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23 juin 2018 6 23 /06 /juin /2018 08:00
Christiane van den MeersschautArrache-toi à tes servitudes et je te ferai vivre (Deut.5,6)
Christiane van den Meersschaut

"Demandez à n’importe qui ce qui est plus important pour lui : "gagner de l'argent ou s'occuper de sa famille ?, et pratiquement tout le monde répondra sans hésiter: ma famille. Mais observez comment les gens vivent réellement leur vie. Voyez où ils investissent réellement leur temps et leurs énergies, et il leur faudra admettre qu'ils ne vivent pas réellement en fonction de ce qu'ils disent penser. Ils se sont laissés persuader que s'ils partent au travail plus tôt le matin et reviennent à la maison plus fatigués le soir, ils montrent le degré de leur dévouement envers les leurs puisqu'ils se dépensent pour leur procurer tout ce que leur annonce la publicité.

Demandez à n'importe qui ce qui compte le plus : l'approbation d'étrangers ou l'affection de ses proches ? L a majorité des gens ne comprendront même pas pourquoi vous leur posez une telle question. De toute évidence, rien n'importe plus que la famille et les amis les plus intimes.

Et pourtant, combien d'entre nous n’ont-ils pas mis leurs enfants mal à l'aise ou réprimé leur spontanéité, par peur de ce que pourraient penser les voisins ou les étrangers? Combien de fois n'avons- nous pas déversé notre colère sur nos proches parce que nous avons vécu une journée difficile au travail ou parce qu'un tiers a fait quelque chose qui nous a fâchés ? Et combien ne se sont-ils pas laissé aller à devenir impatients avec leur famille parce qu'ils suivaient un régime pour paraitre plus séduisants à des gens qui ne les connaissent pas assez pour voir par-delà les apparences ?

Demandez à n’importe qui ce qu'il attend de la vie, et il répondra sans doute : "Je veux juste être heureux." Et je le crois. Je crois que la plupart des gens v eulent être heureux. Je crois qu'ils travaillent dur pour le devenir. Ils achètent des livres, suivent des cours, changent de style de vie, et s'efforcent continuellement de trouver cet état d'âme insaisissable : le bonheur. Mais en dépit de tout cela, je soupçonne que la plupart des gens, la plupart du temps, ne se sentent pas heureux"

Aujourd'hui, nous sommes assaillis par la publicité et nous croulons sous les informations qui nous disent ce qui nous manque pour être heureux.

Imperceptiblement, nous devenons des êtres dépendants, des esclaves de ce qui semble nous manquer pour vivre le bonheur. Nous adorons des idoles : l'argent, le matérialisme... sans nous apercevoir que derrière elles se cache un système économique qui ne met en avant que le profit et le pouvoir.

Ce système veut maintenant régir le travail de l'homme en 4 jours de 9 heures, afin de lui faire croire qu'il sera plus heureux en ayant 3 jours de congé où il pourra faire ce qu'il veut ! Comment imaginer qu’une maman, qu'un papa, après 9 heures de travail, plus le temps des trajets au milieu d’une circulation stressante et les tâches ménagères, puisse valablement s'occuper de ses enfants chaque soir? Comment avoir une vie familiale équilibrée au milieu de ce brouhaha journalier? Le tourbillon de cette vie les fait réagir aux événements de façon mécanique plutôt qu'harmonieuse.

L’école sans cesse se remet en question, parce qu'il y a "trop d'échecs!" Et, à chaque fois, on rénove les programmes et les structures. Quelques temps après, on abandonne les réformes, faute de résultats probants, pour mettre en place de nouvelles structures. L'école va, aujourd'hui, dans le sens d'une éducation différenciée, individualisée, alors que le systéme économique veut que seuls ceux qui rentreront dans "certains moules" trouveront du travail.

N'est-il pas temps de remettre l'être humain au centre des préoccupations politiques? N'est-ce pas la société qui doit changer afin de permettre à l'homme, à l'enfant, de vivre "en harmonie" son si bref passage sur la terre ?

Au début du siècle, Carl JUNG écrivait : "Près d'un tiers de mes patients ne souffrent d'aucune névrose cliniquement définissable, mais d'un manque de signification et de la vacuité de leur vie. Cela peut se décrire comme la névrose de notre temps." Il nous faut bien admettre que 75 ans plus tard, cela reste d'actualité. Remplir notre vie d'activités trépidantes et de tâches nombreuses nous empêche de regarder en nous-mêmes et de faire le point.

Et pourtant, nos ancêtres dans la Foi, nous ont donné le moyen de rompre complètement avec notre stress quotidien. Pour cela, ils instituèrent le sabbat (en hébreu: CESSER).Ils nous disent que Dieu a créé le monde en six jours et que le septième Il a cessé de travailler. "Cesser" ce n'est pas seulement se reposer: c'est un arrêt. L’ homme doit dire "assez", comme Dieu a dit "assez" en mettant un terme au déploiement de sa puissance de création, Bien sûr, l'homme doit produire et travaillerj mais il doit "cesser" pour réfléchir au produit de son travail. Si l'homme ne s'arrête pas, il perd la maîtrise de son travail, de sa production. L'arrêt lui permet d'avancer mieux. Si l'homme n'éclaire pas sa production, sa recherche par une éthique, une morale, alors il se perd dans l'esclavage. Il est pourtant capital de jouir pleinement de chaque instant car hier est fini et demain n'est pas encore arrivé.

Si Dieu, le septième jour, peut se maîtriser pour donner de l'espace à l'autre, le sabbat veut permettre à l'homme de passer à une autre dimension dans la vie. Toute la semaine, il court.

Le sabbat est là pour lui permettre de se maîtriser lui-même, pour ne pas le remettre en servitude. Ce jour-là, il peut se libérer de ses habitudes, de ses soucis quotidiens pour se replonger dans une autre vie, celle du repos, de la méditation, de la réflexion et d'une vie familiale harmonieuse. Le sabbat devient ainsi un jour de fécondité en ayant une relation juste et vraie avec sa famille, avec les autres.

Nous entrons en période de vacances. Pourrons-nous en faire un temps de sabbat prolongé? Pourrons-nous rompre avec nos esclavages pour nous libérer? Trouverons-nous la sagesse de ne pas sacrifier ce temps de liberté, notre famille, notre santé à la course "du paraître"?

Prendrons-nous le temps de savourer la vie ? Goûterons-nous au bonheur d'être heureux avec ceux que nous aimons? Réaliserons-nous qu'à ce moment de notre vie, il est plus sensé d'apprécier le présent que de se tracasser pour l'avenir ?

L'Ecclésiaste, ce livre de Sagesse nous dit : "Va donc, mange ton pain avec plaisir et bois ton vin d'un cœur joyeux". (9,7)

C'est ce que je nous souhaite à tous. Bonnes vacances!

Christiane van den Meersschaut - LPC-1998

Bibliographie

  • "Le désir infini de trouver un sens â la vie" - Harold S. KUSHNER
  • "L'homme à la découverte de son âme" - Carl JUNG
  • "Les Fêtes juives" - A. GUIGUI
Published by Libre pensée chrétienne - dans Ancien Testament Fêtes liturgiques Sagesse