hospitalisé une courte semaine avant son départ. Il a toujours été fort préoccupé personnellement par la question de l'au-delà de la mort. Le dernier week-end avant son grand passage, il a ardemment souhaité qu'un ultime témoignage soit distribué de sa part en paroisse, lors des célébrations eucharistiques des 1 et 2 décembre. Nous tenons à le faire partager aux lecteurs de notre bulletin LPC, comme l'héritage spirituel qu'André aura voulu nous laisser in extremis. Il s'agit d'un extrait de l'ouvrage de Maurice Zündel, intitulé "A l'écoute du silence"

Adieu, André, et merci pour tout !

Bernadette et Isidore Cordemans

André Hannaert – Alost 1929 – Bruxelles 2007

Il ne s'agit pas de connaître le lieu où nous irons après
la mort, il ne s'agit aucunement d'un après dans le
temps ou dans l'espace, il s'agit d'un au-delà qui est
au dedans. Cela veut dire qu'il s'agit de vaincre la
mort ici-bas, dès aujourd'hui, tellement que le vrai
problème n'est pas de savoir si nous vivrons après la
mort, mais si nous serons vivants avant la mort.

Maurice ZUNDEL