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La Pâque selon Marc |
Jo Bock |
« Le Christ a voulu conférer ce sacrement aux douze apôtres, tous des hommes »La Déclaration de Mgr Ladaria sur l’ordination de femmes est triste. D’autant plus triste, qu’elle est fausse. Elle est fausse du début à la fin. Le groupe des disciples de Jésus était mixte. Au moment des faits, « beaucoup de (disciples) femmes, qui suivaient et servaient (Jésus) lorsqu’il était en Galilée, étaient montées avec lui à Jérusalem » (Mc 15, 41) ; ce qui d’ailleurs était mal vu par l’opinion (voir John Meier). C’est dans ce contexte précis, qu’il faut s’interroger : qui sont alors ces disciples qui disent à Jésus : « Où veux-tu que nous allions faire les préparatifs pour la Pâque ? » (Mc 14, 12-25) et qui sont ces disciples qui demandent au propriétaire : « Où est ma (!) salle... » Sont-ce nécessairement des hommes ? N’est-il pas vraisemblable que ce soit plutôt des femmes (Marie était-elle l’une d’elles)? D’autant plus qu’il est précisé : « et ils préparèrent la Pâque. » Notons déjà que Jésus fait demander : « Où est ma salle, où je pourrai manger la Pâque avec mes disciples ? » (v. 14). Le v. 17 dit : « Le soir venu (Jésus) arrive avec les Douze. » A partir de là, ceux qui entourent Jésus sont désignés indistinctement par « ils » : « … tandis qu’ils étaient à table… tandis qu’ils mangeaient, (Jésus) prit du pain... » Les deux groupes, les disciples et les Douze, sont-ils à opposer, comme si la présence de l’un excluait la présence de l’autre ? Rien dans l’Evangile ne permet de l’affirmer, au contraire. Se baser sur ce seul verset 17, pour affirmer, comme la Déclaration de Mgr Ladaria : « le Christ a voulu conférer ce sacrement aux douze apôtres, tous des hommes » est une pure interprétation, qui est sans fondement, et contraire à l’esprit de l’Evangile. Première conclusionIl est donc plus que vraisemblable que des disciples se sont entendu dire : « Faites ceci en mémoire de moi. » Et parmi ces disciples, il y avait des femmes. La Pâque juive est une fête de libération. C’est une célébration solennelle, de victoire accordée par Dieu. Présidée par le père de famille, elle se célèbre au domicile familial. C’est dans un esprit de liberté et de reconnaissance que l’on festoie. Et ce repas se termine par « le chant des psaumes »… Revenons à notre sujet : qui étaient les convives ? N’y avait-il que Jésus et les Douze ? Peut-on penser, que ceux (ou plutôt celles) qui avaient fait les préparatifs, ont été écarté(e)s d’une manière ou d’une autre de la fête qui célèbre l’événement fondamental de la religion ? Et où était Marie ? Comment croire que celle qui le lendemain se tiendra au pied de la Croix était ailleurs au moment du dernier et premier Repas du Seigneur ? Rien ne laisse entendre qu’à un moment donné, Jésus aurait organisé un aparté avec les seuls Apôtres, des hommes ; (qu’il aurait fait comprendre à Marie : « Laisse-nous, va faire la vaisselle ») Au contraire, tout nous laisse penser, que c’est en plein repas que l’eucharistie a été instituée : « Tandis qu’ils mangeaient, (Jésus) prit du pain... » Deuxième conclusionIl est évident que des femmes ont assisté à la dernière Cène. Si le Christ a institué quelque chose le Jeudi-saint, c’est le sacerdoce commun à tous les disciples. Tout le reste n’est que dérive. (Notre conclusion finale rejoint donc celle de la Commission internationale de théologiens, pourtant convoquée en son temps par le Vatican, laquelle a déclaré : Rien, dans l’Evangile, ne s’oppose à l’ordination sacerdotale de femmes.) |
Jo Bock, 13/02/2019 |
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