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30 décembre 2017 6 30 /12 /décembre /2017 09:01
bateau lpcGérer le temps
Soeur Simone

Le soleil descend sur une année et se lève sur une autre, une nouvelle année...

Il descendra sur un siècle et se lèvera sur un millénaire, le troisième de notre ère chrétienne. Peut-on arrêter la course de l'astre ? Ce serait la catastrophe. Ainsi l'histoire du temps. Peut-on lui courir après pour l'arrêter ? Ce serait insensé, parce qu'impossible.

L'écoulement ininterrompu du temps, notre incapacité de lui dresser une barrière, suscite en nous la question de la gestion de notre temps. Elle surgit aussi bien en dehors de nous qu'en nous-mêmes. Ainsi, elle se pose avec acuité dans l'enseignement fondamental où le surcroît de travail, faute d'encadrement, risque de noyer directions et enseignants.

Un dossier vient d'être consacré à la gestion du temps (1). J'en tire une partie de l'essentiel. Dans l'introduction, Béatrice Duchesne nous parle d'un "mal du temps" qui engendre le stress et d'un "mal-vécu" individuel.

"C'est ainsi qu'on se laisse régulièrement piéger par des délais, enfermer dans la routine du travail de chaque jour, alors qu'il faudrait prendre de la distance et garder en permanence une vision générale de la route du temps, afin d'adapter vitesse, position et direction."

"Si nous voulons gérer notre temps, nous devons nous organiser pour être efficace.

Cela nous fait gagner du temps. Si nous voulons maîtriser le temps, nous devons avoir la paix intérieure. Ces deux disciplines sont complémentaires et indissociables." (2)

De temps à autre, il est bon de réviser nos habitudes et d'oser nous donner du temps pour entrevoir nos priorités et pour faire l'inventaire de nos ressources, tout en réfléchissant aux nouvelles manières organisationnelles. De l'organisation de notre temps dépend la satisfaction que l'on en retire.

Christine Meinhardt et Christiane Schmelzer affirment qu'il faut vivre à son rythme, qu'il ne faut pas se laisser prendre par cette frénésie à vouloir remplir sa vie, qu'il faut prendre rendez-vous avec soi-même.

Modifier nos habitudes, ne plus subir les imprévus, mais les vivre et les traverser, nous donne l'occasion d'entrer en relation, en contact, matériellement et spirituellement, avec tout notre être. Ainsi, nous pouvons aussi établir une relation vraie avec ce qui nous entoure : la nature, nos proches, nos amis. Devenir conscients de notre unicité et de notre diversité dans le temps est révélateur de notre réalité essentielle.

L'homme moderne cherche à être de plus en plus rapide, de plus en plus performant; c'est comme si le temps s'était accéléré. Paradoxalement, le temps est devenu une denrée rare. Nous voyons que beaucoup dépensent une énergie considérable pour permettre à l'homme de gagner du temps. Etant immatériel et impalpable, il est cependant devenu une marchandise qui se vend et s'achète.

Nous devrions nous demander comment cela se fait que nous courions sans cesse après le temps avec la sourde impression de ne pas vivre notre vie. Sommes-nous de ceux qui nourrissent leur désir de tout maîtriser, qui tentent de soumettre le temps pour échapper à son emprise, tout en luttant contre le sentiment d'impuissance, inhérent à toute condition humaine ?

Sommes-nous de ceux qui remplissent leur emploi du temps, qui s'agitent pour ne pas perdre une seconde et qui se plaignent sans cesse de ne pas avoir le temps ?

Dans l'affirmative, nous devrions nous avouer que nous sommes malades de notre temps.

Accepter des vides nous empêche de nous plaindre des trop-pleins. Bourrer notre vie de distractions et de travail, faire sans cesse des projets pour le futur, nous projette dans le passé ou dans l'avenir, jamais dans le présent. Cela nous donne l'impression de vivre une vie remplie, sans vide, sans retour sur soi.

Nous parlons, nous rythmons notre existence en terme de temps : le siècle, l’année, le jour, l'heure, la minute sont pour nous des repères, des rendez-vous avec nous- mêmes, avec les autres.

En suivant les rythmes qui marquent les différents moments de notre vie, comme les saisons qui nous influencent, nous sommes associés, accordés. Nous éprouvons la sensation de la vie en nous et nous cessons de passer notre temps à survivre.

Et pour terminer, une parole de Khalil Gibran dans " Le Prophète" :

  • "Pourtant, l'intemporel en vous est conscient de l'intemporalité de la vie,
  • Et sait qu'aujourd'hui n'est que le souvenir d'hier et demain, le rêve d'aujourd'hui.
  • Et que ce qui chante et contemple en vous est encore fixé dans les limites de ce premier instant qui sema les étoiles dans l'espace.
  • Qui parmi vous ne sent que son pouvoir d'aimer est illimité ?"

 

Sœur Simone - LPC janvier 1999

(1) Fédération de l'Enseignement Fo ndamental - novembre 1998 (retour)
(2) "Avec le temps" - SADOUM Mélissa - 1998 (retour)
Published by Libre pensée chrétienne