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1 avril 2014 2 01 /04 /avril /2014 15:22
Mary Evely Comment avec l'aide de Louis Evely, aller vers une vieillesse qui ait du sens ? (1)
Mary Evely
LPC n° 25 / 2014

Nous avons reçu de Louis un enseignement qui nous éclaire et nous aide à vivre en conformité avec le meilleur de nous-mêmes. Et comme nous avançons en âge, nous allons lui poser cette question :

Comment évacuer ce qui est mort dans ma vie, pour choisir consciemment ce que je souhaite vivre autrement au-delà de la mort ?

Afin d'apporter une juste réponse à cette question capitale, ne faudrait-il pas déjà se demander :

  • C'est quoi, pour moi, la vie ?

Et parfois, plus difficile encore :

  • Suis-je heureux de vivre ma vie ?
  • Est-ce que je crois qu'il y a en moi une "Présence" qui m'inspire et me guide ?

A la fin de son parcours, Louis avait écrit : "La vie est le vrai chemin de Dieu" Mais chacun sait que ce chemin passe immanquablement un jour par la porte étroite de la mort. Etait-il donc utopique quand, étant lui-même si proche de la sienne, il affirmait avec véhémence : "Je veux mourir vivant !" ?

Je crois plutôt qu'avec cette logique qui était la sienne et que j'appréciais tant, il exprimait là clairement le choix qu'il avait fait lui-même, grâce à la foi profonde qui l'habitait. Et si l'on souhaite comme lui mourir vivant, comment envisageons-nous notre mort ?

Avec conviction, il nous disait : "C'est dès à présent qu'il te faut ressusciter ou jamais, car il n'y a pas de vie future, il n'y a qu'une vie éternelle dont chacun a déjà pu faire l'expérience dans des moments de grâce qui sont comme des fenêtres sur l'infini." Car ne nous faisons pas d'illusion : "Notre mort ressemblera à ce que nous aurons fait de notre vie." Donc, "L'homme qui avance en âge doit, de gré ou de force, faire un choix."

Mais voilà, faire un choix suppose que l'on sache quels enjeux nous sont proposés ! Nous pouvons refuser d'envisager l'ultime échéance en nous enfermant bien au chaud dans le matériel et l'immédiat. Bien sûr, si nous croyons que la mort nous anéantira totalement, mieux vaut vivre le plus agréablement possible le présent, sans se soucier d'un avenir hypothétique !

Mais il y a une autre façon de vivre notre présent, c'est de faire cet invraisemblable pari de croire que je vais poursuivre ma route après l'abandon de mon corps. Et quand je dis invraisemblable pari, c'est que personne n'est jamais revenu pour nous en parler.

Et Jésus, me direz-vous, n'est-il pas ressuscité ? Je vous répondrais que comme je n'y ai pas assisté, je ne peux me fier qu'à de lointains témoins. Par contre, ce qui me convainc, c'est que, pour moi, Jésus reste toujours vivant par son message qui peut se résumer ainsi : "Aimez-vous les uns les autres et pardonnez-vous les uns les autres." Ceci ne résume-t-il pas le seul moyen de susciter l'harmonie, la paix et le bonheur entre les humains ? Et cette résurrection-là, je puis l'expérimenter chaque jour en tentant, au jour le jour, de pratiquer cet enseignement.

Et pour décider de notre choix de vie, donc de survie, je suis une fois encore d'accord avec Louis quand il demande : "Avez-vous déjà vécu des moments assez heureux pour souhaiter en vivre toujours ? De ces moments d'éternité, pour lesquels on serait prêt à mourir tout de suite, afin de vivre à jamais ?"

N'avons-nous pas, tous, enfouies au plus profond de nous, quelques rares et merveilleuses traces de ces instants ? Ils sont, bien souvent, survenus sans que nous nous y attendions ; que ce soit devant certains paysages, en entendant une musique qui nous transporte, ou encore en entendant une voix qui nous semble angélique, Mais sans doute, plus intensément encore, dans la profonde connivence d'un regard échangé avec un enfant ou avec l'être aimé. Alors, brusquement, on se sent rapatrié, enfin à notre juste place. Oui, on sait alors que si l'on pouvait vivre éternellement de ces instants, et retrouver le lieu où ils nous ont transportés, l'on serait prêt à mourir tout de suite.

Louis nous rappelle donc indéfiniment qu'en avançant en âge, l'homme est sommé de faire un choix car, de gré ou de force, la vie le ramènera impitoyablement au cœur de cette problématique. Et il nous faudra bien accepter de la résoudre, non pas en grognant ni en insultant le ciel, mais finalement avec une confiance sereine, qui nous rendra tout simplement capables de goûter pleinement ce que la vie a encore à nous donner… et d'en être heureux.

Oui, c'est bien à partir de nos expériences de vie que se joueront nos choix d'éternité. Et Louis insiste encore, en nous disant qu'il est plus que temps de nous mettre à l'ouvrage en sachant que…

  • "Ne mourra de nous que ce que nous n'aurons pas su garder vivant." Et que…,
  • "Nous vivrons à jamais de ce que nous avons commencé à vivre dès à présent."

C'est tout le bonheur que je vous souhaite !

Pour résumer et poursuivre notre recherche avec Louis, je pense qu'il nous demanderait de réfléchir à ces questions essentielles :

  • Quelle est la relation que j'entretiens avec ma vie ?
  • Quelle est la relation que j'entretiens avec mon corps ? Suis-je capable de le respecter et de l'écouter, d'une telle façon que je perçoive en moi une Présence qui m'invite de mille façons à évoluer, à me dépasser, et de ce fait, à faire évoluer le monde ?
  • Quels sont les "instants d'éternité", ces "fenêtres sur l'infini" que j'ai vécus, qui me permettent de choisir et d'espérer pouvoir en vivre toujours ?
  • Puis-je dire : je goûte la vie, j'aime ma vie, je suis la vie ?
  • Toutes ces expériences me permettent-elles de croire que "Quelque chose" en nous nous invite sans cesse à nous dépasser ?

Pour ma part, je crois que ce quelque chose est ce que j'appelle Dieu. Ce Dieu que Louis disait avoir connu en creux, par la faim qu'il avait de Lui. Qu'il nous aide à trouver cet appétit !

Mary Evely

(1) Transmission d'un échange (session d'août 2012) au centre d'accueil de L'Aube fondé par Louis Évely et sa femme Mary en 1982. (retour)

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