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5 décembre 2020 6 05 /12 /décembre /2020 18:09
Jacques Musset Carte d’identité du Jésus de Mathieu
Jacques Musset

Et si, confinés dans nos chaumières en cette période de l’Avent, nous prenions le temps de relire le récit mythique de la naissance de Jésus en compagnie de Jacques Musset et de son livre :

« S’approprier l’évangile selon Saint Matthieu »

Avertissement au lecteur qui se croit nul en la matière
Surmonter ses complexes et ses appréhensions

Le titre de cette introduction est un tantinet provocateur et, peut, pour qui manque d'humour, avoir des allures de mépris ou de condescendance. Il n'en est rien de la part de son auteur. Au contraire. Ce titre lui a été soufflé par un ouvrage paru récemment: "La philosophie pour les nuls" dont l'objectif est d'introduire au vaste domaine philosophique le tout-venant, curieux mais un peu complexé de se lancer dans pareille aventure. Est-ce bien pour lui? N'est-ce pas du ressort des spécialistes? Ne va-t-il pas se perdre dans les dédales des raisonnements? Est-il capable d'ailleurs de penser personnellement? Ne faut-il pas s'en remettre à ceux dont c'est soi­ disant le métier?

Il ne manque pas de personnes (chrétiennes ou non) qui ont le même réflexe par rapport à la Bible, Ancien et Nouveau Testament. Elles sont aimantées par ces antiques paroles qui font partie du patrimoine commun de l'humanité, elles désirent vivement les découvrir ou les redécouvrir avec des yeux neufs, en comprendre la signification, et y trouver une nourriture qui donne souffle à leur vie mais elles n'osent pas croire qu'elles peuvent se les approprier personnellement. N'est-ce pas là encore affaire de spécialistes ou du moins des clercs? N'est-il pas prétentieux de se lancer sérieusement dans ce travail, alors qu'on est sollicité quotidiennement par ses engagements familiaux, professionnels et sociaux? Ne court-on pas le risque d'aller vers des impasses et de s'écarter des commentaires habituels?

Ces autocensures sont des pièges. S'autoriser à les bousculer au nom du désir secret et récurrent qu'on porte en soi est un chemin de libération. Ce livre, parmi d'autres, est précisément pour ces gens dûment motivés mais qui n'ont pas reçu une culture biblique minimale et qui ne se sont guère permis jusque-là de se dire et de partager leur propre parole à la suite d'une lecture biblique. Il se présente comme un guide accompagnateur sur des sentiers inconnus. Rien de moins; rien de plus.

Ce livre a une histoire. Il est le fruit d'un travail personnel réalisé dans le cadre d'un partage communautaire sur l'Évangile de Saint Matthieu pendant deux ans. Chaque mois, en groupe de dix personnes, nous avons étudié pas à pas cet évangile, chacun exprimant à haute voix ce que le texte lui disait. Mon apport personnel, ce sont les différents chapitres de ce livre.

Comprendre le texte tel qu'il se présente

Ma lecture est inspirée par deux exigences. D'une part, il me paraît nécessaire d'essayer de comprendre le texte tel qu'il se présente. Écrit il y a près de vingt siècles dans un contexte historique, ecclésial, social et culturel tout à fait différent du nôtre, il ne peut manquer de nous surprendre voire de nous dérouter et de nous rebuter. C'est pourquoi la première exigence dans la lecture d'un texte évangélique (comme de tout texte biblique) afin d'éviter faux-sens et contre-sens est de tenter autant que possible d’entrer dans l'intelligence de ce qu'ont voulu dire ses rédacteurs Ce n'est pas facile de s'astreindre à cette ascèse. L'attitude spontanée de bien des lecteurs est de "sauter" sur le texte et de le lire comme s'il avait été écrit la veille.

Ce comportement est un manque d'écoute caractérisé. Les textes bibliques sont, comme tout interlocuteur, porteurs d'un mystère inconnu, étrangers par bien des aspects à ce que nous vivons, ressentons, croyons. Si nous nous en emparons sans nous mettre patiemment à l'écoute de ce qu'ils disent à travers des modes de pensée et des langages qui leur sont particuliers et qui nous sont si étrangers, alors nous risquons de ne rien entendre. Le texte devient un simple miroir où nous nous regardons avec complaisance. Nous ne voyons que ce que nous portons déjà en nous. Cette approche des textes est d'autant plus nécessaire que bien des lecteurs sont tributaires de précompréhensions héritées du catéchisme, de sermons, bref d'images d'Epinal appartenant à un vieux fonds commun chrétien. Ces significations acceptées et rabâchées sans esprit critique risquent de camoufler les trésors qui se cachent dans les textes.

Tout cela ne signifie pas qu'il faille aller suivre des cours très savants à l'université catholique sur la Bible. Il suffit en premier lieu d'être intérieurement disposé à écouter vraiment les textes pour eux-mêmes et de s'aider avec des moyens simples, issus des résultats de l'exégèse savante, à entrer dans l'intelligence de ces textes. Ce n'est pas onéreux pour qui s’y prête et qui en a découvert tous les bénéfices (car c'est en pratiquant l'écoute qu'on devient écoutant et qu'on y prend goût; cela est vrai en tous domaines). Cette exigence de prendre le temps de laisser venir à soi le texte par une écoute attentive ne s'oppose pas à un mouvement spontané de coup de cœur. Il en va avec les textes comme avec les personnes: on est subjugué d'emblée, on ne sait trop pourquoi, par telle parole ou par tel récit! Reste qu'après ce mouvement initial affectif, il est nécessaire pour comprendre l'inconnu qui nous enchante de se livrer « à l'épreuve » d'une écoute patiente et respectueuse.

S'approprier personnellement le texte

La seconde exigence qui me guide et me motive dans la lecture des textes évangéliques c'est qu'elle débouche sur une appropriation personnelle de ces textes. Si je m'en tenais au premier critère, je ne ferais qu'une étude de texte. Exercice fort intéressant et qui peut se suffire à lui-même. Mais ce n'est pas une lecture spirituelle, au sens le plus large du terme, à savoir une lecture qui donne du souffle à l'existence. Pour moi, chrétien (mais cela peut concerner des personnes qui ne le sont pas), lire les évangiles c'est en définitive y chercher et y trouver une source à laquelle m'abreuver afin d'inventer sans cesse et de poursuivre mon propre chemin d'humanité. Je ne cherche pas dans les évangiles des recettes ni des modèles. Ce qui me passionne avant tout, c'est de percevoir à travers le témoignage des premiers chrétiens la figure de Jésus de Nazareth: ce témoin exceptionnel d'humanité qui, dans un temps et un lieu, a pris son destin à pleines mains et en toute responsabilité et ce faisant a dessiné les contours d'une manière nouvelle de vivre, conjuguant la présence à soi et une relation juste avec autrui, la liberté intérieure et l'engagement concret au service d’autrui. Ce visage ne cesse de m'inspirer depuis longtemps et je n'ai jamais fini de découvrir les richesses de ce compagnon silencieux et d'entendre ses appels à emprunter et à vérifier le chemin de vie qu'il a ouverts. (...)

En partageant le fruit de cette recherche sur l'évangile de Matthieu, je suis persuadé qu'elle rejoindra l'attente d'un certain nombre de lecteurs. Pour avoir pratiqué cette méthode avec nombre de gens au cours des trente dernières années, j'ai remarqué combien ils l'appréciaient car elle était pour eux libératrice. Ils n'étaient plus consommateurs d'un sens imposé de l'extérieur, mais des acteurs dans la découverte des textes et dans leur prise personnelle de parole sur ces textes. (…)

La richesse de l'évangile de Matthieu est telle que l'on ne trouvera pas ici une analyse fouillée de chaque ligne du texte. Mais le travail proposé balaie cependant l'ensemble de ce magnifique témoignage des premiers chrétiens sur Jésus et sur la manière de vivre selon l'esprit qui l'a animé. D'autres méthodes de lecture des textes évangéliques que celle que j'ai utilisée existent. J'ai privilégié celle-ci que je pratique depuis longtemps et qui a fait largement ses preuves.

Méthode proposée

Il va sans dire qu'il est souhaitable pour mener à bien l'entreprise de se munir d'une bonne édition du Nouveau Testament.

Comment se servir de ce document, seul ou en groupe ?
Quelques suggestions :

  1. Prendre le temps de lire et même de relire le texte évangélique dont la référence est indiquée en tête de chaque chapitre du livre.
  2. Mettre par écrit les questions et les réactions qui viennent spontanément à l'esprit sans s'autocensurer.
  3. Lire le commentaire proposé. Il répond peut-être à certaines interrogations et objections.
  4. Mettre par écrit en quoi on se sent concerné par le passage (ou une partie du passage) étudié.
N.B. Si l'on travaille en équipe, il est souhaitable que les étapes énoncées précédemment soient parcourues par chacun. Le temps de la rencontre permettra:
  • d' une part de revenir sur certains points concernant la compréhension du texte,
  • d'autre part et surtout de partager l'écho que le texte a dans la vie de chacun des participants.
On peut consacrer plusieurs séances au même chapitre s'il y a matière.

 

Carte d'identité du Jésus de Matthieu
Matthieu 1-2
Un prologue de l'évangile

Les deux premiers chapitres de l’évangile de Matthieu en sont le prologue initial, c'est-à-dire l'introduction générale qui donne le sens de ce qui suit. Chaque évangile a un prologue original. En Marc, le plus ancien, il n’a qu'un seul verset (l, l ). En Luc, ce sont les chapitres l et 2. En Jean, ce sont les 18 premiers versets. Allez vérifier.

Quel est le but du prologue dans les évangiles? Il s'agit pour les rédacteurs de présenter d'emblée l'identité et la mission de celui dont ils vont parler par la suite, afin qu'il n’y ait pas de méprise. Mais il faut remarquer que c'est à partir de la fin de l'histoire qu'ils écrivent le début. Chaque prologue est donc une profession de foi en Jésus mais dite à l’aide de genres littéraires différents. En Marc, la profession de foi a la forme d'un très bref credo; en Jean, elle revêt la forme d'un hymne; en Luc et Matthieu, la forme de récits de l'enfance.

Ces deux derniers évangélistes, pour dire la foi chrétienne, créent donc un récit inspiré de genres littéraires qu'on trouve dans la Bible et la littérature biblique (c'est en effet une habitude d'écrire après coup une enfance merveilleuse aux grands hommes d'Israël: Moïse, Samuel…) Comparons rapidement le prologue de Matthieu et celui de Luc. Ces deux récits de l’enfance de Jésus sont très différents. Leur comparaison montre à l'évidence que le but des auteurs n'est pas de faire un reportage historique. Il est en effet impossible de les faire coïncider. Chez Matthieu, la famille de Jésus est de Bethléem et monte s'établir à Nazareth pour s'y réfugier (après s'être repliée en Égypte durant la persécution d'Hérode).

Chez Luc, la famille de Jésus est de Nazareth et descend à Bethléem à l'occasion d’un recensement, puis, après la naissance de Jésus, revient à Nazareth sans passer par l'Égypte. D'autre part, les généalogies de Jésus sont tout à fait différentes. Aucun point commun sauf le lien avec Abraham et David.

La conclusion s'impose: ces récits sont des créations littéraires dont la vérité n'est pas de dire comment les choses se sont passées mais de proclamer le sens de l'événement Jésus pour les premières communautés chrétiennes. Comme les récits de la création dans le livre de la Genèse, chapitre I et 2.

Signification

Entrons maintenant dans le vif de ce récit symbolique et tâchons d'en découvrir le sens pour ceux qui l'ont écrit. On peut le diviser en deux parties. La première (la généalogie et l'annonce à Joseph) répond à la question: qui est Jésus?).

La seconde (la visite des mages, la fuite en Égypte, le massacre des innocents, le retour d'Égypte) répond à la question: quelle est la mission de Jésus et quel est l 'accueil qu'il recevra?)

La généalogie Chap. I, 1 à 17

Jésus est présenté comme le point d'aboutissement de toute l'histoire d'Israël, une histoire avec ses ombres et ses lumières, ses heures de gloire et de détresse. Mais il s'inscrit aussi dans l'histoire plus large de l’humanité charriant le meilleur et le pire (quatre étrangères sont ses ancêtres: Rahab, la cananéenne, Ruth la moabite, Bethsabée femme d'un officier hittite, Thamar, la syrienne. La première et les deux dernières de ces femmes ne sont pas par ailleurs des exemples de vertus !). Cette présentation annonce le Jésus qui vient accomplir et non abolir la loi juive mais qui par ailleurs se moque des enclos religieux en frayant avec les impurs et les païens ...

L’annonce à Joseph Chap. I, 18 à 25

Jésus bien ancré dans l'humanité est présenté comme une création de Dieu. Le récit est construit selon le genre littéraire bien connu des récits d'annonciation et de vocation que l'on trouve dans la Bible et la littérature biblique (annonciation de la naissance d'Isaac, de Samuel, récits de la vocation de Moïse, de Jérémie). On y trouve à chaque fois dans l'ordre les éléments suivants: une évocation de la situation des personnages qui est bloquée, puis la transmission par l'ange du Seigneur d'un message affirmant le dénouement de la situation bloquée et /ou donnant une mission, puis (après d'éventuelles objections de la part du destinataire) l’exécution de la mission.

Ici, l’ange du Seigneur dénoue la situation impossible dans laquelle se trouve Joseph et lui confie en même temps la charge de Jésus. Ce que dit l'ange à propos de l'identité de Jésus est exactement la foi des premières communautés chrétiennes: Jésus de Nazareth est une création de l'Esprit-Saint, le Sauveur du peuple, Emmanuel, "Dieu parmi les hommes". On le voit: ce court récit n'a pas pour but de donner des informations d'ordre biologique et gynécologique mais d'être une confession de foi chrétienne.

La visite des mages chap. II, 1 à 12

La structure du récit (construction en opposition) est inspirée par d'autres récits de la littérature biblique présentant après coup les grands hommes d’Israël : Moïse, Abraham.

D'un côté, des mages d'orient, c'est-à-dire des étrangers non-juifs se déplacent de très loin pour rendre hommage au roi des juifs, mais ils ignorent où le trouver et ils interrogent les juifs. De l'autre, le roi Hérode et tout Jérusalem avec lui sont troublés et se sentent paniqués et menacés par l'annonce du petit roi-messie.

D'un côté, les mages, apprenant par les juifs où est né le roi-messie, se remettent en route avec grande joie, trouvent l'enfant et lui offrent des présents. De l'autre, grand-prêtres et scribes qui donnent l'information ne se déplacent pas, pas plus qu'Hérode qui, de plus, conçoit de supprimer son "concurrent". Le dénouement : Hérode se fait "avoir" par les mages "divinement inspirés".

Les grandes oppositions à l'œuvre dans le texte sautent aux yeux :

  • d'un côté, on trouve les attitudes suivantes : être en recherche, en état d'ouverture, de disponibilité intérieure aux appels qui sollicitent de l'intérieur et se mettre en marche sans savoir jusqu'où ce chemin conduira tout en étant animé d'une grande joie intime; trouver ce qu'on cherchait obscurément et poursuivre son chemin par des voies nouvelles.
  • de l'autre, être installé dans son pouvoir et n'avoir de cesse de le conserver y compris en supprimant tout ce qui s'y oppose. Être installé dans ses certitudes et son savoir sans accepter de se remettre en cause et d'élargir ses horizons.

 

On le voit: d'emblée, toute l'aventure de Jésus à venir est résumée ici d'une manière dramatique: lui, le messie (thème de l'étoile) ne sera pas reconnu par son peuple, mais rejeté et même supprimé tandis que ce sont les non-juifs qui l'accueillent.

Simultanément, est mise en relief dès le début de l'évangile la grande invitation de Jésus à se mettre en route ainsi que le drame que représente la fermeture du cœur et la suffisance bétonnée!

La fuite en Égypte Chap. II, 13 à 15

On retrouve ici encore la structure d'un récit d'annonciation. La situation bloquée, c'est la menace qui pèse sur Jésus de la part d'Hérode; l'ange du Seigneur intime à Joseph de fuir en Égypte. Quel est le message de ce récit ?

D'une part, on peut dire qu’il y a ici une allusion à la mort et à la résurrection de Jésus. Malgré la persécution, le persécuteur n'aura pas le dernier mot.

D’autre part, Jésus montant et revenant d'Égypte accomplit le même itinéraire que son peuple. Lui, le nouveau Moïse, échappe comme autrefois son peuple, au tyran et aux forces de mort.

Le massacre des innocents Chap. II, 16 à 18

Ici, on annonce la dimension tragique de l'Histoire où éclate la fureur meurtrière de ceux qui s'opposent au message et à la pratique de Jésus. Le visage de Jésus, signe de contradiction (qu'on retrouvera à chaque page de Matthieu) est ici en filigrane. La voie évangélique est un chemin où il faut s'attendre à la persécution. Le disciple n'est pas au-dessus du maître.

Le retour en Égypte et l'établissement en Galilée Chap. II, 19 à 23

Il faut souligner ici la signification symbolique de la Galilée.

En Matthieu, le ministère de Jésus commence en Galilée (appelée la Galilée des nations en Mt 4,13-17) et s'achève dans cette même Galilée (où a lieu l'envoi aux nations: Mt 28,16-20). Chez Luc, tout se termine à Jérusalem. Dans l'un et l'autre cas, ces notations topographiques ont un sens symbolique. Lequel chez Matthieu?

Chez lui, la Galilée, c'est la terre des frontières, bordée par les nations païennes, en contact direct avec le monde non-juif, une terre d'ailleurs soupçonnée par les gens de Jérusalem d'un judaïsme peu orthodoxe, "pas très catholique". Cette "Galilée des nations" symbolise le monde considéré par les juifs comme loin de Dieu, plongé dans la nuit de l'inconnaissance de son créateur; mais c'est aussi une terre d'espérance: le prophète Isaïe a annoncé naguère qu’à la fin des temps c'est là que Dieu se manifesterait aux païens (Is.8,23).

Qu'en Matthieu Jésus commence et achève son ministère dans la "Galilée des nations", cette construction est pleine de sens. D'entrée de jeu, Jésus est présenté comme lumière pour ceux qui sont au pays de la nuit, pour ceux qui sont en marge, sur "la touche", les impurs et les exclus. A la fin, que le Ressuscité se manifeste en Galilée, c'est pour dire que la Bonne Nouvelle de Jésus n'est pas confinée dans les clôtures de la stricte observance juive, qu'elle est offerte à tous sans préalable et sans distinction, qu'elle est prête à franchir les frontières, prête à émigrer vers n'importe quelle terre.

En écrivant pour des chrétiens majoritairement d'origine juive, les rédacteurs de Matthieu soulignent qu'en Jésus, Dieu n'est plus assigné à résidence; il s'offre à tous sans discrimination. Le thème "Galilée" chez Matthieu exprime donc l'universalisme du message de Jésus, qui rompt avec le particularisme juif (dont Jérusalem est le cœur).

Conclusion

Grâce à ces clés de lecture, il apparaît clairement que les récits de l'enfance de Jésus en Matthieu servent de prologue à tout l'évangile. C'est comme un immense panneau indicateur où l'on peut lire qui est ce Jésus qu'on va voir parler et agir tout au long du texte. Ce Jésus de Nazareth est le visage de Dieu parmi les hommes; sa mission de sauveur s'adresse à tout l'homme et tous les hommes; s'il s'enracine dans le judaïsme, il ne connaît pas de frontières; persécuté et exécuté, il ne sera pas englouti par les forces de mort; son message est toujours vivant et fait vivre. A ses disciples ne seront pas épargnées les épreuves mais leur fidélité est un chemin de Vie.

Les deux chapitres suivants, comme nous le verrons, sont un second prologue de l'évangile enrichissant le premier, et donnant avec lui une coloration générale à tout le reste de l'évangile.

La semaine prochaine : Un commentaire de J.Musset sur la généalogie.
Vous pouvez obtenir ce livre à l’adresse : jma.musset@orange.fr

Jacques Musset

Published by Libre pensée chrétienne