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29 février 2020 6 29 /02 /février /2020 09:00
bateau lpc De la prêtrise à l’abandon des doctrines
Réactions
Pascal, Henri, J.M., Francis

Le livre de Roger a été classé "meilleure vente" sur le site AMAZON pendant une semaine (catégorie "théologie")

Réaction de Pascal Hubert dans Golias Hebdo n°533

« Mon livre va à contre-courant de la mentalité croyante ambiante, car il témoigne de mon abandon de l’Église Catholique et de mon cheminement vers l’incroyance religieuse avec sa justification. » Roger Sougnez

Je lis en ce moment De la prêtrise à l’abandon des doctrines. Un livre de déconditionnement salutaire, de Roger Sougnez. S’il n’a pas la forme du pamphlet, il n’en conserve pas moins le tranchant de l’épée. Venant d’un prêtre qui a quitté le sacerdoce en 1987, âgé aujourd’hui de 92 ans, c’est chose suffisamment rare et précieuse pour s’y arrêter un instant. En d’autres temps, à n’en pas douter, pareille audace aurait valu à son auteur la mise à l’Index et les bûchers de l’Inquisition. Mais, au XXIe siècle, comment croire encore à tant inepties religieuses ?

Ce livre, sans langue de bois et d’une parfaite cohérence, sera incontestablement apprécié des croyants qui sont mal à l’aise dans leur foi du fait des dogmes et des enseignements du Magistère qu’ils ressentent de plus en plus comme d’un autre temps. Disons-le sans détour : arguments à l’appui, ils seront confortés à les abandonner purement et simplement et à se faire enfin confiance. À l’inverse, ce livre sera honni par celles et ceux qui s’en tiennent encore à la Bible et à la Tradition comme « Parole de Dieu » donnée et interprétée infailliblement par la seule « Église une, sainte, catholique et apostolique ». Comment s’en étonner d’ailleurs ? Toute remise en question du Magistère a toujours été clivante (la « crise moderniste » est lourde d’enseignements à cet égard) : elle en libérera certains d’un joug devenu insupportable, en insécurisera d’autres qui pensaient vivre de certitudes et ne plus avoir à chercher ni à douter. Parce qu’il ne s’agit pas, en l’espèce, de proposer quelques réformes d’ordre pastorales, mais bien de saper l’autorité de l’Église Catholique comme étant définitivement inapte à guider – et à fortiori, à « sauver » ! – l’humanité. Jugez-en plutôt : exit le péché originel, clef de voûte de tout l’édifice religieux ; exit les dogmes aussi fondamentaux que la divinité de Jésus, la Trinité, Marie vierge et mère de Dieu, l’Enfer et la Résurrection ; exit les sacrements ; exit encore l’historicité de la Bible et de ses miracles, exit enfin le monumental catéchisme de l’Église catholique, promulgué par le pape Jean-Paul II en 1992 et qui s’avère totalement anachronique et non crédible…

Reprenant les mots d’Albert Einstein, la pensée de Roger Sougnez pourrait se résumer ainsi : « Le mot Dieu n’est pour moi rien de plus que l’expérience et le produit des faiblesses humaines, la Bible un recueil de légendes, certes honorables, mais primitives qui sont néanmoins assez puériles. Aucune interprétation, aussi subtile soit-elle ne peut selon moi changer cela. »

Mais, cela dit, vous ne trouverez aucune rancœur ni règlement de compte dans le propos. Roger Sougnez, désormais athée tranquille, s’est laissé guider par le seul souci de vérité, de fidélité à soi et d’honnêteté à l’égard de ses anciens paroissiens et étudiants qu’il regrette d’avoir involontairement induits en erreur. Ses propos sont, en effet, le fruit d’un long cheminement et de recherches rigoureuses qui l’ont amené à ne plus enseigner ce qu’il percevait peu à peu comme des chimères. Évoquant Albert Jacquard, éminent généticien et biologiste, il estime qu’ « il n’y a rien de pire que de ne pas s’autoriser à dire ce que l’on pense vraiment ». Et cette réalité vaut évidemment pour tant d’autres dans l’Église qui ne partagent plus les enseignements du Magistère, mais n’osent pas encore le dire, par crainte d’ébranler la foi des croyants, par obéissance à l’Institution ou par manque de courage. Exception faite de quelques-uns cités par Roger Sougnez, dont Jacques Musset (qui préface le livre), Gérard Fourez, Jean Kamp, Roger Lenaers ou encore Lytta Basset.

La question légitime que l’on se pose inévitablement face à pareil « retournement » : mais que reste-t-il de vrai alors ? Sur quoi ou sur qui encore s’appuyer ? Roger Sougnez croit en l’historicité de l’homme Jésus, un homme exceptionnel, mais qui, lui aussi, fut soumis à son temps et dont, en définitive, nous savons bien peu de choses. Ainsi, reprenant les propos de Gérard Mordillat : « Personne ne peut affirmer avec exactitude où les évangiles ont été écrits. Ni quand ni par qui ni pour qui ni contre qui. » Tout au plus peut-on considérer que « son message [de Jésus] et sa vie d’ouverture, de vérité, de paix et d’amour, dénonçant mauvaise foi, hypocrisie et suffisance ont permis à l’humanité de connaitre un progrès substantiel ». Mais, Roger Sougnez de nous mettre en garde : « Remarquons que deux dangers guettent celui qui a le souci de prendre Jésus comme modèle. Premièrement, le monde actuel est tellement différent, qu’il faut une grande prudence dans cette imitation. Ce qui était excellent à une certaine époque peut être contre-indiqué à une autre. Deuxièmement, l’important pour un être humain n’est pas d’imiter un autre, mais de découvrir son projet personnel de vie où il pourra développer au mieux ses propres potentialités. » Ce point me paraît fondamental : il ne s’agit plus de vivre sa vie par procuration, mais d’oser enfin la vivre pleinement par soi-même. C’est là une révolution copernicienne, un changement de paradigme, une véritable entreprise de libération intérieure. En conclusion du chapitre sur « La morale », Roger Sougnez entend d’ailleurs rencontrer l’objection selon laquelle son livre aboutirait à ôter tout « sens à la vie ». « Bien au contraire ! », affirme-t-il. « Ne plus adhérer à la morale catholique traditionnelle, dont beaucoup de points ne sont plus pertinents, ne signifie nullement vivre sans morale ! Ce serait ignorer la multitude des humains et singulièrement les athées et les agnostiques, qui ont choisi de vivre leur engagement autrement en osant le libre examen. Nous devrions nous efforcer de déployer notre énergie afin de promouvoir des valeurs, qu’elles soient individuelles et sociétales, authentiques même si elles sont exigeantes, qui donneront sens à notre existence : davantage de vérité, de justice, d’honnêteté, de souci de l’autre, etc. C’est là un programme exaltant. »

Nous le voyons, pareille prétention est à mille lieues du discours ecclésial qui entend soumettre la vie de tout croyant à la « Parole de Dieu » et à la « Sainte Tradition » comme seules « Vérité » de nature à nous conduire au Salut… Et comment ne pas s’apercevoir que la peur de l’enfer et la culpabilité de vivre sa vie auront permis à l’Église de maintenir leurs ouailles sous l’emprise de ses enseignements, y compris ceux que les sciences ont démentis depuis longtemps (à commencer par la Création de l’univers et de l’être humain, selon le livre de la Genèse…). Un livre de déconstruction méthodique donc, aux accents nietzschéens – « Et pourquoi n’irais-je pas jusqu’au bout ? J’aime à faire table rase » –, qui ravira les plus audacieux. Mais Roger Sougnez le sait parfaitement : malgré toutes les bonnes raisons d’abandonner des croyances illusoires, elles n’en restent pas moins profondément ancrées au point où les remettre en question peut se révéler impossible pour nombre de croyants.

Un livre captivant, à lire lentement, à méditer, à laisser descendre au fond de soi et à reprendre encore, tant nous avons été bercés par de douces illusions et tant les sujets révisés sont nombreux : la Révélation, quelques grands dogmes, les sacrements, la morale, l’élaboration du catholicisme, la religion, sans oublier le parcours lent et lucide qui amènera peu à peu Roger Sougnez à l’incroyance, ainsi que les raisons impérieuses d’un tel travail. Un livre qui fait du bien, mais qui invite à un décapage radical. C’est précisément, on l’aura compris, ce qui fait de ce livre un grand livre qui vient combler un vide « en passant au crible les positions fondamentales du catholicisme pour en dénoncer l’inconsistance ». Au fond, s’il fallait une justification à ce livre et une excellente raison de le lire, ce serait celle-ci : « Il n’est pas éthiquement défendable de dissimuler des faits pour la seule raison qu’ils pourraient entrer en conflit avec des croyances auxquelles on est attaché. Qui plus est, c’est une insulte à l’égard de nos semblables, qui sont ainsi traités comme des enfants trop immatures pour regarder la vérité en face. »

Le témoignage de Roger Sougnez me fait songer au Testament de Jean Meslier, autre prêtre devenu athée, qui au XVIIIe siècle déjà osait affirmer : « Pesez bien les raisons qu’il y a de croire ou de ne pas croire, ce que votre religion vous enseigne, et vous oblige si absolument de croire. Je m’assure que si vous suivez bien les lumières naturelles de votre esprit, vous verrez au moins aussi bien, et aussi certainement que moi, que toutes les religions du monde ne sont que des inventions humaines, et que tout ce que votre religion vous enseigne, et vous oblige de croire, comme surnaturel et divin, n’est dans le fond qu’erreur, que mensonge, qu’illusion et imposture. »

C’est précisément ce que refuse l’Église Catholique et que Roger Sougnez – avec quelques rares pionniers qu’il faut espérer de plus en plus nombreux – nous propose d’oser enfin : l’abandon des doctrines.

Et le livre de se refermer sur une urgence à vivre : « Il nous appartient d’inventer notre propre parcours de vie, avec lucidité sur nous-mêmes et sur nos croyances et avec empathie pour les humains, sans nous laisser enfermer dans d’anciens canevas de pensée. La vie est si précieuse et si courte, veillons à ne pas la gâcher. »

Pascal HUBERT, Golias Hebdo, n° 533

Réaction de Henri Huysegoms

J’apprécie hautement le livre « De la prêtrise à l’abandon des doctrines » que je possède et relis de temps en temps. Je suis totalement d’accord avec son contenu.

Sougnez a attendu le grand âge pour le faire publier. Comme je le comprends.

Je me trouve aussi parfois confronté à la pensée de gens qui acceptent totalement tout ce qu’a promulgué l’Église comme vérité absolue.

Si on faisait douter ces gens de la véracité des affirmations dogmatiques, de leurs « certitudes », cela n’aboutirait qu’à les déboussoler.

Je n’ai pas encore le franc parler de Spong et de beaucoup d’autres.

Amitiés,

Henri Huysegoms

Réactions personnelles à la lecture du livre de Roger Sougnez

Malgré quelques petits problèmes rencontrés pour me le procurer, j’ai reçu et lu le livre de Roger Sougnez recommandé par LPC.

Je le trouve très richement documenté. En quelque 200 pages, il rassemble de nombreuses citations du Catéchisme de 1992, un relevé de multiples contradictions entre les évangiles, des exemples de mauvaises traductions de l’hébreu ou du grec qui aboutissent à des dogmes contestables, des tas de remarques judicieuses sur l’abus de pouvoir de l’Eglise. Il reconnaît par ailleurs que les valeurs prônées et vécues par Jésus restent riches (p.62) et il exprime une certaine admiration pour le pape actuel.

Voilà pour les aspects positifs.

Néanmoins ce livre me déçoit profondément. D’abord parce qu’il ne m’apprend rien. Il y a bien longtemps que grâce à des livres qu’il cite (Lenaers, Musset, Kamp), grâce aussi à LPC, de nombreux chrétiens progressistes ont pu déjà faire un cheminement analogue sans tomber pour autant dans un nihilisme qui frôle le désespoir. L’auteur a beau se défendre d’être matérialiste, il ne laisse aucune place à un mystère, une transcendance, un au-delà de l’homme. S’il démolit l’Eglise catholique, il aurait peut-être pu laisser de la place pour un Christianisme libéré des dogmes (il le fait mais à peine). Il ne croit pas à la Résurrection de Jésus, moi non plus mais je crois qu’au matin de Pâques les apôtres se sont relevés et eux sont donc ressuscités d’une certaine manière et ont transmis un message extraordinaire même si son expression a pris quelques rides au fil du temps.

On dirait que l’auteur n’a pas réussi à dépasser la critique négative propre à l’adolescence pour arriver à reconstruire à partir des « mythes » anciens un questionnement nouveau qui dépasse le fondamentalisme tout en redonnant du sens.

Personnellement il y a longtemps que je ne crois plus aux dogmes, que je trouve le langage de l’Eglise tout à fait inadéquat, même s’il y a une légère avancée, beaucoup trop lente sans doute. Je crois cependant l’institution nécessaire pour transmettre l’évangile qui ne peut se vivre que dans une communauté. Et je reste à l’intérieur avec l’espoir, illusoire peut-être, de contribuer à la faire évoluer un peu à la fois en collaborant avec d’autres chrétiens progressistes. J’essaie cependant de ne pas choquer ceux qui ne pensent pas comme moi afin de ne pas rompre à l’avance toute possibilité de dialogue.

D’autres lectures me semblent beaucoup plus judicieuses pour faire évoluer les mentalités. Je pense aux livres de Marie Balmary qui donnent des interprétations de passages de l’ancien et du nouveau testament qui les rendent parlants pour notre temps. Je pense aussi à un livre tout récent : Jésus selon Mathieu. Héritages et rupture par Colette et Jean-Paul Deremble qui propose verset après verset une relecture de Mathieu qui s’appuie sur tous les outils modernes de l’analyse de textes. Ces livres-là sont porteurs d’Espérance tout en dépassant l’obscurantisme.

J.M. 6 juin 2018

Réaction au livre de Roger Sougnez

Chères amies, chers amis,

Je reste tout de même un peu songeur devant ce programme et ce titre, car que reste-t-il finalement ?

Souvenons-nous de cette petite pointe de colère d'André Verheyen face à qui lui disait "je ne sais plus que croire" et, dès lors, estimait qu'on faisait du mauvais travail.

Autant je suis contre l'hyper-conservatisme (nous avons "souffert" récemment en assistant par hasard et sans nous y attendre, à une messe Lefèvriste à Saint-Brieuc qui nous a démoli le moral pour tout un moment), autant je me reconnais désarçonné ici par ce côté "tabula rasa" : c'est ainsi.

Bien amicalement,

Francis 7 février 2019

4 août 2018 6 04 /08 /août /2018 08:00
Herman Van den MeersschautFatima, révélation ou parapsychologie ?
Herman Van den Meersschaut

Quand j'écrivais dans le numéro de juin que l'homme sortait peut-être lentement de son enfance et que nous étions en train de quitter, entre autres, le dieu magicien, j'étais sans doute un peu trop optimiste, puisque voilà que le Pape le ressuscite de plus belle à Fatima.

L'affaire de la révélation du troisième secret est, comme le dit Pierre de Locht, "profondément choquante'' (1), avant tout pour la conception de Dieu qu'elle implique.

Ainsi Dieu, via Marie, aurait protégé Jean-Paul II, mais ne serait pas intervenu pour sauver Romero, Luther King, l'enfant qui meurt du sida ou les victimes des génocides? Cette image d'un dieu injuste et sadique agissant selon son bon vouloir est tout simplement révoltante et en complète contradiction avec le Dieu d'Amour annoncé par Jésus. De ce dieu- là, je suis radicalement athée.

Se pose évidemment ici le problème de l'immédiateté de l'intervention de Dieu dans nos vies. Que penser de formules comme "c'est la volonté de Dieu, à la grâce de Dieu, Dieu y pourvoira, le plan divin, le projet de Dieu, les voies de Dieu..." lorsqu'elles servent à justifier n'importe quoi, voire les pires horreurs (croisades, inquisitions, jihad, sionisme...)?

Certains ne pensent-ils pas pouvoir infléchir, orienter l'action de Dieu par des rites, des prières, des pèlerinages, des impositions de mains ou même des mortifications ?

Nous naviguons ici, me semble-t-il, en pleine mentalité magique. Qu'en pensez-vous ?

En faisant foi aux révélations à la Nostradamus de la voyante de Fatima, Jean-Paul II

Perpétue les anciens rites païens de divination, que l'Eglise a souvent combattus et qu'elle appelait de l'idolâtrie. Qu'il se ridiculise aux yeux des laïcs en s'impliquant personnellement dans cette affaire, c'est triste; mais pour nous, chrétiens, c'est choquant car cela risque de faire croire qu'être catholique c'est adhérer à de telles conceptions de foi.

Mais cela pose aussi et surtout le problème de la "Révélation" des textes révélés, de toute révélation.

* Pour notre cardinal, les choses sont simples ; c'est dans le buisson ardent que Dieu se révèle lui-même à Moïse. Je cite (2) : "Tout est arrivé là : en personne, Dieu dit qui Il est. Nous ne pouvons en effet l'apprendre que de Lui-même ; toutes les autres sources d'information sont trompeuses. Seul Dieu peut parler de soi-même. La vraie connaissance de Dieu ne surgit pas de notre expérience, comme la vapeur d'un marais ; elle descend d'en haut et réduit en miettes tous les miroirs mensongers. Dans ces miroirs, nous ne voyons jamais plus que nous-mêmes !"

Voilà, Dieu parle en direct et seuls certains élus et initiés auraient le privilège d’ entendre la révélation. L'expérience des hommes est impuissante à nous révéler quoi que ce soit sur Dieu.

C'est terrible d'oser encore écrire des choses pareilles à une époque où nous sommes mis en présence de toutes les religions et spiritualités du monde.

* Par contre, si nous considérons les Ecritures comme la recherche passionnée des hommes d'un absolu qui les habite, qu’ils essayent de cerner et de comprendre à travers des récits souvent mythiques, alors elles deviennent chemin de révélation de Dieu dans nos vies.

Lorsque je lis dans la Bible : Dieu dit à Moïse..." et que je traduis cela par : "Moïse pense que Dieu lui dit..." il ne s'agit pas simplement des impressions ou des imaginations subjectives d'un personnage. Ce que les auteurs font dire à Dieu, ici, est dans une expression littéraire particulière, soigneusement ciselée l'énoncé des conclusions auxquelles une très longue réflexion commune sur la vie les a menés. En fréquentant ces textes nous profitons et nous nous nourrissons de l'expérience de nos ancêtres dans la foi.

On pourrait donc dire que ce n'est qu'à travers notre expérience que quelque chose de Dieu peut se révéler à nous. Accepter la possibilité de contact direct avec la divinité et donc de révélation immédiate de la part de celle-ci peut mener à tous les abus et déviations. Les sectes sont des spécialistes en la matière. Le gourou prétend toujours avoir eu un contact direct avec la divinité, ce qui lui donne une aura et un mystère qui seront savamment entretenus et lui procureront une autorité infaillible.

Bien sûr, que certains voyants d'apparitions mariales soient sincères ne fait aucun doute. Qu'ils aient vu et entendu quelque chose n'est pas à contester mais cela concerne plutôt le domaine du paranormal, du parapsychologique, de la psychiatrie.

Si ce qu'ont vu et entendu ces voyants leur apporte un mieux-être, un épanouissement spirituel, une libération dans le sens évangélique, on ne peut qu'applaudir. Mais cela ne semble pas toujours être le cas pour tous, comme à Fatima par exemple. Les enfants ont, en effet, beaucoup souffert de ce qui leur est arrivé.

Ce qui est frappant dans ces apparitions, c'est la débilité déconcertante des révélations en regard du mystère qui les a entourées. Jugez-en :

En 1917 Lucia, Jacinta et Francisco voient la Vierge leur apparaître au-dessus d'un petit chêne. Voici u n des dialogues :

"Lucia demande si elle ira au ciel ?

La Dame lui répond : oui tu iras au ciel.

- Et Jacinta ?

- Elle aussi, dit la Dame.

- Et Francisco ?

Lui aussi, dit la Dame, mais... ajouta-t-elle, il devra auparavant réciter beaucoup de chapelets'' (3).

Francisco mourra de la grippe espagnole en 1918, Jacinta en 1920. Lucia restée seule, apprit à lire et ne relata les événements de 1915-1917 qu’entre 1930 et 1970 (??).

Cinq cahiers manuscrits successifs, qui reprennent la même histoire, furent demandés par l'Eglise à Lucia, afin de pouvoir recouper ses affirmations.

En lisant le livre de Daniel COSTELLE, qui a été écrit d'après les cahiers de Lucia, on a la nette impression que Lucia, qui était l'aînée, semblait manifestement dominer les deux autres enfants et surtout Francisco qui, lui n'a jamais rien entendu de ce que disait l'apparition et en était d'ailleurs fort déçu ! C'est toujours Lucia qui questionne et répond et c'est elle seule qui racontera leur histoire.

Sans doute écoutait-elle bien le catéchisme car, dans le discours de l'apparition on retrouve tous les poncifs de la théologie doloriste de l'époque.

"Voulez- vous, dit la Dame, vous offrir à Dieu, en acceptant toutes les souffrances qu'il voudra bien vous envoyer, en réparation de tous les péchés qui l'offensent, et pour obtenir la conversion des pécheurs ? ...

- Oui, nous le voulons, répond Lucia.

- Vous aurez beaucoup à souffrir... ( puis, avec un merveilleux sourire) la grâce de Dieu vous assistera et vous consolera toujours...

... Priez beaucoup et faites des sacrifices pour les pécheurs. Sachez que beaucoup d'âmes vont en enfer parce qu'il n'y a personne qui se sacrifie et prie pour elles." (4)

Jean-Paul II semble, lui aussi, aller dans ce sens, puisqu'il dit offrir, lui aussi, les souffrances de sa maladie et de son grand âge pour le salut du monde.

Et vous, qu'en pensez-vous '!

Herman Van den Meersschaut - LPC-1998

(1) Fatima : la révélation choquante. Article de Pierre de Locht dans "Le Soir" du 26 mai 2000 (retour)
(2) Trois à table" Paroles de vie - Pâques 2000 Lettre du Cardinal Dannee!s (retour)
(3) "Fatima" de Daniel Costelle aux éditions François Bourin (retour)
(4) "Fatima" de Daniel Costelle aux éditions François Bourin (retour)