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1 janvier 2012 7 01 /01 /janvier /2012 14:59
bateau lpc Mt 21, 28-32. - La parabole des deux fils.
Rapporteur : Christiane Van den Meersschaut
LPC n° 16 / 2011

Mt 21,28-32 - La parabole des deux fils

Nous nous rappelons que Matthieu écrit pour les juifs de la jeune église qui sont devenus chrétiens. Il réconforte ainsi sa communauté persécutée par les scribes et les pharisiens. Il propose une conception de vie chrétienne qui ne détruit pas la Loi mais qui la surpasse. Il ne s'agit plus de paraître irréprochable en étant en ordre avec une religion formaliste, celle qui donne toute la valeur à l'obéissance et à la pratique des rites, des règles, des offrandes, des prières, afin d'être "cascher", d'être bien vu, d'être sauvé. Pour l'auteur, la supériorité de l'enseignement de Jésus c'est qu'il met l'accent sur ce qui est intérieur à l'homme, les intentions de son cœur. Il ne s'agit plus de dire mais de faire. Il ne s'agit plus de chercher quel est le minimum des exigences à accepter pour être "en ordre" avec Dieu, mais il s'agit de "voir" et "d'entendre" les appels des hommes pour travailler à sa vigne, pour construire le Royaume.

  • Pour moi, c'est un texte provocateur, Jésus parle ici comme un prophète qui bouscule les foules par son discours. Le premier fils représente notre humanité, c'est notre côté soleil, c'est se convertir librement, c'est un oui réfléchi et efficace. Le second fils, c'est notre côté ombre, c'est avoir un ego surdimensionné, c'est notre côté orgueil et hypocrisie. C'est ne pas oser dire non par crainte de Dieu. La crainte c'est le contraire de l'amour !
  • Jésus parle à une assemblée de gens qui sont dans leur bon droit et leur reproche de n'avoir pas été comme les prostituées. Je ne vois pas le rapport avec les deux fils.
  • Comme dans d'autres récits de Jésus, nous pouvons être à chaque fois tous les personnages. Ce texte me renvoie à St Paul qui dit "Je fais le mal que je ne voudrais pas faire et je ne fais pas le bien que je voudrais faire".
  • Je me retrouve un peu entre les deux pôles suivants : d'une part, la facilité, l'instinct grégaire qui fait qu'on se laisse dominer par la Loi, d'autre part, l'aventure personnelle, le risque, le don, l'effort.
  • Ce texte met en scène quelque chose d'essentiel dans l'être humain. Dans la Genèse l'homme est créé à l'image de Dieu. On pourrait dire en vue d'être à l'image, à la ressemblance de Dieu. L'être humain est fait pour devenir un mieux et, dans cette évolution, il y a les freins : On n'y va pas et parfois on y va.
  • Ce texte ne me parle pas, c'est trop extrême : oui contre non. J'admire le oui des chrétiens en Syrie et dans d'autres pays où les chrétiens sont persécutés.
  • Beaucoup d'hypocrites dans l'Église se cachent derrière la façade d'honorabilité que constitue la pratique des rites : ils se donnent en exemple en public, mais que font-ils dans la sphère privée ?
    Ne pas oser dire non, c'est rester un gamin, c'est une forme d'immaturité. Celui qui ose dire : "Je suis prêtre et j'aime quelqu'un" a une longueur d'avance morale.
  • Dire non est un acte de liberté, le fils rompt sa relation avec son père pour créer quelque chose qu'il a choisi librement, il peut alors dire oui. Il n'est plus dans l'obéissance ou la soumission. Il naît à une relation nouvelle avec son père. C'est une image biblique récurrente : dès la Genèse, Abraham doit rompre avec son père et quitter son pays. Il nous faut prendre des distances avec ce que l'on nous avait dit pour choisir librement. Voir ce que nous garderons par choix réfléchi plutôt que par répétition automatique.
  • La liberté, c'est toujours un choix à faire. Ce choix peut être très difficile.
  • Nous devons nous reconvertir continuellement, c'est un recommencement quotidien pour travailler au Royaume, on n'est pas converti une fois pour toutes. Le Royaume, c'est bien ici que nous y arriverons.
  • Ce texte m'interpelle sur le plan profane et religieux. Du point de vue profane, il s'agit d'être fidèle à son engagement. "Que ton oui soit oui" Le oui qui est oui c'est un rapport à l'altérité. C'est important à transmettre dans l'éducation des enfants. Du point de vue religieux, quelle déception de voir que le prêtre de 80 ans qui a fêté son jubilé par une célébration œcuménique avec la communauté protestante de son quartier a maintenant des ennuis avec Mgr Léonard, sa hiérarchie. Faut-il construire le Royaume dans le partage ou au contraire selon la doctrine ? Mais il y a aussi des prêtres autrichiens qui osent se révolter, ils ouvrent l'Église aux "prostituées" : les gens divorcés.
  • Ce qui m'émerveille encore une fois, c'est la liberté que Jésus ose prendre avec l'autorité religieuse. Il ose critiquer en pleine face des spécialistes religieux, dans le Temple même de Jérusalem. On croit rêver ! On mesure la stupeur de l'auditoire. Imaginons cela aujourd'hui !
    Jésus dénonce ici l'hypocrisie pour faire l'éloge de la sincérité, des cœurs purs. Il donne la première place à ceux qui se présentent à lui tels qu'ils sont, avec leurs fragilités et malgré leurs manquements aux rituels religieux.
  • Ce qui compte, c'est la solidarité, la justice, le partage. L'évangile nous présente quelqu'un de formidable, Jésus, quelqu'un comme nous, mais qui mettait l'autre sur un piédestal. Et la question est : Comment parvenir à faire comme lui pour servir l'autre ?
  • À notre époque, qui sont les "prostituées" et les "collecteurs d'impôts?" Ce sont les exclus. Ce sont les jeunes sans repères. Est-ce que ceux qui n'ont pas de place dans la société n'ont pas quelque chose à nous dire ?
  • Il faut cesser de mettre des étiquettes. Il faut faire sauter les barrières et les préjugés. L'important c'est de voir ce que l'autre a construit pour rendre le monde plus humain.
  • La règle d'or c'est "Ne fais pas à autrui ce que tu ne voudrais pas qu'on te fasse". La déclaration des droits de l'homme n'est malheureusement pas encore adoptée par tous les pays.

Rapporteur : Christiane Van den Meersschaut

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