Miracles ou résurrections | |
Christiane van den Meersschaut |
Les petits enfants sont avides d'histoires merveilleuses où plane le mystère. Ils nous demandent ainsi de leur raconter : "Jésus qui fait des miracles". Cela augmente "leur" foi en Jésus, leur foi dans le surnaturel. Nous constatons très vite, qu'en grandissant, des réactions différentes vont apparaître. Une petite partie d'entre eux se contenteront de ces belles histoires merveilleuses. Certains ne prieront toute leur vie que dans l'espoir d'être les heureux bénéficiaires d'un miracle, tandis que d'autres, découragés parce que le miracle ne se produit pas, en perdront "leur" foi. D'autres encore, un beau jour, ne trouvant pas de réponses à leurs questions, estimeront ces histoires inacceptables et affirmeront que tout ça n'existe pas! Enfin, les derniers vont faire un chemin personnel de recherche et par-delà les méandres de l'approfondissement, vont se voir dessiner tout un chemin de lumière. Ils deviendront adultes dans la foi. Ce travail de recherche personnel prend beaucoup de temps, demande beaucoup de volonté et de persévérance. Cela n'est pas possible pour tout le monde ! Il me semble donc, qu'il faut utiliser un autre langage, et une autre façon d'enseigner. Je suis souvent ahurie lors de rencontres, suite à une homélie avec tel ou tel prêtre, d'entendre celui-ci posséder telle ou telle clé de lecture d'un texte biblique, alors qu'il vient d'en discourir d'une façon littérale et fondamentaliste pendant 15 minutes. A ma demande de savoir pourquoi il n'a pas présenté le texte à la lumière de ses connaissances actuelles, la réponse est invariablement : "J'ai peur de choquer les gens. Les gens ne sont pas prêts à entendre cela." Personnellement, je crois que si nos églises se vident, c'est parce que le langage utilisé n'est plus crédible, est souvent vide de sens, n'est pas adapté à nos interrogations, n'est plus nourriture, Bonne Nouvelle ! Prenons les textes des miracles. Quelles merveilleuses histoires ! Bien sûr, elles satisfont les petits enfants, mais en grandissant dans la foi, beaucoup se demandent en quoi ce texte est porteur d'une Bonne Nouvelle pour eux aujourd'hui ? Pourquoi, malgré leur foi et leurs prières, il ne leur est pas répondu par le miracle qu'ils attendent ? Si déjà, dès l'âge de 9, 10 ans, nous pouvions présenter les miracles, non pas en donnant l'importance au prodige lui-même, mais bien en répondant à la question : "Qu'est-ce que cette histoire de Jésus veut me dire à moi aujourd'hui ?" Parce que si ces textes tiennent la route à travers les millénaires, c'est qu'il y a une Bonne Nouvelle de Jésus à y découvrir. Alors, cherchons les clés pour décoder ces récits. Les ayant découvertes, plus personne ne pourra être déçu ou se sentir roulé. Certains toutefois, en toute liberté pourront dire : ce message ne m'intéresse pas, c'est trop dur pour moi, c'est tout à fait fou... et s'en aller. Mais ce sera sans rancoeur et avec une attitude de tolérance vis-à-vis de ceux qui y croient, de ceux qui en vivent, plutôt qu'une attitude de mépris. Dans les récits des miracles, nous constatons l'indépendance, l'autonomie, la liberté laissée aux hommes par Jésus. La plupart du temps, Il se fait "arracher ses miracles". Jamais, Il ne se comporte comme un magicien ou un dictateur. Ces textes, à travers leurs petites histoires, nous disent : si tu fais confiance à Jésus, si tu crois en Lui, tu peux te RE-NOUVELER, tu peux RE-SUSCITER. C'est cela qui est porteur de vie, peu importe comment l'histoire s'est réellement passée ! Je me propose de partager avec vous la façon dont j'ai décodé le récit du miracle de la pêche dite miraculeuse en Luc 5,1-11 avec des élèves de primaire, afin que ces miracles deviennent nourriture pour aujourd'hui. Suite à l'étude attentive du texte, nous arrivons à la synthèse suivante.
Mais Jésus dit :
Mais pour prendre des hommes :
Demande-toi alors comment engager une nouvelle fois l'aventure ? Pour cela :
Ensemble, nous cherchons alors qui se noie dans notre classe, notre famille, nos amis, notre entourage. C'est ainsi que nous découvrons qu'à tour de rôle, nous pouvons vivre de la Parole et être des pêcheurs d'hommes, mais aussi les noyés ayant besoin de faire confiance à la Parole. Il m'arrive ainsi fréquemment de témoigner de mon vécu d'enseignante. Comme professeurs, il nous arrive bien souvent d'être là, assis, à laver nos filets, parce qu'un élève nous pose une difficulté par rapport à l'ensemble de la classe, ou par rapport à nous-mêmes. Qu'alors, il nous arrive de tout critiquer, eux, leurs parents, les collègues. Nous avons envie de changer de métier, de tout abandonner ! C'est parce que nous sommes découragés. Nous croyons avoir bien préparé nos cours, tout fait pour avoir un bon contact, une bonne ambiance et nous n'obtenons pas le résultat attendu. Jésus nous dit alors "avancez en eau profonde ", avancez vers le large. Continuez votre travail, malgré votre "ras le bol", allez chercher plus loin en profondeur. Vos élèves valent tous quelque chose, cherchez ce qui est caché en eux, prenez la peine de relire encore une fois leur dossier, de reprendre le dialogue avec leurs autres professeurs, la psychologue, de rencontrer une nouvelle fois les parents. Ensuite, tout redevient possible : l'élève se sent accepté tel qu'il est, l'ambiance de la classe est meilleure, le groupe est plus détendu, plus heureux, car ensemble nous RE VIVONS en relation d'amour. Quelle résurrection ! Quelle pêche miraculeuse ! Les élèves ensuite s'expriment à leur tour et partagent, à leur grand étonnement, des pêches miraculeuses où parfois ils étaient pêcheurs d'hommes, où parfois ils étaient les noyés. Nous nous questionnons alors :
Mais nous remarquons aussi :
si l'homme veut "allez en eau profonde " "monta dans la barque" "jetez vos filets" Il regarde assis
Dès la troisième primaire, nous étudions ainsi les récits des miracles, et nous découvrons qu'ils sont des récits de résurrection pour l'homme. Les enfants qui ont reçu un récit merveilleux, leur apprenant qui est Jésus, dans leur petite enfance, découvrent alors toute la richesse porteuse de vie de ces récits. Ils apprennent aussi qu'il y a d'autres clés de lecture possibles pour un même texte et qu'ils pourront les découvrir tout au long de leur vie. J'espère ainsi les passionner à devenir des chercheurs de Dieu, plutôt que de les "enfermer" dans un récit historique qui est "la vérité", "un mystère". Les enfants rentrent très bien dans cette démarche. Et librement en toute autonomie, ils choisissent de vivre cela ou non. "N'ayons pas peur", Jésus n'a jamais obligé quelqu'un à Le suivre. | ||||||||||||||||
Christiane van den Meersschaut | ||||||||||||||||
Bibliographie
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