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15 avril 2017 6 15 /04 /avril /2017 08:00
André VerheyenPâques
André Verheyen

Il est de bon ton dans certains milieux chrétiens de s'insurger contre la commercialisation autour de certaines fêtes comme Pâques ou Noël.

Il y a là une mise au point intéressante à faire car ce n'est pas le phénomène de la publicité, de la consommation et du commerce qui serait à combattre. Au contraire, à l'époque où la relance de la consommation a une telle importance pour favoriser l'emploi, il faudrait plutôt s'en réjouir. Il n'y a d'ailleurs rien à combattre: tant mieux si les œufs et les poussins en chocolat se vendent bien; c'est bon pour la consommation et pour l'emploi. Tant mieux si les cartes de vœux pour de Joyeuses Pâques se vendent bien; c'est bon pour la croissance et pour l'emploi.

C'est aux chrétiens à faire travailler leur imagination pour trouver de nouvelles actualisations du message pascal pour aujourd'hui. C'est à eux aussi de favoriser, dans ce phénomène de commercialisation, une place croissante pour des expressions valables du message pascal qui puissent frapper les mentalités d'aujourd'hui.

Souvenez-vous de l'impact qu'avait eu, il n'y a pas si longtemps, le texte figurant sur les grandes affiches de l'opération 11.11.11:

CROYEZ-VOUS EN UNE VIE AVANT LA MORT ?

N'est-ce pas un impact du même genre qui serait salutaire à nos contemporains pour que nos voeux de "Joyeuses Pâques" sortent de leur banalisation folklorique ?

Il faut croire que oui, puisque tout récemment Gabriel Ringlet a dû rappeler à certains le sens de la parole du grand mystique suisse Maurice Zundel : "SI NOUS NE SOMMES PAS VIVANTS AU MOMENT DE NOTRE MORT, NOUS NE LE SERONS JAMAIS".

C'est donc dans cet esprit que nous voudrions adresser à nos lecteurs des souhaits pour ce temps pascal.

Conscients que Superman, c'est pour la fiction et que Jésus, c'est pour la réalité, voici ce que nous vous souhaitons:

Que la Vie Nouvelle de Jésus, que nous expérimentons depuis sa mort, nous envahisse et nous permette d'être vraiment Vivants avant notre mort.

André Verheyen - LPCn°88 -1999

14 mai 2016 6 14 /05 /mai /2016 14:14
André Verheyen Le mot d'André Verheyen... ...Dialogue - Proclamation
André Verheyen
LPC n° 33 / 2016

Parmi les équilibres à promouvoir entre valeurs complémentaires, une place de choix revient au couple "dialogue-proclamation".

On trouve peu de personnes qui ne souscrivent pas à la valeur du dialogue avec ses divers aspects d’accueil et d’écoute de l’autre. Cela ne veut pas dire que nous réussissions facilement ces aspects du dialogue. Tout aussi rares sont ceux qui diraient qu’il ne faut pas promouvoir les valeurs que nous avons pu découvrir, et cela pour en faire profiter les autres.

En milieu chrétien, cela se traduit par des expressions telles que "proclamer la Bonne Nouvelle", "construire le Royaume", etc. Dans la réalité concrète de la vie, il n’est pas toujours facile de bien doser ces deux valeurs, car l’Eglise accorde toujours une trop grande place à la proclamation aux dépens du dialogue.

Ce qui est sans doute utile, c’est de consolider notre propre capacité de vivre cet équilibre et cet harmonieux dosage. Et pour cela, quoi de plus indiqué que la réflexion sur le motif et le contenu de ce qu’il y a à proclamer. Le motif, en contexte chrétien, est lié au contenu, puisqu’on parle de "Bonne Nouvelle". Si nous avons découvert une bonne nouvelle, il ne faut pas chercher d’autre motif à la proclamation : il est normal de vouloir la transmettre aux autres.

Que faudrait-il alors pour que notre message soit une bonne nouvelle ?

Je me limiterai ici à quatre conditions importantes :

  1. Il faut que nous précisions ce qu’est notre bonne nouvelle pour nous-mêmes.
    En effet, ce n’est pas dans les formules des catéchismes, des crédos et des rites que l’Eglise répète depuis des siècles que je risque de trouver une "nouvelle". Au contraire, cela me donne plutôt une impression de saturation et d’usure.
    Par contre, la réalité de ce que Jésus a vécu en paroles et en actes garde toute sa force de nouveauté quand je la rencontre aujourd’hui. Le paradoxe de cette nouveauté permanente s’explique par la médiocrité habituelle de la nature humaine. En effet, il est tellement rare de voir des personnes vivre vraiment les valeurs évangéliques que c’est à chaque fois "bonne nouvelle". Ce n’est donc pas dans des formules rituelles, mais dans la vie que je découvre la bonne nouvelle, particulièrement si elle semble conforme à ce que Jésus proclamait : "Convertissez-vous, le Règne de Dieu s’est approché".
  2. Il faut que nous connaissions nos interlocuteurs et donc que nous les écoutions pour savoir ce qu’ils vivent. En effet, comment pourrions-nous apporter un message signifiant pour des personnes dont nous ne saurions pas ce qu’elles pensent ou ce dont elles ont besoin ?
  3. L’inculturation, c’est-à-dire exprimer notre message dans la culture de nos interlocuteurs. Nous avons déjà souvent exprimé cette préoccupation et nous ne la développerons pas ici. C’est tout le problème de l’obstination conservatrice à vouloir maintenir des formulations philosophico-théologiques à la Nicée-Constantinople !
  4. Le témoignage de vie, c’est-à-dire la traduction du message dans le vécu expérimentable. Mieux que des paroles : des actes.

En conclusion je dirais que, tout en accordant un soin réel à l’actualisation du langage, nous devons privilégier le témoignage en actes. Car à toutes les époques et dans toutes les cultures, les gens sont disposés à croire ce qu’ils voient.

André Verheyen -Extraits de LPC n°100/2000, p. 2 et 3.

12 décembre 2015 6 12 /12 /décembre /2015 18:13
André Verheyen Le mot d'André Verheyen : Eviter le choc ou l'amortir ?
André Verheyen
LPC n° 32 / 2015

La plupart des gens vous diront qu'il faut éviter de choquer les personnes.

Et c'est ainsi qu'il y a des choses dont on préfère ne pas parler.

Pendant toute ma vie, j'ai répété avec toute la communauté chrétienne que Jésus-Christ est vrai Dieu et vrai homme, que Marie est la mère de Dieu, que Jésus est un homme dans lequel la deuxième personne de la Ste Trinité s'est incarnée et qui sait donc tout et peut tout.

Depuis quelques années, je me sens solidaire des chrétiens pratiquants et engagés qui refusent de continuer cette proclamation d'un ensemble dogmatique périmé. C'est une question de conscience, une question de sincérité et de fidélité à ce qu'a réellement été Jésus de Nazareth.

Je me trouve donc confronté à la question : "Faut-il éviter les sujets qui risquent de choquer ?" Ma réponse est sans équivoque : le mal est fait ; des millions de gens sont choqués et ont quitté "une Eglise qui parle depuis le Moyen-Age".(Gabriel Marc, cité par G.Ringlet dans l'Evangile d'un libre penseur)

C'est certainement parce que je suis prêtre que je n'ai pas quitté mon Eglise et je considère qu'il faut amortir le choc pour toutes les personnes dont on pense qu'elles ne pourront pas l'amortir elles-mêmes. Mais il ne sert à rien d'éviter des questions qui se reposeront de toute manière un peu plus tard.

Rappelons-nous la réflexion, qui se voulait critique à l'époque du Concile : "On nous change la religion !". Il fallait montrer alors qu'on changeait par rapport à ce qui avait déjà changé avant, ce qui avait déjà trahi le projet de Jésus et qu'il s'agissait donc d'un retour à une certaine authenticité évangélique. La liturgie était le domaine dans lequel le problème était le plus palpable.

Aujourd'hui, la mutation est d'un tout autre ordre : il ne s'agit pas tellement de manières de faire mais de manières de penser et de s'exprimer. Finalement le problème se trouve dans notre conception de Dieu.

Nous en convenons tous : le monde évolue à une vitesse effrayante.

Mais nous sommes beaucoup moins nombreux à admettre qu'il en va de même pour la réflexion théologique. Elle aussi évolue à une vitesse déstabilisante ! Et ici, il y a un problème, c'est que la plupart des gens pensent que les vérités religieuses ne peuvent pas changer. Il suffit de constater la proportion de conservateurs dans l'Eglise, ainsi que les mouvements de refus vis-à-vis des réformes.

La tolérance et la bienveillance permettent cependant d'approfondir la réflexion sur des sujets qui divisent. La méthode écrite favorise encore le climat de dialogue serein car les débats oraux - on le voit bien sur nos plateaux de télévision - prêtent souvent aux émotions et à l'emballement.

Le sujet que nous allons traiter est certainement un de ces sujets qui peuvent "fâcher" au début, mais qui sont incontournables dans notre société occidentale contemporaine. En effet, certains vouent tellement de respect et de vénération à des réalités considérées comme sacrées ou surnaturelles, que le seul fait de proposer une réflexion à leur sujet est déjà ressenti comme une désacralisation ou une provocation.

Or, ceux qui proposent la réflexion à leur sujet, le font au nom de la vérité et de la rigueur intellectuelle qu'ils considèrent, eux, comme sacrées, même s'ils n'utilisent pas nécessairement cet adjectif pour le dire.

Ce n'est pas manquer de modestie, de constater que nous, "Libre pensée chrétienne", nous sommes bien placés pour communiquer notre expérience et notre réflexion au sujet de cette évolution, de cette maturation qui part d'une conception un peu enfantine, un peu magique de la religion et qui découvre, dans l'Evangile même les clefs d'une purification vers la spiritualité.

La foi dont nous devons témoigner est l'enthousiasme profond des minorités agissantes et conscientes. Les "signes du Royaume" la soutiennent : chaque fois que quelqu'un, qui se demandait s'il n'allait pas quitter ce christianisme dogmatique dépassé, nous manifeste sa joie de vivre comme une libération la découverte de ce chemin d'enthousiasme discret qu'est "La libre pensée chrétienne".

Sachez-le et dites-le.

André Verheyen. Décembre 2006

26 septembre 2015 6 26 /09 /septembre /2015 10:06
André Verheyen Le mot d'André Verheyen : Y a-t-il une théologie pour les gens simples ?
André Verheyen
LPC n° 31 / 2015

L'intervention de l'évêque de Namur dans le quotidien "Vers l'Avenir" du 26 janvier dernier a rappelé à notre bon souvenir cette préoccupation, ce souci d'une expression de la foi qui soit accessible aux "gens simples". Nous lisons ainsi : "…je souffre du scandale de gens simples, déconcertés d'entendre de la bouche d'un prêtre, que l'enfer, le purgatoire et le paradis sont des catégories inventées pour maintenir les gens simples dans la peur, voire de pures inventions médiévales."

Qui sont les "gens simples" ?

C'est évidemment une question-piège. On pourrait dire que "les" gens simples n'existent pas plus que "les" jeunes. Il existe des jeunes aussi différents que des adultes. Il y a, dans ses généralisations simplistes ou hâtives, une déviation vers l'abstraction et un manque de réalisme concret.

Si je tiens à affirmer cela avec conviction, c'est parce que je participe depuis des années à de nombreuses réunions de partage et d'échanges dans des groupes très variés. On y trouve des religieux et des agnostiques, des enseignants, et des ménagères, des employés et des ouvriers. Et ma préoccupation a toujours été d'être accessible et compréhensible pour tous les participants.

C'est d'ailleurs pour cela que j'avais été si impressionné par la prise de position du théologien Robert Blomme (1927-1966) qui nous disait un jour : "Je souhaiterais qu'il y ait un serment pour les théologiens, comme le serment d'Hippocrate pour les médecins, qui dirait à peu près ceci : je jure de ne jamais rien dire si ce n'est en termes compréhensibles, à commencer par moi-même".

Il y a une méprise caractéristique du discours conservateur : c'est de penser qu'on "trouble les gens simples" quand on remet en question les affirmations traditionnelles du magistère officiel.

Je constate, quant à moi, que les débats télévisés de tout genre sont suivis par un public si nombreux et si varié que ce sont de moins en moins les remises en question qui troublent et de plus en plus les anciennes formulations dogmatiques qui ne correspondent plus à la sensibilité culturelle contemporaine.

Comment peut-on se prétendre soucieux des gens simples en imposant encore le Credo de Nicée–Constantinople ?

Comment peut-on penser qu'on respecte les gens simples en les maintenant dans la conception historicisante des textes bibliques dont le genre littéraire est mythologique ou symbolique ? C'est aussi méprisant que de penser qu'ils ne sont pas capables de comprendre le genre littéraire des épopées médiévales ou des fables de La Fontaine.

Comment peut-on penser rendre service aux gens simples en continuant à utiliser des mots ambigus comme "résurrection" et à fortiori, "résurrection de la chair" ?

Non seulement on rend le dialogue interreligieux difficile - pour ne pas dire plus - mais on pervertit une réalité spirituelle en exploit de Superman.

André Verheyen. LPC n°88/1999

6 juin 2015 6 06 /06 /juin /2015 09:00
André Verheyen Le mot d'André Verheyen : Dieu se fait-il connaître ?
André Verheyen
LPC n° 30 / 2015

Est-il possible de savoir quelque chose de Dieu ? Les religions peuvent-elles offrir à leurs fidèles plus qu'une approche incertaine du divin qui demeure vague et lointain ? Comment en effet des démarches humaines, même les plus respectueuses et les mieux intentionnées, pourraient-elles prétendre saisir quelque chose d'exact et de précis à propos de Dieu ?

Pour les Juifs, Dieu s'est révélé en particulier à Abraham, Moïse et les Prophètes et sa volonté est clairement exprimée dans la Torah.

Pour les chrétiens, Dieu s'est fait connaître lui-même en Jésus-Christ.

Pour l'Islam, c'est Dieu lui-même qui a dicté le Coran à Mahomed.

Ce sont toujours des hommes qui expriment ce qui est considéré comme révélé.

Dépassant les circonstances particulières qui ont été à l'origine des religions et les questions d'historicité qu'elles suscitent, nous n'échappons évidemment pas à cette conviction que la perception d'un signe révélateur de Dieu, autant que son expression, sont toujours l'œuvre d'êtres humains. D'où la question inévitable : qu'y a-t-il d'autre que l'imagination humaine ou comment faire le tri entre l'apport humain et ce qui pourrait avoir une autre origine ? […]

Mais pour le croyant de bonne volonté, la difficulté majeure est que lorsqu'on indique ce caractère humain et subjectif de l'approche particulière du sacré dans les différentes religions, il a l'impression que sa foi est menacée. C'est pourquoi, il est toujours bon de rappeler des situations analogues qui, dans le passé, ont abouti non pas à une perte de la foi mais à sa maturation : songeons, bien sûr, à l'affaire Galilée et à l'évolutionnisme de Darwin.

Dans ce domaine comme dans d'autres, la peur est mauvaise conseillère. Applaudissons donc ceux qui font un travail de pionniers, comme le théologien Hans Kung par exemple dans "Une théologie pour le troisième millénaire" Seuil 1989.

"Quelle est donc l'attitude fondamentale requise aujourd'hui des chrétiens face aux religions du monde ? […]

  • un peu plus d'indifférence à l'égard de la prétendue orthodoxie, qui se veut la norme du salut ou du non salut de l'homme et ne craint pas de recourir à la force et la coercition pour imposer sa prétention à la vérité. […]
  • un sens plus aigu de la relativité face à toutes les absolutisations humaines, qui entravent une coexistence féconde des différentes religions. […]
  • une volonté plus effective de synthèse face à tous les antagonismes confessionnels et religieux, qui font encore couler tous les jours le sang et les larmes, pour que règne enfin entre les religions la paix, et non plus la guerre, la haine, la controverse. " (o.c.p 328)

Ces passages sont extraits du chapitre "L'unique vraie religion existe-t-elle ?". Sujet tout à fait passionnant pour une optique de libre pensée chrétienne.

Dans son essai de réponse à cette question, Hans Kung distingue une approche "de l'extérieur", du point de vue des sciences des religions et une approche "de l'intérieur", du point de vue du croyant chrétien.

La première approche

"À voir les choses de l'extérieur…, il y a plusieurs vraies religions : des religions qui, malgré toute leur ambivalence, répondent au moins fondamentalement aux critères que nous avons établis (éthiques et religieux)" (o.c.p352)

Ces critères, l'auteur les avait exprimés de la manière suivante :

"a) Critère positif : dans la mesure où une religion sert l'humanité, dans la mesure où, dans son enseignement dogmatique et moral, dans ses rites et institutions, elle promeut les hommes dans leur identité, leur signification et leur valeur humaines, et où elle leur permet de mener une existence porteuse de sens et fructueuse, dans cette mesure elle est une religion vraie et bonne.

Autrement dit, ce qui protège, guérit et accomplit les hommes dans leur être humain physique et psychique, individuel et social (vie, intégrité, liberté, justice, paix), ce qui est donc humain, authentiquement humain, voilà ce qui peut se réclamer à bon droit du 'divin' ".

"b) Critère négatif : dans la mesure où une religion propage l'inhumanité, dans la mesure où, dans son enseignement dogmatique et moral, dans ses rites et institutions, elle entrave les hommes dans leur identité, leur signification et leur valeur humaines, et où elle contribue à leur faire manquer une existence porteuse de sens et féconde, dans cette mesure elle est religion fausse et mauvaise.

Autrement dit, ce qui opprime, blesse et détruit manifestement les hommes dans leur être humain physique et psychique, individuel et social, ce qui est donc inhumain ou non authentiquement humain, cela ne peut pas se réclamer du 'divin'". (o.c.p338-339)

On sent chez Hans Kung le professeur qui expose le plus clairement possible, en répétant certaines choses pour bien se faire comprendre.

L'autre approche :

"À voir les choses de l'intérieur, du point de vue du croyant chrétien s'orientant d'après l'évangile, il y a pour moi la vraie religion ; pour moi qui ne puis suivre tous les chemins à la fois, elle est le chemin à suivre : c'est le christianisme, dans la mesure où il témoigne de l'unique vrai dieu en Jésus. Cette unique vraie religion pour moi, pour nous chrétiens, n'exclut nullement la vérité dans d'autres religions […].

Mais aucune religion n'a la vérité, Dieu seul a toute la vérité. Dieu seul - quel que soit le nom dont on l'appelle - est la vérité". (o.c.p352-353)

Il n'est donc plus de mise de parler de "seule vraie religion" ou de "seule révélation authentique".

Et l'auteur termine son livre par une perspective d'avenir en montrant que, finalement, toutes les religions sont appelées à disparaître.

"Qui sait comment se présentera la christologie, la coranologie, la bouddhologie… de l'an 2089 ? Une seule chose est sûre, en ce qui concerne l'avenir : à la fin de la vie humaine et du cours du monde, […] il n'y a plus place pour aucune religion, à la fin se tient l'Indicible lui-même que visent toutes les religions…"

En conclusion, nous dirons donc que, dans la perspective de libre pensée chrétienne, nous retenons les deux approches que Hans Kung propose.

Il n'est donc plus question de savoir quelle est "la vraie religion". Par contre, je peux dire que ma religion est vraie "pour moi", dans la mesure où elle m'apporte une "vraie" approche de Dieu et du sens qu'il peut donner à ma vie.

Les communautés de base à Madagascar expriment cela dans une très belle formule : "Dans les églises on dit que Dieu existe ; dans les communautés, on le vit et on le voit."

André Verheyen. Mai 1994

28 mars 2015 6 28 /03 /mars /2015 12:08
André Verheyen Le mot d'André Verheyen : La joie d'un athée
André Verheyen
LPC n° 29 / 2015

Quel que soit le thème que l'on aborde, si on veut le traiter avec rigueur, on y trouve la question du sens : analyse objective si possible et prise de position subjective forcément.

Un des défis de LPC est de tenter l'exploration des zones où les frontières, les clôtures et les barrières s'estompent et où la satisfaction des classifications claires et nettes est remplacée par celle d'une communion élargie.

Des philosophes comme André Comte-Sponville, qui se dit athée, nous confirment dans cette communion au-delà des frontières de la croyance.

Dans son numéro de novembre 1995, "Actualité religieuse" nous présentait A. Comte-Sponville comme "un philosophe athée qui parle clairement d'amour, de Dieu et de vertu. Un moraliste qui libère de la morale. Un homme qui marche…" Et encore : "Moraliste joyeux, A. Comte-Sponville, maître de conférence à la Sorbonne, ne veut pas rester dans sa tour d'ivoire : "Philosopher c'est vivre, et vivre heureux."

Dans une interview citée par la revue "Incroyance et foi" (n°69), celui-ci ne laisse aucun doute sur son incroyance :

"Il nous faut admettre que nous sommes seuls sur cette terre, que le ciel est vide… Nous devons apprendre à vivre avec ce désespoir radical qui, bien loin de nous faire sombrer dans l'amoralisme, doit nous entraîner vers la seule chose qui vaille vraiment dans la vie d'un homme : aimer." (1)

Il ne faudrait pas croire pour autant qu'il prétend savoir que Dieu n'existe pas "car il s'agit de croire que Dieu n'existe pas et non pas de le savoir. Quelqu'un qui dirait : 'Je sais que Dieu n'existe pas' n'est pas un athée, c'est un imbécile. La vérité, c'est qu'on ne sait pas. Et c'est parce qu'on ne sait pas qu'il s'agit de croire ou de ne pas croire. Je dirais d'ailleurs la même chose pour les croyants. Si quelqu'un me dit : 'Je sais que Dieu existe', pour moi ce n'est pas un croyant, c'est un imbécile." (2)

Et pourtant saint Paul dit : "Je sais en qui j'ai mis ma foi" (2Tim.1,12). Mais ce n'est pas nous non plus qui allons apprendre à A. Comte-Sponville que Pascal disait : "Le cœur a ses raisons que la raison ne connaît pas."

Même avec des penseurs de qualité - surtout, sans doute, avec des penseurs de qualité - on prendra le temps de préciser les notions qui risquent d'être ambiguës. Et ce qui me frappe, c'est que ce sont les réalités et les notions les plus fondamentales de notre croyance - ou de notre incroyance - qui sont toujours les plus ambiguës : le ciel, l'au-delà, la résurrection…

L'ambiguïté provient de ce que des réalités spirituelles sont encore toujours présentées comme inséparables de leur emballage "spatio-temporel". Par exemple, on croit généralement que pour être croyant il faut croire en une vie "après la mort".

Thierry Lionnet pose la question à A. Comte-Sponville: "Une chose m'étonne. Vous parlez et écrivez sur l'amour évangélique, citant saint Paul, saint Augustin, Simone Weil, et vous êtes un philosophe athée. N'y a-t-il pas là un paradoxe ?"

Et celui-ci répond : "Mais j'ai envie de vous dire : 'Qu'est-ce que Dieu vient faire là-dedans ?' Je n'ai pas besoin de croire en Dieu pour m'y reconnaître. J'essaye d'être un athée fidèle. Athée parce que je ne crois pas en Dieu, en une autre vie après la mort, mais fidèle, parce que je perçois la grandeur de cette tradition évangélique, et j'essaye dans la mesure de mes moyens de la prolonger. Ce qui fait la valeur d'un être humain, d'une action, d'une vie, ce n'est pas que l'individu en question croie ou non en Dieu, ou bien en une vie dans l'au-delà ; ce qui fait la valeur d'une vie ou d'un individu, c'est la quantité d'amour dont il est capable. Donc, il me semble que l'on n'a pas besoin de croire en Dieu pour essayer d'être fidèle à ces valeurs-là." (3)

"Pour moi, dit A. Comte-Sponville, être athée ce n'est ni se châtrer l'âme, ni renoncer à toute vie spirituelle mais c'est chercher une spiritualité sans Dieu. Cette spiritualité, je ne la cherche pas du côté de la transcendance et d'une quelconque foi religieuse, mais du côté de l'immanence (4). Mes modèles sont des philosophes grecs, notamment Épicure, ainsi que les traditions orientales comme le bouddhisme. Ces sagesses attestent l'existence de vraies spiritualités qui ne relèvent pas d'une transcendance mais d'une immanence, c'est-à-dire d'une spiritualité dans le monde."

La manière dont lui est posée la question suivante est tout à fait caractéristique de la liaison avec le spatio-temporel dont nous parlions ci-dessus : "Dans une perspective humaine de quelques années d'existence, en admettant, comme vous le faites, qu'il n'y a pas de vie après la mort, à quoi bon être vertueux ? Pourquoi ne pas profiter le plus possible de ce que l'égoïsme, la domination peuvent nous apporter ?"

Réponse du philosophe : "À quoi bon être vertueux ? À rien, sinon à la vertu elle-même. La vertu est sa propre récompense, et il n'y en a pas d'autre. Comprenez bien qu'il en va exactement de même pour le croyant. Si vous êtes vertueux pour le salut de votre âme, pour gagner le paradis, vous n'êtes pas vertueux puisque votre action, soi-disant vertueuse, est accomplie par intérêt. Dans tous les cas, agir vertueusement, c'est toujours agir de façon désintéressée. Le croyant et l'incroyant sont ici très proches. Il n'y a pas d'autre récompense à la vertu que la vertu elle-même, mais c'est une vraie récompense, car contrairement à ce que l'on pense, la vertu n'est pas du côté de la tristesse, d'une diminution d'être, au contraire, la vertu est du côté de la joie, de l'ouverture, de la liberté."

Voilà un homme qui - tout en se disant incroyant - pense que "la seule chose qui vaille vraiment dans la vie d'un homme, c'est aimer, que ce qui fait la valeur d'une vie ou d'un individu, c'est la quantité d'amour dont il est capable, et qu'agir vertueusement, c'est toujours agir de façon désintéressée".

Le croyant et l'incroyant sont ici très proches.

C'est l'interlocuteur idéal pour notre œcuménisme du quatrième cercle.

Nous nous sentons en parfaite communion avec cet homme lorsqu'il dit :

"la vertu est du côté de la joie, de l'ouverture, de la liberté."

André Verheyen- Mars 1996

(1) Cité dans l'"Actualité Religieuse" du 15 janvier 1996 (retour)
(2) Cité dans l'"Actualité Religieuse" du 15 janvier 1996 (retour)
(3) Cité dans l'"Actualité Religieuse" du 15 janvier 1996 (retour)
(4) Immanence : qui résulte de la nature même de l'homme, qui relève du domaine de l'expérience
Transcendance : ce qui se situe hors d'atteinte de l'expérience et de la pensée de l'homme (retour)
1 janvier 2015 4 01 /01 /janvier /2015 15:46
André Verheyen Le mot d'André…
Prière
André Verheyen
LPC n° 28 / 2014
  • Dieu,
  • Source de l'Etre
  • Auteur de tout ce qui existe,
  •  
  • Que de choses n'a-t-on pas dites de Toi !
  • Et ma réaction est la méfiance, la prudence,
  • Toujours ce Dieu à l'image de l'homme !
  •  
  • Pourtant je ne veux pas me contenter du silence vide,
  • Le silence, oui.
  • Un silence habité par la conscience que Tu connais mes pensées et mes sentiments avant moi.
  • Un silence habité aussi par la conscience du Mystère…
  •  
  • Ce qui est vrai, c'est que si je commence à énumérer les choses pour lesquelles je Te dis merci, j'en ai pour longtemps !
  •  
  • La vie,
  • La conscience,
  • La beauté,
  • La découverte,
  • La rencontre d'êtres de qualité…
  •  
  • Alors, dans le silence devant ton Mystère,
  • Un seul mot : m e r c i !

André Verheyen

1 octobre 2014 3 01 /10 /octobre /2014 14:19
André Verheyen Le mot d'André…
L'ESPRIT
André Verheyen
LPC n° 27 / 2014

Expérience et crédibilité

Nous avons peu de chances de susciter l'enthousiasme des non-chrétiens si nous partons de la dogmatique traditionnelle de la trinité avec sa "nature" et ses "personnes".

Même chez les chrétiens nous rencontrons de plus en plus le désir d'un langage diffèrent de celui de Nicée-Constantinople : "…qui procède du Père et du Fils".

Par contre, nous avons toutes les chances de nous retrouver dans la simple expression de notre expérience dans le domaine de l'esprit.

En effet, qui n'a pas rencontré l'une ou l'autre personne qui avait un esprit de contradiction ?

Qui n'a pas admiré l'esprit de service de certaines personnes ou de certains groupes ? Quel professeur n'a pas été heureux de constater le bon esprit qui régnait dans sa classe ou n'a pas souffert du mauvais esprit qu'y mettaient certains ? Qui, enfin, n'a pas admiré la qualité de grands esprits, que ce soit dans le domaine artistique, scientifique ou philosophique ?

Cette dernière expérience nous met sur la voie de l'Esprit Saint. Car la rencontre de certaines personnes provoque en nous la question : d'où leur vient cette qualité spirituelle ? D'autant plus qu'il y a une vie spirituelle dont la tonalité n'est pas philosophique, scientifique ni artistique mais plutôt morale dans le sens le plus noble, c'est-à-dire orientée vers le Bien absolu, l'Amour absolu.

On peut imaginer sans peine que c'est cette expérience que les disciples de Jésus ont faite et qui leur a fait dire que Jésus est Fils de Dieu, puisque l'Esprit de Dieu vit tellement en lui.

Les croyants de toutes les religions vivent des expériences de ce genre et aussi ceux qui ne se réfèrent à aucune institution confessionnelle. Ceux-là ne parleront pas de l'Esprit Saint ni de l'Esprit de Dieu mais ils mettront tout de même une majuscule à Esprit.

Un autre aspect important pour notre crédibilité au sujet de l'Esprit est la traduction de notre héritage dans notre culture contemporaine.

Cela m'a toujours mis mal à l'aise d'entendre le langage de l'évêque ou de son délégué dans la célébration de la Confirmation : "Vous allez recevoir l'Esprit Saint. Dans quelques instants, par l'imposition des mains, je vais vous donner - ou Dieu va vous donner - l'Esprit Saint".

Et un de mes confrères, professeur de première, me disait le lendemain d'une Confirmation- alors que ses élèves avaient été particulièrement difficiles - : "J'ai les trois quarts de mes élèves qui ont été confirmés hier ; eh bien, ils sont aussi bêtes qu'avant ! "

Cet humour noir ne mettait nullement en cause sa foi en l'Esprit mais la conception traditionnelle et conventionnelle selon laquelle ses élèves avaient reçu l'Esprit Saint.

Il faut savoir que nous sommes tributaires du langage biblique. Or, nous savons que la Bible s'exprime souvent comme si l'Esprit était une réalité concrète qu'on peut donner et recevoir à un moment précis. Dans le Nouveau Testament, on pourrait citer des dizaines de passages.

En particulier en Saint Jean, où il est abondamment question de l'Esprit que Jésus enverra et que ses disciples recevront, ou dans les Actes des Apôtres, où la venue de l'Esprit est souvent présentée comme un événement instantané, visible ou audible. On sait le danger que représente l'interprétation littérale de ces récits bibliques !

Notre langage actuel est suffisamment étoffé pour parler de l'Esprit et de la vie spirituelle d'une manière qui corresponde à notre expérience.

Je terminerai par une dernière citation. Si nous reconnaissons la trace du Créateur dans ses œuvres, comment ne pas reconnaître l'Esprit dans ses fruits : "Voici le fruit de l‘Esprit : amour, joie, paix, patience, bonté, bienveillance, foi, douceur, maîtrise de soi."

André Verheyen

LPC 46/1995

1 juillet 2014 2 01 /07 /juillet /2014 00:38
André Verheyen Le mot d'André…
André Verheyen
LPC n° 26 / 2014

PARABOLE : Dans une des paroisses où j'ai eu le plaisir de travailler, il y avait une statue du Sacré-Cœur, en plâtre, dont une personne bien intentionnée s'était débarrassée en la donnant à la paroisse. Etant donné que cette statue était passablement démodée, le responsable de la paroisse ne désirait nullement s'en encombrer mais, bien intentionné lui aussi, la remit aux organisateurs de la prochaine tombola paroissiale. La personne qui eut la chance encombrante de gagner ce lot en fit généreusement don aux organisateurs de la tombola suivante. L'histoire se répéta pendant des années jusqu'au jour où un vicaire, particulièrement conscient du ridicule de la situation, eut le courage d'y mettre fin en détruisant la statue en question. Bien sûr, la version officielle des responsables - toujours bien intentionnés - fut qu'elle était tombée accidentellement !

Si je donne le titre "parabole" à cette anecdote tout à fait authentique, c'est qu'elle symbolise assez bien ce qui se passe dans beaucoup de nos paroisses. Les responsables, bien intentionnés, ne veulent choquer personne et, bien qu'ils constatent le décalage entre la mentalité de notre culture contemporaine et un certain passéisme dans leurs pratiques religieuses, n'osent pas casser la statue. Alors on continue le train-train habituel en disant que la paroisse est la seule solution pour le "tout-venant". Cette expression est souvent utilisée pour désigner la clientèle des paroisses. Et, comme pour beaucoup d'autres, son utilisation s'accompagne de bien des ambiguïtés. En effet, quand on dit qu'il ne faut pas repousser "les gens simples" ou ceux qui n'ont que ça comme lien avec l'Eglise, on confond souvent l'accueil bienveillant des personnes avec un manque d'imagination et d'audace dans l'aggiornamento nécessaire. […]

C'est ce qui nous fait dire que le problème est plus qu'une question de vocabulaire et de grammaire. De nombreux auteurs ont déjà montré que la confusion des langages est souvent une confusion des genres littéraires. On trouve des pages éclairantes à ce sujet dans "Le grand code" de Northrop Frye (Ed. du Seuil 1984). L'auteur montre bien que les récits de la Bible sont des mythes et que si on les lit dans un autre registre de langage il y a incompréhension.

Ceci mérite un petit développement, surtout pour dissiper la conception péjorative que nous avons généralement d'un mythe en le considérant comme quelque chose "qui n'est pas vrai".

"Il y a des histoires qui semblent avoir une signification particulière : ce sont celles qui content à une société ce qu'il est important pour elle de savoir. On peut appeler ces histoires des mythes dans un sens secondaire, un sens qui les distingue des contes populaires. Elles deviennent ainsi "sacrées", distinctes des histoires profanes et font partie de ce que la tradition biblique appelle révélation. Donc, le mot mythique signifie ici le contraire de "ce qui n'est pas réellement vrai" : il désigne ce qui est chargé d'un sérieux et d'une importance tout particuliers". L'auteur montre le danger qu'il y a dans les doctrines des Eglises à établir des systèmes d'argumentation qui tendent à prouver qu'elles (ces Eglises) réalisent ce qui était préfiguré dans la Bible. Il y a alors un appauvrissement par rapport aux possibilités plus vastes de la suggestion poétique du mythe. La lecture au sens littéral est appelée fondamentaliste. Certains emploient aussi le mot historicisante pour exprimer que cette lecture transpose dans le genre littéraire historique ce qui relève du mythologique ou du symbolique. Il y a déjà un certain nombre de sujets pour lesquels beaucoup de chrétiens ont abandonné la lecture fondamentaliste : la création, le paradis terrestre, Adam et Eve, le péché originel, … par contre les miracles dans l'évangile, l'incarnation, la divinité de Jésus, la résurrection posent encore plus de difficultés. Concluons en avouant que l'adhésion à cette vision des choses n'est pas facile. Nombreux sont ceux qui sont profondément marqués par l'enseignement dogmatique traditionnel. C'est pourquoi nous poursuivons notre travail sans animosité contre qui que soit, avec le respect de toute personne sincère.

André Verheyen

LPC n°48/1995 et 56/1996

1 avril 2014 2 01 /04 /avril /2014 11:49
André Verheyen Le mot d'André… - Au-delà ou après ?
André Verheyen
LPC n° 25 / 2014

De tout temps, l'homme a essayé d'expliquer le contraste entre un Dieu bon - et considéré comme tout-puissant - et un monde où il y a tant de mal et de souffrance.

Les deux éléments de réponse le plus souvent invoqués sont la "faute de l'homme" et la "compensation dans une autre vie". C'est ainsi que nous trouvons dans la Bible le mythe du paradis terrestre, image idyllique d'un monde parfait tel que Dieu l'a créé et le mythe du péché originel, la faute de l'homme qui a tout gâché.

Pour ce qui est de la compensation dans une autre vie, on connaît les différentes formes d'un retour au ciel, au paradis, à la demeure de Dieu.

C'est la manifestation du plus élémentaire "bon sens humain" que de revendiquer une compensation après la mort pour les manques de bonheur ou les souffrances vécues dans cette vie sur la terre.

Cette réflexion de bon sens est même présente dans certains passages de l'Ecriture. Pourtant on peut se demander s'il n'y a pas une dimension plus profonde à découvrir.

La question que je voudrais poser est la suivante : Est-ce que la conception de l'au-delà comme compensation après la mort des frustrations et des injustices ressenties dans la vie "ici-bas" ne nous maintient pas trop au niveau du "bon sens" humain ? Est-ce que la résurrection du Christ, comprise comme sortie du tombeau et compensation de la souffrance et de l'injustice qu'il a subies, ne nous empêche pas d'accéder à ce qu'il y a de spécifique dans la Bonne Nouvelle du Royaume et qui dépasse de loin le niveau du bon sens ? Ceci expliquerait pourquoi la Bonne Nouvelle suppose la "conversion" : "Convertissez-vous ; le royaume de Dieu s'est approché" (Marc 1,15- Math.4, 17).

La vraie spécificité de l'Evangile ne serait-elle pas à chercher non pas dans une compensation mais dans une autre dimension, celle de l'Amour ?

Le royaume de Dieu, inauguré par Jésus ne serait plus alors le retour du Paradis perdu : un monde sans injustices ni maladies. Il serait le monde réel avec ses malades, ses prisonniers et ses pécheurs…mais où l'Amour remporte chaque jour de petites et grandes victoires.

Et si la conversion supposée par la Bonne Nouvelle de Royaume était cette renonciation aux compensations revendiquées à juste titre par le bon sens humain ?

André Verheyen

LPC n°99/avril 2000 p.8-9 et Réflexions simples pour une crédibilité 2002 p.32